Derrick Morgan

Derrick Morgan

Nationalité : Jamaïquain
Suite de notre entretien fleuve avec la légende du early reggae !
Avec ses 250 titres, ses 150 duos et ses nombreuses productions, Derrick Morgan reste l’une des plus grandes figures de la musique jamaïcaine et plus précisément du ska et du early reggae. Derrick Morgan a vu le jour en mars 1940 en Jamaïque. Très tôt, à l’âge de 17 ans, il s’illustre lors d’un show : le John Vere’s ‘Opportunity Hour’. Alors qu’il était en compétition avec Eric Monty Morris, Hortense Ellis, Owen Gray, Jackie edwards,…, il termine premier en reprenant Long Tall Sally et Jenny Jenny de Little Richard. Il est remarqué par deux comédiens célèbres dans l’île : Bim et Bam. Ils l’embauchent pour tourner avec eux. Pendant cette période il enregistre aussi deux titres pour duke Reid : Lover Boy et Oh my. Ses titres sont surtout diffusés en sound system et sur Fusion Radio pendant l’émission consacrée au Duke : "Treasure Isle Time". Déçu de ne passer qu’en sound system et de ne pas sortir dans le commerce, il enregistre le célèbre Fat Man en 1960 pour Simeon ‘Little wonder’ Smith (label HighLight). C’est le premier titre jamaïcain à avoir été sorti en Angleterre (sur Blue Beat, sous label de Melodisc). Il collabore un temps avec ce producteur (notamment pour Now we know ou I pray for you) mais Duke Reid lui fait comprendre, aidé par ses hommes de main, que quand on travaille avec Duke Reid on ne travaille avec personne d’autre. Pour lui, il enregistre notamment Feel so fine et la plupart de ces duos avec Patsy Todd. Il travaille aussi avec son ami Prince Buster: Shake a leg, Walking along et Weep no more. En 1962, il rencontre le producteur Sino-Jamaïcain Leslie Kong (propriétaire du label Beverley’s Record) après que celui-ci lui ai demandé d’auditionné le tout jeune Jimmy Cliff. C’est avec Leslie Kong que la carrière de Derrick Morgan pris un réel envol. Sortiront de leur collaboration les excellents : Be still et Sunday Monday. Prince Buster a du mal à digérer le départ de son ami Derrick chez Leslie Kong. En plus, Prince Buster prétend qu’un solo dans la chanson Forward March de Derrick Morgan (chanson pour l’indépendance de la Jamaïque qui eut un grand succès sur l’île) est copié sur un solo de sa chanson They got to come. Commence alors un règlement de compte entre les deux hommes à travers leurs chansons. Ils inaugurent la tradition des "Battle Songs", des "Clashs", exercice que plusieurs chanteurs reprendront par la suite (I-Roy vs. Prince Jazzbo ou encore Beenie Man vs. Bounty Killer). C’est Prince Buster qui emboîte le pas avec Blackhead Chineman, Derrick Morgan lui répond notamment avec Blazing Fire. Les deux chanteurs devront poser ensemble, se serrant la main, dans un journal jamaïcain pour éviter les confrontations entre leurs fans respectifs. La carrière de Derrick Morgan est aussi jalonnée de nombreux duos : avec Desmond Dekker (Revenge, Johnny Pram Pram), Georges Agard Dekker du groupe The Pioneers (Me naw give up, Ben Johnson Day) et surtout avec de nombreuses femmes. Ils signe le premier duo jamaïcain homme/femme avec Patsy Dodd (Feel so fine) et en enchaîne d’autres avec notamment sa sœur Pauline (Someone, Do you love me), Naomie (Heart of stone, So wonderful),.... Son succès avec Patsy lui donna l’opportunité de signer un contrat en Angleterre chez Melodisc. Mais en fait, ce contrat ne fut pas une bonne aubaine pour Derrick Morgan. Il ne pouvait travailler qu’avec les producteurs de Shallit’s Company. Un de ses amis, Edward Seaga (qui travaillait dans le milieu de la musique), accède au poste de ministre des finances et parvient à faire annuler le contrat de Derrick chez Melodisc. Pendant cette période, il ne s'est pas empêché de retravailler avec Prince Buster, Duke Reid (Around the corner, Don’t call me daddy, My lover) et Coxsone (pour signer quelque Rocksteady dont le sublime It’s alright). Une fois "libéré" de Melodisc il revient travailler pour Leslie Kong : Copy Cat, Starvation, I am a black head again ou encore le fameux Rude Boys Song : Rudy don’t fear (aussi appellé Rudie in court ou Thouger than though). Il signe d’ailleurs plusieurs chansons consacrées aux Rude Boys : Court dismiss, Judge Dread in court (en répone au titre Judge Dread de Prince Buster dans lequel il condamnait les Rudies),… En 1967, il cré ses propres labels : Hop Record, Wizard et Derrick Morgan sur lesquels il sort plusieurs titres pour lui (par exemple Gimme Back) et pour d’autres artistes dont Max Roméo (avec Let the power on I). C’est ensuite avec son beau-frère : Bunny Lee, que Derrick Morgan travaille principalement et cela dès 1968. Ses titres ont eu un énorme succès auprès des skinheads alors naissant (mouvement skinhead: amour pour la culture Ska/Reggae importée par les immigrés Jamaïcains, anticonformisme, fierté et revendication de son appartenance à la classe populaire,...). Pour les skins, il devient alors très vite 'The Ruler' et on le surnomme 'Mister Skinhead Reggae' grâce à plusieurs titres tels que Moon Hop (repris en Skinhead moonstomp par Symarip), Man pon moon, Seven letters,… Il enregistre aussi une série de Rude Reggae (reggae pour adultes…) : il chante Derrick’s Big Eleven, My Dickie ou produit Horse race (encore pour Max Roméo à qui il avait déjà "laissé" Wet Dream). Au milieu des années 70 il travaille principalement au Canada pour Imperial Records. Avec ses 250 titres, ses 150 duos et ses nombreuses productions, Derrick Morgan reste l’une des plus grandes figures de la musique jamaïcaine et plus précisément du ska et du early reggae. Il continue de se produire un peu partout pour le plus grand bonheur de ses admirateurs.
Biographie par Greg Wallet
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