No Logo Festival 2015
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No Logo Festival 2015

Troisième édition pour le festival jurassien qui tire son originalité dans le fait qu'il refuse tout sponsor et toute subvention. A l'heure où beaucoup de festivals disparaissent, il s'agit un pari osé de proposer ce genre d'évènement, qui plus est quand ledit évènement programme essentiellement du reggae. Le No Logo a pourtant fait un beau pied de nez à la logique en accueillant 30 000 personnes en trois jours ! Une réussite portée par une belle programmation où les pointures jamaïcaines et africaines (Capleton, Bunny Wailer, Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly...) croisaient les stars françaises (Taïro, Biga Ranx, Broussaï...), les découvertes locales (Caporal Poopa, Joyce Tape...), les figures du dub electro (High Tone, Panda Dub, Kaly Live Dub...) et des artistes hors reggae qui partagent les mêmes valeurs (Amadou & Mariam, Beat Assailant, HK & les Saltimbanks...). Pendant trois jours, le joli site des Forges de Fraisans aura également vibré au son des basses puissantes du sound system Rootikal Vibes Hi-Fi qui assurait les changements de plateau avec des sélections roots et dub pointues et dansantes. Les invités du crew local n'ont pas non plus démérité (Dawa Hi-Fi, Dub Creator, Dubatriation...) même si on aurait aimé les entendre plus longtemps. Quoiqu'il en soit, la bonne humeur a régné sur le petit village de Fraisans. Les festivaliers ne se sont pas laissés avoir par le mauvais temps et la motivation aura donné lieu à de belles scènes (concours de déguisement, combats de boue, danses collectives, studio photo délirant...). Malgré la boue, invitée dont on se serait bien passés, tous les ingrédients étaient réunis pour un festival réussi. Retour sur trois jours au top avec les photos d'Andréa Dautelle.

JEUDI 13 AOÛT







JOYCE TAPE



Le No Logo fait la part-belle aux artistes locaux pour ouvrir chaque journée de concerts. Et pour commencer c'est la Bisontine Joyce Tape qui ouvre le bal. Originaire de Côte d'Ivoire, la chanteuse livre une musique douce et calme où les rythmes africains côtoient des influences occidentales. Pas déstabilisés par la pluie, Joyce et ses musiciens prennent plaisir à lancer le festival.



BROUSSAI



Ils sont de tous les festivals cet été et nous croisons à nouveau la route de Broussaï dont le public ne cesse de grandir. La part-belle est faîte aux morceaux du nouvel album In The Street et ce dès l'intro avec Marianne qui rend hommage à la France. Les premiers rangs connaissent les paroles et l'énergie s'installe progressivement. Le monde est déjà au rendez-vous malgré l'heure avancée et la pluie. Le No Logo démarre bien !
















CLINTON FEARON



Premier Jamaïcain à monter sur la scène du No Logo, Clinton Fearon débarque en terrain conquis. Toujours accompagné de son impeccable Boogie Brown Band, il déroule une set-list roots très appréciée par les festivaliers qui se termine par le classique Chatty Mouth repris en chœur par la foule. Mention spéciale au tune Follow The Rainbow, également tiré du répertoire des Gladiators, qui aura réussi à chasser la pluie du festival.





BARRINGTON LEVY



On reste en Jamaïque avec Barrington Levy et ses légendaires gimmicks. Le Yardie livre un show très habituel et toujours aussi efficace, démarrant avec ses classiques roots (My Woman, Money Moves, 21 Girls Salute ou Shine Eye Girl) et glissant doucement vers ses hits de l'époque dancehall avant de conclure avec l'immense Revolution Riddim et son indémodable medley Black Roses et Here I Come. Tellement à l'aise sur scène qu'il dépasse son temps de set.












