No Logo Festival 2016
concert Reggae français 0

No Logo Festival 2016

Le No Logo fêtait cette année sa quatrième édition avec un record d'affluence : 36 000 personnes ! Le site des forges de Fraisans ne pouvait pas accueillir plus de monde et si le beau temps a sans doute donné un coup de pouce à cette réussite, la programmation et l'ambiance du festival jurassien n'y sont pas pour rien. Pendant trois jours, se sont succédés têtes d'affiches et artistes en devenir, artistes internationaux et locaux, sound systems et musiciens, devant un public particulièrement réceptif et toujours aussi festif. Bien sûr le reggae était à l'honneur, mais les musiques du monde et les esthétiques plus expérimentales avaient aussi leur place que ce soit sur la grande scène, sur le Dub Corner ou du côté du camping où les animations allèrent bon train pour le plaisir des festivaliers hyperactifs.



JOUR 1

La chaleur n'aura épargné personne ! Pas même les artistes qui ne manquent pas de le rappeler sur scène. Les Jamaïcains se croient chez eux tant le soleil brûle, les autres ont un peu plus de mal à le supporter, mais le public est au rendez-vous lorsque Rootikal Vibes Hi-Fi pose le premier vinyle sur sa platine. Le sound system jurassien sonorisera à merveille les inter-plateaux pendant trois jours, rythmés par des invités de marque dont on reparlera. Du côté de la grande scène, c'est le groupe local Mystically qui ouvre le bal avant de laisser la place aux néo-zélandais de Katchafire. Leur reggae hybride colle des sourires, mais pas autant que la bossamuffin de Flavia Coelho qui met tout le monde d'accord. La Brésilienne s'éclate accompagnée de son clavier et de son batteur qui comblent à eux seuls le manque de bassiste, de cuivres ou de percussions. Comme à son habitude, Flavia n'hésite d'ailleurs pas à prendre les baguettes pour s'illustrer derrière les fûts. Son dynamisme et sa chaleur finissent de convaincre tout le monde avant que l'on ne passe aux choses sérieuses...

Mystically





Katchafire



Flavia Coelho



Le Upufull Posse sont les premiers invités du Dub Corner. Les Parisiens enchaînent les 45T dans leur style de prédilection, le rub-a-dub, avant de glisser petit à petit vers des dubplates au son plus moderne. On lève les bras pour les wicked King Kong, Tippa Irie et autres remixes distillés par B-No et sa bande. Pendant ce temps, Morgan Heritage s'installe sur la grande scène. C'est le premier show en France de la Famille Royale du Reggae depuis leur victoire aux Grammy Awards ; c'est donc tout naturellement qu'ils entament leur set sur Strictly Roots, titre phare de leur dernier album. Les classiques d'antan déboulent rapidement : Don't Haffi Dread, Nothing To Smile About, How Come ou Reggae Bring Back Love sur lequel Peetah rend hommage à ses idoles et s'autorise quelques reprises. Malgré l'absence de Una, la machine Morgan Heritage fonctionne toujours autant sur scène. Le terrain est plus que préparé pour l'arrivée de Damian Marley.

Upfull Posse



Morgan Heritage



Un brin moins en forme que la semaine précédente au Reggae Sun Ska, Jr Gong ne démérite pas et même si sa setlist et ses interventions parlées sont calées au millimètre près sur ses autres shows, on prend toujours autant de plaisir à l'observer. Son attitude nonchalante et rude-boy fait son effet et le public est particulièrement réactif aux hits Mek It Bun Dem, Set Up Shop, Road To Zion, Shoot Out, et bien sûr Welcome To Jamrock qui clôture le concert. On a encore droit au nouveau Nail Pon Cross sur une adaptation du Solidarity de Black Uhuru, seule nouveauté à se mettre sous la dent pour les habitués. Pas facile de passer derrière la star, mais Manudigital et Bazil s'en sortent plutôt bien ! Les deux compères commencent à être habitués aux grosses scènes et n'ont pas à rougir quand il s'agit de faire danser la foule restée très attentive à leur set.

Damian Marley



Manudigital & Bazil



JOUR 2



Aujourd'hui, un petit passage à l'ombre du chapiteau du camping ne fait de mal de personne. Le film Reggae Ambassadors y est projeté dans l'après-midi et le public est au rendez-vous. Mais le programme est encore chargé et il ne faut pas traîner, le son attaque dès 15H sur le site du festival. Après le warm-up de Rootikal Vibes Hi-Fi, c'est au tour de Leah Rosier d'ouvrir la journée avec le backing-band local Rise & Shine. Mention spéciale à la chanteuse hollandaise qui aura assuré durant trois jours les annonces de chaque artiste sur la grande scène avec le renfort de Romain de l'émission de radio Riddim à Besançon. Un joli tandem de maîtres de cérémonie !

