C'est avec plaisir que nous découvrons en avant première le troisième opus du groupe Nzela, "Dub Oyé" (après "Sambela" en 2000 et "Toyé" en 2005), produit par Bolingo Art Production. Ce groupe est né en 1990 à l'initiative d'Aimé Onouka, venu en France quelques années plus tôt du Congo Brazzaville.
L'album démarre par un titre qui porte bien son nom "Aller doucement en Dub". Mieux encore, le choeurs nous indiquent qu'"aller doucement n'empêche pas d'arriver"…Il est vrai qu'on arrive doucement, mais surement vers le dub au long de l'écoute. Le deuxième morceau, "Coming" (EN ECOUTE SUR NOTRE PLAYER CE MOIS-CI) est un titre roots (dont une version exclusivement dub est également présente sur l'album) qui dégage à la fois des sonorités dub très agréables ainsi qu'une ambiance rock et même western, grâce à ses guitares et violons bien placés. La douce et grave voix de Mo'Kalamity (rare voix féminine reggae française) vient ensuite apporter ses vibes au groupe sur "Songs of the Rebels", morceau qui mélange encore dub et reggae roots / africain. On poursuit avec "Jah Creation", morceau roots jazzy sur lesquels des bruits issus de la nature nous font rêver !
"A force de vouloir laver la tête d'un singe, on finit par perdre son savon". C'est notamment par ce proverbe que le leader du groupe commence le titre "Ils s'en moquent". Proverbe à méditer, sur une chanson évidemment reggae roots mais où l'on nous offre des violons aériens dans un style plus free jazz. Avec "Jah Will Dub" on repart clairement dans le dub, puis avec "Na Télémi", en lingala, on plonge au coeur du Fleuve Congo, dont on sait qu'un lien spirituel le lie aux hommes là-bas…
On finit l'écoute par "Rebel Song", sur lequel on retrouve Mo'Kalamity sur une version Dub et "Ils s'en Dub", beau morceau, bien caractéristique de l'album.
La présence d'instrumentistes et d'une équipe technique de qualité donne tout son sérieux et sa dimension sonore à l'album (en plus bien sûr de la voix envoutante d'Aimé Onouka). Ils y sont nombreux mais pour n'en citer que quelque uns on notera le percussionniste NicoDrum, le trio rythmique basse-batterie-clavier orchestré par les membres du groupe Kana, ainsi que les ingénieurs et mixeurs des studios Dubwise, Alex Studio, et Trinity Studio.
Pour résumé, ce nouvel opus est difficilement classable. Tout au long de l'album, on oscille entre influence africaine du fait du leader du groupe et de la présence de chants en lingala (en plus de l'emploi du français et de l'anglais), exploration approfondie de sonorités dub, rythmes roots reggae, guitares rock et violons free jazz. Cet éclectisme est vraiment agréable et on ne peut que vous conseiller de découvrir cet album.
A découvrir donc, chez tous les bons disquaires.