SINSEMILIA



Toujours bourrée d'énergie, la bande Sinsemilia fait ensuite danser le No Logo ! L'engagement est toujours de mise, mais on n'oublie pas de faire la fête chez les Sinsé. Petit retour sur 25 ans de carrière dès le premier morceau avec le puissant Flash Back et les classiques du groupe s'enchaînent rapidement. Tout le bonheur du monde est interprété en acoustique, Douanier 007 comme à l'époque et les 11 musiciens finissent tous ensemble en devant de scène pour interpréter Ça s'régale. Et on peut dire qu'on s'est régalé !











BUNNY WAILER



LA légende parmi les légendes ! Le troisième et dernier survivant des Wailers fait une entrée magistrale sur Rastaman Chant. Il s'avance tout doucement au rythme des percussions nyabinghi et salue la foule avec charisme. On reconnaît le mythique Dwight Pinkney à la guitare. Bunny nous offre une bonne partie des classiques de l'époque de Bob Marley & The Wailers (Trenchtown Rock, Simmer Down, Keep On Moving...) mais n'oublie pas ses hits personnels moins connus du grand public, quoi que tout aussi puissants comme Armagideon, Blackheart Man, Dreamland ou Baldhead Jesus. Bunny Wailer tient sur scène près d'une heure et demie sans faiblir et on le sent toujours aussi heureux et fier de perpétuer la mémoire de ses camarades Bob et Peter.










PANDA DUB & TETRA HYDRO K

Le phénomène Panda Dub et le local Tetra Hydro K se retrouvent comme au Sun Ska pour un set exclusif entre dub et bass music. Une déferlante de basses, un set vitaminé, à la limite de la techno qui avait déjà fait des ravages au Reggae Sun Ska une semaine plus tôt sur la sono de Legal Shot. Une rencontre qui prend d'ailleurs peut-être plus de sens en configuration sound system que sur une grande scène comme celle du No Logo.

HIGH TONE meets ODDATEEE 

Pour terminer la soirée, le No Logo propose à nouveau une rencontre inédite entre deux artistes. Cette fois ce sont les Lyonnais d'High Tone qui invitent l'Américain Oddateee. Le rappeur est un habitué des collaborations avec les maîtres du dub à la française puisqu'on le retrouvait déjà sur l'album Underground Wooble sorti en 2007. La bass music retentit à nouveau sur le site du No Logo mais l'heure tardive (3H du matin!) pousse une partie du public vers la sortie. Il faut garder des forces, il reste encore deux jours de festivités !

VENDREDI 14 AOÛT



CAPROAL POOPA

Le régional de l'étape Caporal Poopa ouvre le bal de cette deuxième journée sous le soleil. Originaire du Sénégal et de la Guinée Bissau, le chanteur et sa voix éraillée collent de sourires sur les visages des premiers arrivants. On reconnaît quelques titres de son album Slave Island dont l'excellent Poor Man posé sur le Policeman Riddim de Joseph Hill. Une belle entrée en matière !

ETANA



Croisée au Reggae Sun Ska une semaine plus tôt, la diva jamaïcaine joue cette fois avec le backing band local Rise & Shine Band que l'on a l'habitude de voir derrière Leah Rosier. Accompagné par un choriste masculin, elle change un peu son set et offre un peu moins de reprises que lors du festival bordelais. On a tout de même droit à une interprétation touchante de Redemption Song où une partie du public se rassemblera pour former un cœur au milieu de la foule. La chanteuse apprécie !









AMADOU ET MARIAM



L'Afrique était à l'honneur sur ce No Logo 2015 et Amadou & Mariam sont là pour le rappeler. Armés de leur légendaire bonne humeur, les Maliens nous proposent une excursion hors du reggae durant une heure et quart remplie d'énergie avec comme point d'orgue les incontournables Dimanche à Bamako et La réalité. Le public en redemande et le couple semble ravi !



