Chinese Man - Shikantaza
chronique Reggae français 13

Chinese Man - Shikantaza

On connaît leur son mais pas forcément leurs visages. On connaît leurs prods mais pas forcément leurs noms. Zé Mateo, High Ku et SLY, aka les Chinese Man, reprennent le contrôle des platines dans un album qui leur ressemble : parfois surréaliste, toujours aussi éclectique, vrombissant de basses et truffé de références. Avec Shikantaza,  le trio nous propose de nous poser sans autre préoccupation que le son. Une invitation musicale à la transe et à la méditation à paraître le 2 février.

Le ton de l'album est donné dès l'ouverture avec le titre éponyme Shikantanza, forme d'incantation bouddhiste remixée façon électro. Ici, les sonorités asiatiques – marque de fabrique du groupe – nous paraissent proches et c'est bien là la force des Chinese Man : rendre cohérent un ensemble de sons qui a priori n'auraient jamais dû se rencontrer. Le très beau morceau Wolf en est le parfait exemple. Par couches de samples successives, le trio parvient à recréer une superbe mélodie et lui confèrer une émotion toute singulière, comme sortie de nulle part.



Dans cet album, la part belle est faite au rap. On retrouve évidement l'acolyte de toujours, Taiwan MC, en combinaison avec Youthstar et Illaman sur le terrible Blah!. Et que dire du morceau The New Crown où Taiwan MC, A-F-R-O et A.S.M enchaînent des flows de malade sur une instru entraînante et jamais lassante ? A chaque nouveau beat, c'est une nouvelle idée et l'originalité l'emporte sur le mélange des genres comme l'illustre le très bon Liar, magnifique rencontre entre Kendra Morris et Dillon Cooper et sans doute LE tube de l'album. On est ici dans l'esprit du Miss Chang que l'on avait adoré sur l'album Racing with the Sun.



A mesure que l'album avance, Chinese Man dévoile ses samples et ses petites surprises. Sur Maläd, c'est tout simplement Alexandro Jodoresky, apôtre d'un cinéma tourné vers la spiritualité, qui présente le groupe et l'intention de cet album. Tel un gourou hypnotique, il évoque les quatre énergies de la musique que sont censés représenter Chinese Man : physique, intellectuelle, émotionnelle et sexuelle. Ces petits samples aident à déconstruire la musique du groupe et nous donne des informations sur leur univers. On ne sera donc pas surpris sur le morceau L'aurore d'avoir un extrait de film de Luis Bunuel, instigateur de la vague surréaliste dans laquelle le trio semble se retrouver. Il y a chez ces jusqu’au-boutistes du son cette volonté de lâcher prise, les chemins de la raison n'étant pas toujours efficaces pour se rapprocher de l'émotion.



Presque huit années se sont écoulées depuis la sortie du tube I've Got that Tune et ses 17 millions de vue. Il n'y a peut-être pas dans cet album un big tune capable de fédérer autant le public mais l'ensemble n'en est pas moins intéressant. L'homme chinois est toujours aussi original et rempli de bonnes idées !

Tracklist :
1. Shikantaza
2. Liar
3. Maläd
4. Step Back
5. The New Crown
6. Escape
7. Stone Cold
8. Modern Slave
9. Warriors
10.What You Need
11. Wolf
12. Blah!
13. Golden Age
14. L'aurore
15. Anvoyé
16. Good night

Par MG
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