Summerjam 2015 : Everlasting Festival
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Summerjam 2015 : Everlasting Festival

Un évènement trentenaire a-t-il encore besoin d’une présentation ? Le festival colonais fêtait cette année son 30ème anniversaire et prenait une nouvelle fois ses quartiers sur le site du lac Fühlinger du 3 au 5 juillet dernier. Le Summerjam nous avait concocté une grosse affiche à la tête de laquelle trônaient notamment, plein de promesses, les noms de Damian Marley, Beres Hammond, et Wyclef Jean. Retour sur cette édition 2015 qui affichait COMPLET !

Un des premiers artistes à se présenter sur scène le vendredi est l’artiste guadeloupéen basé en Suisse, Cali P, et sa participation au festival sonne comme une petite consécration, ou en tout cas la reconnaissance d’une carrière déjà bien remplie ! Il laisse ensuite la place à Jesse Royal et son Kingsuns Band, qui fait sans surprise mouche avec son Modern Day Judas



Romain Virgo est celui qui aura définitivement marqué ce premier jour. La dernière fois que nous l’avions vu, c’était d’ailleurs sur cette même Green Stage en 2013. Si son concert d’alors était déjà excellent, le niveau est encore monté d’un cran. Accompagné de son Unit Band, Romain Virgo délivre hit sur hit avec aisance et on se rend compte que son répertoire est déjà classique. Même les inédits transportent, comme Fade Away dont il faudra surveiller la sortie ! 



Le son de cloche est différent pour l’artiste suivant, qu’on avait lui aussi pu applaudir sur cette même scène en 2013 : Popcaan rame encore. Tout y est pourtant : les talentueux musiciens de Dub Akom (qui porteront littéralement le show), les big tunes, et une énergie et une envie évidentes de l’artiste. Sa voix déjà particulière refuse cependant toujours et l'abandonne à plusieurs reprises. 

Pendant que Steel Pulse ferme cette première journée de concerts sur  la Green Stage en faisant résonner le gros son reggae « made in UK », il se passe quelque chose de très étrange sur la plus grande scène, la Red Stage. Cro, un artiste allemand, rend le public complètement fou et récolte des forwards de dingue avec un style de musique qu’on a le plus grand mal à définir. Après sondage dans l’assistance, nous apprendrons que ce rappeur allemand est l’équivalent de Booba niveau notoriété. Ah, d’accord.

La soirée se poursuivait à la « Dancehall Arena » qui portait plutôt mal son nom sur ce coup-là, puisqu’elle accueuillait Mungo’s Hi-fi, Prince Fatty et David Rodigan. Rodigan, s’il a toujours des dubplates toutes fraîches à sortir de son chapeau, aura été plutôt décevant avec un set assez décousu.

Deuxième jour, samedi 4 juillet 2015. On entre rapidement dans le vif du sujet avec Cham. Programmé sur la grande scène à 16 heures soit relativement tôt, l’artiste jamaïcain a commencé son concert devant une assistance plutôt maigre et éparse et a vu l’assistance grossir de plus en plus vite au fil de son show pour finir devant une foule immense ! Une belle preuve, s’il en fallait une, de la qualité de son concert. Les nostalgiques des années 90 sont rapidement servis : Galong Ya Gyal, Bum Fuck, Can I Get, Ghetto Pledge, Another Level… Autant de big tunes qui se rappellent à notre bon souvenir ! Non content d’avoir marqué le passé, Cham nous signifie qu’il domine toujours le présent avec des hits à la pelle : des sons pour faire bouger les fessiers Wine, Tun Up,  aux plus profonds Stronger ou Fighter. Après I’m too Hot qui annonce son album Lawless à paraître avant la fin de l’année, il lâche son hit ultime Ghetto Story et ravit le public. 

 

Changement de registre ensuite avec la douce Alaine, qui interprète ses valeurs sûres comme Deeper, Whitout You, ou No Extraordinary Love et des extraits de son nouvel album Ten of Hearts. Présente sur la tournée de Tarrus Riley depuis l’année dernière, on la sent désormais plus à l’aise, communiquant davantage avec le public et s’amusant avec les musiciens.  Tarrus arrive ensuite et offre un show toujours aussi carré et l’avalanche de hits qui va avec, interagissant toujours autant avec Dean Fraser.

