Le Garance Festival est une institution du reggae parisien qui chaque année ouvre la saison estivale. Désormais divisée en deux soirées au Zénith suivie chacune de deux afters au Cabaret Sauvage, l’événement réunissait ce vendredi 27 juin un plateau européen à fortes dominantes francophones, puisque le hollandais Ziggi ouvrait la danse suivit du duo Neg’Marrons, d’
Admiral T., et du Griot ivoirien
Tiken Jah Fakoly.
Débutant dès 19h30, Ziggi débutait devant une salle se remplissant peu à peu. L’exercice n’est pas facile car une première partie est souvent l’occasion de convaincre un public venu écouté d’autres artistes. Le challenge n’a pas fait peur au hollandais qui s’en est très bien tiré. Il faut dire que cet artiste est vraiment bourré de talent. Vous aviez pu le découvrir il y a déjà deux ans sur Reggae.fr avec deux dubplates fracassantes qui avaient fait les beaux jours du player du site. Interprétant les titres qui lui ont permis de dépasser les frontières néerlandaises, « Need to tell you this » (I Love Riddim), « Unconditionnal » (Devil’s Angel riddim), « Cry Murdah », Ziggi fut l’auteur d’une prestation convaincante, qui en appelle d’autres cette fois-ci en solo et fait espérer le meilleur pour son prochain album « In Transit ».

Après une pause d’une vingtaine de minutes, les Neg’ Marrons montèrent sur scène, visiblement heureux de jouer devant un public reggae / dancehall, eux qu’on range trop souvent de manière abusive dans la catégorie Rap. Leur prestation a en tout cas mis les choses au clair. Maîtrisant parfaitement les codes du dancehall et ceux du reggae, le duo de Garges Sarcelles a mis le feu à un public qui n’en attendait pas tant. Alternant les tubes de leurs débuts (fiers d’être Neg’Marrons, Produit de son Environnement, Bisso na Bisso, Le Bilan) et plus récents (Tout le monde debout, La voix du Peuple, C’est pas Normal) les Neg’Marrons remportent de nombreux forward de la part d’un public réceptif ! L’ambiance atteint son apogée lors de l’interprétation de leur dernier tube « Petit Pays ». On notera également la présence de deux danseuses en formes olympiques (Axxia et Shisha) qui surent faire admirer leurs chorégraphies sans sombrer dans la vulgarité.

Nouvelle pose avant qu’
Admiral T. ne débarque sur scène. La température est montée d’un cran, l’interdiction de fumée non respectée n’aidant pas la circulation de l’air dans la salle parisienne. Le deejay antillais est lui en grande forme. Arborant fièrement sa nouvelle collection de vêtements (WOK), il enchaîne ses principaux tubes (Sucre d’Orge, Debrouya, Sound System, Gwadada, Every Time) et quelques inédits qui rencontrent un beau succès. Le show est rodé avec un duo de danseuses et un autre de danseur qui valorise l’énergie du Guadeloupéen.
Admiral T. a franchi un palier et ses concerts sont désormais de vrais spectacles à part entière. Le public est chaud et s’enflamme à nouveau quand les Neg’Marrons reviennent interpréter avec Admiral « L’union fait la force », le titre qu’ils ont fait ensemble. Le final est comme d’habitude énorme, avec un « Move Together » qui semble ne jamais devoir s’arrêter.

Après un dernier aparté,
Tiken Jah Fakoly déboule sur scène. Habillé d’un long manteau aux couleurs du continent africain, le chant est assuré et le discours conscient. Le backing band soutient parfaitement les meilleurs titres du chanteur ivoirien à coup de grosses versions roots. Ce qui est admirable avec Tiken c’est qu’il arrive à marier une qualité de texte et un chant original maîtrisé. « Ouvrez les frontières » raisonne particulièrement après le discours que des sans-papiers qui occupent la Bourse du Travail depuis mai ont pu tenir. Ses titres « L’Africain », « On en a marre », « Viens Voir », « Partager le monde », « Quitte le pouvoir » sont autant de déclarations de guerre aux injustices qui parcourent le continent africain et de victoire accordée par un public tout acquis. La prestation de Tiken est tout simplement impeccable et clôt une première soirée de qualité.

A suivre….