Big Red - Vapor
chronique Reggae français 0

Big Red - Vapor

Une main transparente laissant apparaître des veines gonflées de sang, un spliff roulé dans un blunt calé entre deux doigts, un gobelet rempli de sprite-codéine prêt à se renverser dans l'univers... Ça, c'est de la pochette d'album ! Big Red revient en mode Ninja avec un 10 titres aiguisé... comme une lame ! Ce Vapor est un OVNI que l'on aurait bien tort de laisser passer et il suffit de regarder le visuel pour se douter que l'on va écouter quelque chose de peu commun, ou mieux, quelque chose de nouveau.

Pour ce qui est de Big Red, rien ne change, il est toujours aussi puissant : un phrasé qui débite et des textes ravageurs. Rien ne change et pourtant on a l'impression d'entendre le MC pour la première fois. Ce vent de fraîcheur vient de sa rencontre avec Biga Ranx qui a entièrement produit l'album. Telly (son nom de beatmaker) apporte ici tout un univers digital et planant « ina vapor style » dans lequel se fond et s'amuse Big Red.



Dans les studios du Brigante Crew à Tours, les deux artistes ont pris des risques, trompant les attentes du public pour ce concentrer sur la création d'une atmosphère épurée, enivrante et consciente. Ici, le moins est plus puissant que le plus.  A l'opposée d'une musique uniforme et d'une culture globalisée - que Big Red s’amuse d'ailleurs à dénoncer sur le morceau J'aime pas les Nike - la paire nous a concocté quelque chose d'intime et personnel.
Le ton est donné dès l'ouverture de l'album sur le remix Kill Kill Kill. Plus rien à voir avec l'original de DJ Vadim ! Pas de skank très marqué sur lequel le toaster viendrait s'appuyer mais plutôt un travail riche sur les mélodies et un Big Red tout en douceur bien que toujours dans l'esprit raggamuffin. Le duo continue de nous percher sur Stone Head et bien que les textes restent souvent durs et ancrés dans la réalité, le tout donne un sentiment agréable de légèreté, comme si l'auditeur était placé dans un canapé bien moelleux, lui même flottant dans le cosmos, loin du tumulte du monde.
Les titres s’enchaînent et la bonne vibe s'échappant de cet album ne s’estompe pas. Les deux artistes cherchent constamment à nous faire partager cette vapeur ouatée et c'est jouissif. Loin de conceptualiser cette musique, ils la rendent vivante et instinctive. On ne s'étonnera alors pas de retrouver en piste 8 une reprise d'Alain Bashung, La nuit je mens. On est bien sûr loin de l'univers musical de l'illustre chanteur français mais l'esprit reste intacte. Le voyage proposé est le même et on peut retrouver dans les deux cette patte impressionniste, à la recherche de la sensation, du sentiment.

L'album se conclut sur J'ai pas le temps, un tune résolument digital où se fait sentir l'influence du frère de Biga, Atili Bandalero, dans la veine de son dernier album Bridge Over Troubled Dreams où le producteur posait les bases de ce style vapor, ce downtempo digital un peu chéper mais toujours conscient.

Tracklist :
1 Kill Kill Kill (Remix)
2 Stone Head
3 MC
4 Vapor Style
5 Screwmourai
6 Moi ma gueule et ma sensi
7 J'aime pas les Nike
8 La nuit je mens
9 Ruff Neck (Remix)
10 J'ai pas le temps

Par MG
Commentaires (0)

Les dernières actus Reggae français