 

On pouvait ensuite compter sur SOJA et Patrice, habitués des lieux, mais l’artiste définitivement attendu ce soir était Damian Marley, même si Nneka, programmée sur l’autre scène, trouvera son public. Il fallait trouver son poste de combat tôt pour voir le fils Marley. Rappelons que cette édition affichait complet, et donc du monde, assurément, il y en avait, les yeux rivés sur la scène ou sur un des écrans géants ! Impossible de circuler sur une bonne partie du site du festival pendant ce concert.

Damian livre un concert carré, mais peut-être trop : l’impression d’une dynamique plus machinale qu’autre chose se dégage et il ne communique peut-être pas suffisamment avec son public. Quoi qu’il en soit, et sans chipoter, le public s’ambiance sans problème sur n’importe quel son, de Make It Bun Dem sur lequel il entre à Set Up Shop, Move, Road To Zion en passant par les reprises de son père : Could You Be Loved, Get Up Stand Up, War … Cham le rejoint sur scène pour leur duo Fighter et le public explose. L’artiste reste même pour interpréter pour la seconde fois de la journée sa Ghetto Story, il est survolté et son état est communicatif ! Welcome to Jamrock et Hard Work ferment la marche de ce concert, définitivement un temps fort de cette trentième édition.

Le dancehall reprenait ensuite ses droits à la Dancehall Arena avec Jugglerz, Pow Pow et Sentinel, avec des bonnes animations mais des sélections peu renouvelées.

Le dimanche arrive toujours trop vite. Troisième et dernier jour de festival, et encore beaucoup de bonnes vibes au programme, à commencer par celles offertes par les frenchies Yaniss Odua et Danakil. A voir le public devant la Green Stage, on sait que l’opération drapeaux du management de Yaniss Odua a encore porté ses fruits. Des dizaines de drapeaux frappés du nom de l’artiste martiniquais s’agiteront tout au long de son concert. S’il n’est pas en terrain conquis, Yaniss Odua fait belle impression et séduit le public, avec  une superbe énergie et le talent qu’on lui connait ! Entré sur En route pour Jah Kingdom, l’artiste passe en revue tout son répertoire, du gros reggae one-drop au dancehall énervé.  Mention spéciale pour Chalawa sur le Génération H riddim qui dépasse ainsi les frontières ;)

Sans faute également pour Danakil  avec un concert irréprochable emmené par des musiciens au top et un bel équilibre entre Balik et Natty Jean. Le final se voudra explosif avec Flavia Coelho et Yaniss Odua.

On reste ensuite dans les artistes Baco Records avec Protoje qui marquera lui aussi au fer rouge cette édition, et son énergie inhabituelle nous séduit encore plus : il s’amuse et danse ! Il est rejoint par Jesse Royal et sa protégée Sevana pour Sudden Flight et les extraits de son dernier album Ancient Future sont encore plus convaincants sur scène et se marient parfaitement aux hits de ses albums précédents pour un flot ininterrompu de gros son. Who Knows aura droit à son pull up obligatoire, et Kingston Be Wise mettra tout le monde d’accord pour finir. 

Après trois jours de beau temps et surtout de grosses chaleurs, un orage éclate et il se met à pleuvoir fortement… Qu’à cela ne tienne, on peut bien être trempé jusqu’aux os si c’est pour Beres Hammond. La légende livre hit sur hit et offre comme à son habitude un concert magnifique.

Wyclef Jean, rappeur et ancien membre des Fugees, vient ensuite clôturer ce trentième Summerjam. Accompagné d’un Dj et d’un batteur, il oscille entre  concert et sound-system, interprétant des morceaux, en jouant d’autres et passant des dubplates de son propre sound. Il se montre beaucoup trop frimeur, rappelant plusieurs fois son parcours et son statut, et son show se révèle rapidement ne pas être à la hauteur de nos espérances, même si une partie du public y trouve tout de même son compte.  La fin de son concert est un pétard mouillé, on ne comprend pas grand-chose à ce qu’il se passe, Wyclef part sans dire aurevoir et le feu d’artifice traditionnel éclate dans un silence total.

Ce final raté ne gâche pas la fête et le MC est acclamé lorsqu’il nous donne rendez-vous pour 2016. Cette édition se révèle finalement un peu légère pour un anniversaire aussi important et marquée par une volonté toujours plus évidente de varier les styles et d’inclure davantage d’artistes locaux. Il n’en reste pas moins que ce trentième Summerjam aura été très réussi, le festival s’est de nouveau imposé comme une machine bien huilée à l’organisation impeccable, avec des bonnes vibrations à la pelle et de beaux concerts. A l’année prochaine ! 

Par Texte : Nounours Photos : Pix N Love
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