Le Reggae dans le texte 1967 -1988
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Le Reggae dans le texte 1967 -1988

En 1997, Pierpoljak chantait sur toutes les ondes radio « Je sais pas danser/ je remue que sur le reggae… ».  Le reggae est une musique festive et dansante, certes, mais pas seulement. C’est aussi et surtout un courant musical qui véhicule des messages denses, lourds, profonds et complexes, dissimulés le plus souvent derrière des jeux de mots alambiqués. Et ça, Éric Doumerc l’a bien compris. « Ce qui fait l’originalité du reggae, c’est la complexité de ses textes et les multiples références culturelles qui y abondent », explique-t-il au début de son livre, Le reggae dans le texte : 1967-1988. Regrettant le manque d’ouvrages abordant le reggae sous l’angle de la tradition orale, l’auteur propose ainsi au lecteur de (re)découvrir l’histoire de la Jamaïque et du reggae par le biais d’une analyse minutieuse de chansons toutes plus emblématiques les unes que les autres de cette époque correspondant globalement à l’âge d’or du reggae, 1967-1988. Cette période « semble constituer une unité, un tout, avec la naissance du reggae vers la fin des années 1960 et l’arrivée du style raggamuffin à la fin des années 1980 », constate-t-il. Les textes de mento, de ska, de rocksteady ou de dancehall sont par conséquent laissés à l’écart de cette étude qui se focalise essentiellement sur le REGGAE. Parmi les textes examinés, on retrouve des classiques tels que « 007 » de Desmond Dekker (1967), « Rod of Correction » de Clancy Eccles (1972) et « Tenement Yard » de Jacob Miller (1976), mais également des morceaux plus confidentiels comme « Jamaican Heroes » de Prince Far-I (1980) et « Princess Black » d’Edi Fitzroy (1984). Au total, Éric Doumerc a traduit et décortiqué avec soin une trentaine de chansons, choisies en raison de leur statut dans la tradition du reggae mais aussi de la pertinence de leurs paroles. Primauté est donc donnée aux textes militants et conscients. En bonus : une première partie plutôt riche décrivant l’arrière-plan historico-culturel de la Jamaïque et du reggae, et un lexique qui peut s’avérer toujours utile. Un seul bémol : on regrettera une mise en page laissant quelque peu à désirer (Camion Blanc nous avait habitués à mieux, notamment en matière de reggae !), mais qui fort heureusement n’entache en rien le contenu de cet ouvrage de bonne facture.

Éric Doumerc est spécialiste de la Caraïbe, Maître de conférence à l’Université de Toulouse – Le Mirail dans le Département d’études anglophones, et chroniqueurs pour plusieurs magazines spécialisées (The Beat, Reggae Vibes).

Le reggae dans le texte : 1967-1988. Camion Blanc. 314 pages. 30 euros.

Par Nicolas K.
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