Le label américain 17 North Parade (VP Records) réédite en ce début d’année le «Live At The Turntable Club». Live historique car il est le premier, en 1974, à avoir été enregistré en Jamaïque, qui plus est dans le mythique club de la capitale. Produit à l'époque par Winston Holness, aka Niney The Observer, avec King Tubby et Errol T. Thompson aux manettes et rassemblant Dennis Brown, Delroy Wilson et Big Youth backés par le Soul Syndicate, ce disque a tout pour séduire.
Le concert commence par la prestation de Dennis Brown, tout en voix, qui vient nous chanter une sélection de ses plus grands tubes. Il entame par "Cassandra" mais c’est réellement sur "Rock With Me Baby" que le syndicat de la soul déploie un groove implacable et que le public semble être emporté avec lui dans une déferlante chaloupée. Le prince couronné du reggae est alors rejoint, sur "Give A Helping Hand", par les Heptones aux chœurs qui viennent donner encore plus d’ampleur à sa voix.
C’est ensuite à un drôle de personnage d’entrer en scène. Alexander Portious qui, d’après la maitresse de cérémonie, joue simplement avec le goulot d’une bouteille, d’où son surnom de « Bottlehead ». La performance est intéressante puisqu’il arrive presque à faire sonner cette bouteille comme une trompette, mais on aurait préféré que plus de temps soit laissé à Dennis Brown ou à Delroy Wilson lequel, à la suite des deux instrumentaux de Bottlehead, vient nous offrir la meilleure performance du concert.
Faisant une arrivée sur scène digne des plus grands soulmen américains - on pense tout de suite à Ottis redding quand le soul syndicate entame les premières notes de "I’m A Happy Man (Without You in My Life)" - Delroy nous régale avec les tubes "It’s A Shame", "Have Some Mercy" et "You Keep On Running". Le public semble d’ailleurs autant conquis par sa prestation de lover au cœur brisé toute en communication et en échange avec la foule que nous, devant nos enceintes.
Enfin, c’est au tour de Big Youth, alors au sommet de sa gloire, qui commence par une interprétation timide de "Santa Massa Gone Ya (I Pray Thee)" mais se rattrape vite avec le titre "Dread in a Babylon" sur lequel il se décide enfin à faire son boulot de deejay en haranguant la foule, poussant des cris sauvages et hoquetant de bout en bout du morceau.
Les seules petites choses que l'on peut reprocher à ce live sont la voix de speakerine de la maîtresse de cérémonie, qui vient un peu casser le rythme du concert, le passage non indispensable d’Alexander Portious et l'atmosphère que font ressortir les bruits de foule, que l'on aurait imaginée un peu plus chaude.
Malgré cela, le « Live At The Turtable Club » constitue sans conteste une part de l'histoire de la musique jamaïcaine et son édition en cd (un vinyle doit également voir le jour sous peu) doit être applaudie. La prestation du groupe de Niney, le Soul Syndicate, est certainement le plus cadeau que cet album offre, en plus du livret intérieur constitué par Harry Wise et rassemblant notamment des témoignages très intéressants de Winston "Merritone" Blake, le propriétaire du Club.
Alors, avis à tous les collectionneurs, cet album sort le 20 février!
Et pour information, VP n'en a pas finit avec la réédition de superbes objets collectors puisqu'un coffret de 4 cds intitulé "Deep Roots Oberver Style" et rassemblant de prestigieuses productions de Niney The Observer doit aussi voir le jour en février.
Tracklist :
Dennis Brown - Cassandra
Dennis Brown – Rock With Me Baby
Dennis Brown – Give A Helping Hand
Alexander Portious – Everything I Own
Alexander Portious – Love Overdue
Delroy Wilson – I’m A Happy Man (Without You In My Life)
Delroy Wilson – It’s A Shame
Delroy Wilson – Have Some Mercy
Delroy Wilson – You Keep On Running
Big Youth – Santa Massa Gone Ya (I Pray Thee)
Big Youth – Dread In A Babylon
chronique Roots 1