Leah Rosier



La bête de scène Sir Jean lui succède. L'ex-chanteur de Meï Teï Shô et du Peuple de l'Herbe est venu présenter son dernier projet avec le groupe NMB. Un véritable big-gand afro-beat avec section cuivres au grand complet et des musiciens tous expérimentés. Le cocktail d'énergie, de transe et de messages militants est réussi, le public du No Logo semble conquis malgré cette petite incartade en dehors des frontières du reggae. Qu'on se rassure, celui-ci est de retour immédiatement avec Inner Circle. L'ancien groupe de Jacob Miller livrera beaucoup (trop ?) de reprises et pas seulement du chanteur décédé. Ils débarquent même sur Humble Thought de Sizzla, comme pour annoncer la couleur. Chaque titre est prétexte à revisiter les classiques de la musique jamaïcaine de tous les âges. Shaggy, Bob Marley, Black Uhuru, Toots, Chaka Demus & Pliers, tout le monde y passe. Certains apprécient, d'autres font la moue, mais force est de constater que les frères Lewis sont encore d'excellents musiciens.

Sir Jean & NMB Afrobeat Experience

Inner Circle



Après une bonne dose de reggae jamaïcain, rien de tel qu'un petit tour au Dub Corner où le dub warrior et digital d'Iron Dubz résonne à pleines basses. Le Franco-Suisse joue des dubplates enregistrés sur ses propres riddims, toujours enchaînés des versions dub auxquelles les aficionados de sound system sont bien sûr sensibles.Vient ensuite LA surprise de la soirée. Skelly d'Israel Vibration débarque seul sur scène. Wiss s'est fait volé son passeport et n'est donc pas présent sur la tournée. On aurait apprécié être prévenus, mais en même temps n'est-ce pas original que d'assister à un concert d'Israel Vibration avec un seul de ses deux représentants ? Skelly ne se démonte pas et arbore un sourire plus flambant que jamais. Affectionnerait-il le rôle d'unique star sur scène ? En tout cas, les hits pleuvent et le chanteur aux béquilles parvient à combler l'absence de son compère avec les indémodables The Same Song, Ball of Fire, Jammin' ou On the Rock. Même si la voix plus juste et plus claire de Wiss nous manque, il est bon de découvrir quelques chansons rarement interprétées en live. Accompagné des Roots Radics toujours aussi carrés, Skelly aura tenu plus d'une heure sans reprendre un seul titre de Wiss. Chapeau !

Iron Dubz



Israel Vibration







Chez Rootikal Vibes Hi-Fi, c'est Weeding Dub qui a pris le contrôle avec son live-set qu'on aura vu partout cet été. Le nouveau phénomène du dub stepper français met littéralement le feu au Dub Corner et atteint des sommets avec le désormais classique Gypsy Dub. Quand on parle de phénomène français, Dub Inc n'est pas en reste ! Les Stéfanois sont attendus par le public du No Logo et pour cause, la sortie de leur nouvel album est imminente. Mais ils n'en dévoileront pas trop ce soir, préférant mettre l'eau à la bouche des fans avec les quelques titres déjà dévoilés sur le net. Komlan et Bouchkour savent toujours autant soulever la foule avec leurs tubes Dos à dos, Tout ce qu'ils veulent, My Freestyle ou Better Run. Le public suit quand il faut s'asseoir, sauter, courir à gauche, courir à droite et le show prend une autre dimension lorsque les premières notes de Rude-Boy résonnent. Le groupe invite Sir Jean à les rejoindre pour un featuring de folie qui finit de mettre tout le monde d'accord. La palme du faya est attribuée haut la main à Dub Inc sur l'ensemble du festival. La difficile tâche de passer derrière ce rouleau compresseur revient à Goayandi qui réjouit les plus festifs des festivaliers avec leur trance à base de percus et de didgeridoos qui n'est pas sans rappeler Hilight Tribe.

Weeding Dub





Dub Inc



JOUR 3



Troisième et dernier jour et pas question de relâcher les efforts. Le dimanche sera le jour le plus chaud du festival. Plus de 30°, ça nous change des éditions précédentes particulièrement pluvieuses ! Mystical Faya profite de cette ambiance caniculaire pour entamer la journée en beauté avec leur reggae roots soul pour le moins dynamique. Mystic Loïc et sa bande jouent à domicile et les supporters sont déjà nombreux à 16H devant la grande scène. S'en suit l'un des artistes que nous attendions personnellement le plus : le jeune talent Kabaka Pyramid. Seul représentant de la nouvelle génération jamaïcaine sur ce festival, Kabaka commence son set en douceur et monte dans les tours petit à petit. Never Gonna Be A Slave, Foundation, Worldwide Love, Lead the Way, tous ses hits y passent, y compris ses duos avec Chronixx (Mi Alright) et Protoje (Warrior) sur lesquels il n'hésite pas à reprendre les couplets de ses amis. Kabaka ne cesse de citer la génération dont il est issu et rend hommage aux autres en reprenant notamment Capture Land et Who Knows devant un public conquis. Le Jamaïcain nous offre également un énorme medley dancehall en interprétant ses tunes favoris de Capleton, Sizzla, Damian Marley ou encore Buju Banton. Il n'oublie pas d'où il vient et il le rappelle à son public qui semble apprécier au vu des nombreux gun fingers et onomatopées qui fusent depuis l'audience. Le concert se termine sur le superbe Well Done qu'on attendait avec impatience. Le jeune Yardie a décidément beaucoup progressé depuis ses premières prestations en France et son set au No Logo restera comme l'un des moments marquants du festival.