BIGA RANX



Changement d'ambiance radical ! Biga Ranx débarque sur scène avec son univers très club et nocturne. Il ne fait pas encore nuit, mais un véritable déluge s'abat sur le site du No Logo dès les premières notes du show. N'y voyez pas un mauvais présage, la foule ne se laisse pas abattre. Certains tentent de s'abriter sous les stands mais renoncent vite et retournent danser sur les sons puissants du plus Jamaïcain des Français. La pluie se calme et la foule est désormais compacte. Biga a plus que réveillé l'audience.







SOJA



A chaque fois que l'on voit SOJA, on ne peut s'empêcher d'être surpris. La formation américaine jouit en effet d'une renommée qu'on n'aurait pas forcément imaginé. Même si le concert est un peu trop pop pour nos oreilles habituées aux rythme yardies, SOJA remporte tous les suffrages ce soir-là. Les fans sont visiblement au rendez-vous et les jeux de scènes plaisent. Les Américains impressionnent lorsqu'ils se rassemblent tous en batucada pour un moment complètement endiablé. Le leader Jacob Hemphill et quelques-uns de ses compères finiront le concert dans le public, portés par la foule en délire. Impressionnant !







CAPLETON



Retour en Jamaïque et on ne va pas s'en plaindre ! Après une petite intro par Jah Thunder, le King Of Fire débarque comme à son habitude sur That Day Will Come et Jah Jah City. On a beau y être habitués, l'effet est garanti ! Capleton est en forme ce soir. C'est ce qu'on se dit à peu près à chaque fois qu'on le retrouve quelque part, mais on sent que cette édition du No Logo l'enflamme. On apprécie les hits de l'époque Good In Her Clothes, Who Dem, Stand Tall ou encore le mythique Raggy Road qui clôture le show après une session a capella hallucinante.













KALY LIVE DUB



Les Lyonnais de Kaly Live Dub finissent d'achever l'énergie qui restait au sein des quelques festivaliers encore présents. Il faut dire que les concerts finissent tard au No Logo (plus de 3 heures du matin!) et la pluie et le froid n'aident pas à garder la forme. Une poignée de résistants remue tout de même la tête au son des lourdes basses de Kaly. Un show plutôt lancinant qui en mettra tout de même quelques-uns en transe. Le mariage entre dub et bass music est définitivement consommé !

SAMEDI 15 AOÛT



PACH JAHWARA



Le premier artiste de la journée est introduit comme étant le premier à avoir fait du reggae à Besançon. Le vétéran Pach Jahwara prend place avec son groupe et livre un show afro-reggae très bien accueilli par les premiers festivaliers. Quelques connaisseurs se sont glissés dans les premiers rangs et boivent les paroles sages du chanteur d'origine malienne. L'Afrique sera encore mise à l'honneur aujourd'hui au No Logo et Pach Jahwara l'introduit à merveille en tant que premier artiste représentant du continent.








TAIRO



Le chouchou de ces dames Taïro est venu avec son plus beau sourire ! Et il a raison d'en jouer puisque la pluie gâche un tout petit peu le début de son show, décourageant sans doute quelques festivaliers qui préfèrent rester dans leur tente. Mais le temps se calme petit à petit et le site se remplit au son des chansons d'amour du chanteur français. Taïro aime profiter de la vie et il le communique au public qui semble d'accord. On ne va quand même pas se laisser abattre par la pluie !



HK ET LES SALTIMBANKS



On reste en France avec les militants HK et les Saltimbanks, auteur de l'hymne des manifs On lâche rien. Chanson française, ambiance prolo... Les camarades de la CGT apprécient depuis leur stand installé sur le site. Un concert qui fait écho au concept du festival, désireux de s'éloigner du modèle capitaliste en refusant tout sponsor et toute subvention. Bien qu'on soit loin du reggae, la programmation de HK restait logique. Bravo !

