Faux streams : le reggae est concerné
dossier Lifestyle 37

Faux streams : le reggae est concerné

Le Centre national de la musique (CNM) a rendu son étude sur la manipulation des chiffres d'écoutes en ligne il y a une dizaine de jours. Cette large enquête rejoint celles de France Inter et France Télévision qui avaient aussi alerté sur la question début janvier.

C'est au moins entre 1% et 3% des streams qui seraient concernés par des manipulations frauduleuses, consistant en l'augmentation artificielle du nombre d'écoutes ou de vues par des robots ou personnes physiques dans le but de générer un revenu, d’améliorer sa performance et/ou d'orienter un système de recommandation (playlists, recherche).

Il existe différentes techniques de manipulation : les fake streams à proprement parlé opérés par des robots ou des personnes physiques moyennant rémunération ; l’intégration de faux titres sur une page artiste ou le réupload de titres inédits ; et la création de fausses playlists. L'étude mentionne aussi des manipulations via les ISRC mais cette technique ne serait pas encore bien identifiée par les acteurs de la filière.

L'étude se base sur l'année 2021 à partir de données récupérées auprès de 3 principales plateformes que sont Qobuz, Deezer et Spotify, ainsi que des principaux distributeurs (Universal, Sony, Warner, Wagram, IDOL, Believe). D'autres grosses plateformes comme Amazon, Apple Music et Youtube n'ont pas voulu participer à l'enquête. Aussi, l'étude met l'accent sur l'ampleur possible de la non-détection.

Quoi qu'il en soit, si le hip hop semble être la musique la plus concernée par ses fraudes, le reggae n'est malheureusement pas épargné par ce phénomène.

Sur Qobuz par exemple, la part de streams détectés et considérés comme frauduleux représente 15,2% sur le genre hip-hop/rap, suivi par les musiques d’ambiance/relaxation à 12,3%. Dans le reggae, 8,4% des streams seraient considérés comme faux.

Sur Deezer, la part de streams faux détectés est plus élevée sur les musiques d’ambiance (4,8%) et les titres non musicaux (3,5%). Sur le hip-hop/rap ou la pop, la détection représenterait respectivement 0,7% et 1,2%. Pour ce qui est du reggae qui représenterait seulement 0,8% des écoutes sur Deezer, il serait touché par le phénomène de faux streams entre 1,1% et 1,6%.

Sur Spotify, où le hip-hop/rap est le genre le plus consommé (à plus de 51%), ce dernier connaîtrait 0,4% de faux streams. Aucune donnée sur de faux streams dans le reggae sur Spotify n'est en revanche partagée, tant ce style musical concerne une part minime des écoutes globales.

À noter aussi, que sur Deezer et Spotify, la fraude se situe à plus de 80% au niveau de ce que le rapport du CNM nomme "la longue traîne" (c'est-à-dire en dessous du Top 10 000) quand sur Qobuz le volume de fraude est davantage concentré sur les titres les plus écoutés. 

Au total, entre 1 et 3 milliards d'écoutes en 2021 pourraient être considérées comme frauduleuses. Les conséquences de ce phénomène sont importantes à commencer par une baisse de la valeur unitaire d’un stream et donc de la rémunération des ayants droit, sans parler de la confiance ébranlée du consommateur et des impacts négatifs que ces manipulations peuvent avoir sur les artistes qui ne trichent pas.

Le CNM préconise un certain nombre de mesures dont la mise en place d'une charte interprofessionnelle de prévention et de lutte contre la manipulation des écoutes en ligne. L'institution souhaite aussi la mise en place d'un audit de données et des méthodes de détection au sein des différentes plateformes ; un diagnostic de transparence et une politique de répression. 

Un dossier à suivre dans les mois et années à venir sur Reggae.fr


Par Reggae.fr
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