Mystical Faya



Kabaka Pyramid



Aujourd’hui, c'est Joe Pilgrim accompagné de Dub Addict qui s'illustre sur la sono de Rootikal Vibes Hi-Fi. Avec sa vibe mystique, le chanteur électrise le Dub Corner en improvisant sur certaines sélections ou en lâchant ses tunes répétés avec Pilah au pilotage d'un set live plein d'entrain. Quelques lyrics issus du travail avec les Ligerians se font entendre et les amateurs de dub s'enjaillent sur les titres tirés de l'album The Good The Bad and The Addict ou du répertoire de Mayd Hubb. L'ambiance n'aura fait que grimper durant les trois jours dans ce Dub Corner qui a de plus en plus sa place dans ce festival. Et quel final lorsque Cedric Myton des Congos rejoindra Joe Pilgrim pour bénir à son tour la place ! Myton fait partie de ces artistes qu'on ne se lasse jamais de voir. Sa bonne humeur contagieuse aura d'ailleurs fait des étincelles sur la grande scène aux côtés des Congos au grand complet qui succédèrent aux Skints. La spontanéité du groupe jamaïcain légendaire n'a pas d'égal et quel plaisir de danser au son des classiques Open Up The Gate, Ark Of The Covenant et bien sûr Fisherman repris en chœur par les 12 000 spectateurs présents.

Dub Addict & Joe Pilgrim



The Skints





Leah Rosier (MC)



The Congos



Le son world hybride de Balkan Beat Box a bien sa place sur ce festival et ceux qui en doutaient encore découvrent les penchants reggae du groupe new-yorkais, notamment sur le tubesque Dancing With The Moon. Une vague de douceur envahit le site des forges de Fraisans et la transition avec Jah Cure se fait sans encombre. Nous qui pensions que le reggae mielleux du Jamaïcain n'allait pas emballer le public du No Logo, nous nous trompions. Les supportrices sont au rendez-vous et les cris retentissent dès les premières notes de Call On Me qui ouvre le bal. Difficile d'être insensible au pouvoir de séduction de Cure que l'on trouve tout de même plus convaincant sur ses tubes de l'époque tels que Sunny Day, Run Come Love Me ou Kings In This Jungle. True Reflections, écrit en prison, est l'occasion de faire un clin d’œil à Buju Banton que Jah Cure souhaite bien sûr voir libre comme la plupart des fans de reggae. D'autres artistes seront honorés et notamment Busy Signal, lui aussi familier avec la prison, grâce à la reprise de Come Over sur Love Is. Après une bonne heure de lover, rien de tel que du bon rub-a-dub lourd et rocailleux pour finir en beauté. Un style dans lequel Alborosie excelle ! L'Italien clôture le festival avec son set énergique truffé de tubes et ponctué de nouveautés issus de l'album Freedom & Fyah. Une fois encore nous avons droit au même set qu'au Reggae Sun Ska la semaine passée où Puppa Albo n'hésite pas à rendre hommage aux nombreux riddims classiques qui ont inspiré sa musique. C'est ainsi que les notes de When I Fall In Love de Ken Boothe retentissent en intro de l'énorme Kingston Town qui met un terme au No Logo de la plus belle des manières : en saluant les icônes de la musique jamaïcaine, celles qui ont créé cette musique qui nous a tous rassemblés durant trois jours.

Balkan Beat Box



Jah Cure





Alborosie



Ce No Logo aura décidément été le festival des reprises. Les artistes reggae montrent leur unité grandissante en multipliant les clins d’œil à leurs confrères et l'on s'en réjouit. Les plus jeunes découvrent ainsi les fondateurs de la musique jamaïcaine et les fans de la première heure s'offrent un aperçu des nouveautés. Le No Logo a encore frappé fort grâce à sa diversité, ses innovations en terme d'animations sur le camping (concerts, jeux, projections, karaokés, sports...) et son ambiance incomparable. Trois jours complets, c'était une première et gageons que ce ne sera pas une dernière ! Merci encore à l'équipe du No Logo pour son accueil chaleureux et à tous les festivaliers qui nous ont soutenus au stand Reggae.fr / Génération H / Reggae Ambassadors. Parés pour l'année prochaine !

Par Texte : Ju-Lion ; Photos : Kevin Buret & Andréa Dautelle
Commentaires (1)
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Par Sti Corentin le 13/09/2016 à 23:31
3 année pour ma par et je repars toujours avec des souvenir plain la tete , mais cette année fut juste merveilleuse , du gros sons , une ambiance de ding un temps magnifique , une équipe super cool vivement 2017 je serai de sur présent , L'histoire du No Logo ne fait que commencez Merci No Logo merci Reggae.fr BIG UP

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