PROTOJE



C'est le dernier concert de Protoje en France avant un bon moment. Il faut en profiter et l'intéressé lui-même a bien décidé d'en faire ainsi. Il avouera qu'il s'agissait de son meilleur concert du mois. Les titres du nouvel album fracassent en live (mentions spéciales à Criminal et Sudden Flight) et le backing band The Indiggnation est toujours au top. La nonchalance de Protoje fait toujours son effet et on le sent de plus en plus à l'aise sur scène. Le Yardie s'arrête même de chanter pour signer un album d'une fan en délire du premier rang. Du jamais vu !







TIKEN JAH FAKOLY



L'Ivoirien est toujours très attendu sur scène et tout particulièrement dans le Jura où le reggae africain est très présent. Toujours aussi charismatique, peut-être même encore plus qu’auparavant, Tiken parcourt la scène de long en large et effectue de grands sauts façon karatéka qui suscitent des réactions enjouées de la part du public. Les big tunes Plus rien ne m'étonne et Africain à Paris côtoient des morceaux plus récents comme Le prix du paradis et Dernier appel. On a même droit à sa superbe reprise de War Inna Babylon qui annonce l'arrivée d'un album en hommage aux standards jamaïcains.











ALPHA BLONDY



Quoi de mieux que d'enchaîner avec Alpha Blondy après Tiken Jah Fakoly. Le roi du reggae africain, également Ivoirien fait partie des influences de Tiken et les voir tous les deux sur la même scène est une chose rare. On n'aura pourtant pas droit à un featuring alors que tout le monde l'attendait, les deux chanteurs ayant partagé plusieurs morceaux tout au long de leurs carrières. Mais cela n'enlève rien au prestige de ces deux concerts. Alpha continue de prêcher la bonne parole et offre ses classiques au No Logo sans oublier de présenter son dernier album Positive Energy. Magistral !

BEAT ASSAILANT

Comme chaque soir, le festival se clôture sur une note différente et cette fois c'est le hip-hop de Beat Assailant qui a la lourde tâche de finir le No Logo 2015. Malgré une belle prestation, on sent que le public était venu voir Tiken Jah et Alpha Blondy pour la grande majorité et on avoue qu'on aurait bien vu l’événement se terminer sur les prestations des deux Africains. Mais certains semblent apprécier et profitent du festival jusqu'au bout !

Le No Logo se clot sur une soirée qui restera gravée dans les mémoires. Le succès de cette 3ème édition inscrit définitivement le No Logo au sein des festivals majeurs de l'hexagone. Nous remercions toute l'équipe organisatrice (Michel, Florent, Charlotte et tout le reste de la team) ainsi que le public. Vous êtes venus nombreux nous rendre visite sur notre stand Reggae.fr / Génération H et cela nous fait chaud au cœur. A l'année prochaine.

Par Texte : Ju Lion Photos : Andréa Dautelle
Commentaires (1)
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Par Steph le 08/10/2015 à 12:25
Merci pour votre report et les jolies photos ! Je sais bien que "les goûts et les couleurs..." mais trouver Capleton en forme et efficace le show de Barrington, sérieux j'ai vraiment du mal à comprendre ! pour moi ça a été les 2 gros bémols du festival : un show à l'identique de ceux vus il y a pourtant des années (Garance pour Barrington et tournée Made In JA pour Capleton) et limites irrespectueux du public. Barrington qui passe son temps à essayer de faire chanter le public pour un retour des plus limités. Il n'a quasi pas chanté et réussi à prendre du retard sur le set ! Et Capleton qui n'aligne pas trois phrases, il a passer plus de temps à réclamer de manière agressive des "lighters" et bras levés, tout en braillant ses morceaux avec un pull up toutes les 30 secondes ! Vous n'avez pas vu la réaction du public et le monde qui partait en hallucinant sur sa prestation ??? c'est pas faute de ne pas aimer le dancehall yardie, car des gens qui assurent en dehors des studios il y en a comme Busy Signal, Skarra Mucci, mais qui eux assurent un vrai show et non une parodie !

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