Gang Jah Mind - Interview Refugees
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Gang Jah Mind - Interview Refugees

Le groupe de reggae / raï marseillais historique Gang Jah Mind, menée par un trio vocal féminin emblématique, vient de sortir l'EP Refugees (disponible ici) et se produira à La Péniche Antipode ce mardi 7 mars à Paris. Une date à ne pas manquer et l'occasion toute trouvée de nous entretenir avec Fouziha, chanteuse du groupe.

Reggae.fr : Mais où étiez-vous pendant tout ce temps ?!
Fouziha : Bonjour. Nous sommes là et bien là. Nous n’avons jamais arrêté de faire de la musique. Nous avons tous d’autres métiers et la musique est une passion et non pas un moyen de subvenir à nos besoins, nous avons donc tout le loisir de la pratiquer sans pression. Le reggae est une mode qui va et qui vient, pour nous c’est une passion qui reste intacte. Même si on n’a pas toujours été au-devant de la scène on n'a jamais cessé, on continue d’avancer ... c’est plutôt à moi de vous poser la question avec humour "où étiez vous pendant tout ce temps" ? 

Quel plaisir de vous ré-entendre sur ce nouvel EP Refugees. Ce titre est d’autant plus fort avec la nouvelle guerre qui sévit sur notre continent depuis maintenant 1 an. Pourquoi avoir choisi ce titre précisément ?
Ce qui se passe depuis très longtemps avec toutes ces personnes qui fuient leur pays en guerre, c’est une catastrophe. Impossible de rester insensible devant toutes ces familles en détresse. Ce titre raconte, le départ forcé et l’espoir d’une vie nouvelle. Nous pensons à tous ces migrants qui ont perdu la vie malgré les appels de détresse lancés vers les pays européens. Nous pensons aussi et voulons aussi rendre hommage à toutes ces personnes et associations qui se battent pour la dignité humaine. Quelque part si ça nous touche c’est que beaucoup de membres du groupe sont des enfants de migrants même si l’époque et les conditions sont différentes nous sommes tous intimement liés à cet exil.



L’EP contient une version revisitée de votre classique Roots Raï Reggae. Il fallait revenir à ce standard pour vous élancer de nouveau ? Pouvez-vous parler de la collab musicale sur ce morceau ?
Nous avons revisité ce titre emblématique du groupe, c’est ce titre qui a fait que nous sommes encore là aujourd’hui. Nous avons en effet invité Anass Zine à venir partager ce moment avec nous, nous connaissons Anass depuis longtemps, c’est un ami de la famille Gang Jah Mind, c’est un excellent musicien il tourne aujourd’hui avec son groupe Zar Electrik, ils sont programmés dans beaucoup de festivals c’est un compositeur, un comédien... Un homme à multiples facettes, c’est valorisant pour nous de le voir participer à ce titre avec nous au-delà de notre amitié.

Autre collaboration sur l’EP : Faf Larage sur le titre éponyme Refugees. Pouvez-vous nous raconter cette collab ?
Ah oui Faf Larage, c’est une rencontre merveilleuse. On l’a rencontré par l’intermédiaire de notre clavier Denis Filosa qui, d’ailleurs a enregistré et mixé l’EP. On lui a proposé de poser sur Refugees. Il a accepté pour notre plus grand plaisir. On a beaucoup discuté de nos parcours communs, de nos vies et de la vie de nos familles respectives qui elles aussi ont fui ou tout simplement migré vers ce beau pays et cette terre d’accueil qu’est la France. Il a écrit et posé ce texte magnifique et tellement juste. Nous avons aussi tourné un clip qui devrait sortir très prochainement.

À quand un nouvel album ?
Nous espérons rentrer en studio pour cette fin d’année 2023. Nous sommes en processus de création, quelques pépites sont en préparation, il nous tarde de vous les faire découvrir.

Si les 3 chanteuses Fouziha, Sabrina et Sophia sont toujours présentes, qu’en est-il des musiciens ??
C’est vrai qu’il y a eu du mouvement mais les membres originaux du groupe sont Sophia, Cyril le bassiste et moi-même. Sabrina est avec nous depuis une bonne dizaine d’années.  Le percussionniste Arnaud est aussi avec nous quasiment depuis les débuts. On a ensuite été rejoint par Franck le batteur qui est avec nous depuis presque 8 ans ainsi que notre ami Stéphane guitariste. Sans oublier notre ami Serge guitariste aussi qui est avec nous depuis 3 ans environ. Le dernier arrivé est le clavier Stéphane. Nous sommes également solidement épaulés par notre ami Denis Filosa.

Il y 23 ans à l’occasion de notre premier interview vous nous expliquiez à quel point il existait une solidarité entre artistes marseillais. Est-ce quelque chose que vous ressentez toujours aujourd’hui ? Est-ce la même chose dans le rap et le reggae ?
La solidarité est toujours là, nous nous connaissons depuis les débuts, dès qu’un évènement est organisé, on se retrouve, après il est vrai qu’il ne reste plus beaucoup de groupes de l’époque.
Je ne peux pas trop vous parler de rap et de la solidarité chez les rappeurs.

Votre ressenti, vos émotions, sont justement la base de votre processus créatif. Pouvez-vous expliciter la chose. Écrivez-vous tous les jours ou avez-vous besoin d’un riddim pour vous inspirer ?
Les textes sont d’abord écrits puis posés sur les riddims. Souvent on tombe juste, le texte et la musique s’assemblent parfaitement et parfois on revoit notre copie, il arrive qu’on laisse tomber une version pour y revenir quelques temps après. En ce qui me concerne j’ai un carnet de note, des bouts de phrase, des idées, des mots qui sonnent comme une musique. L’écriture n’est pas un processus facile. Trouver le mot juste, pas si évident. Nous en tout cas on part toujours du fond, du message.

En 1993 au moment de lancer le groupe, qu’est-ce qui a fait que vous avez voulu mélanger raï et reggae ?
Ce n’était pas calculé comme un moyen de lancer le groupe ou comme une mode, cela s’est fait tout à fait naturellement, on a mis nos racines, notre identité dans notre musique. On a trouvé que le mélange passait plus que bien, sans se poser plus de question que ça.



Votre condition féminine a-t-elle eu une influence sur votre carrière musicale ? Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ? Et les choses auraient elles étaient similaires aujourd’hui ?
Sans le vouloir et sans le savoir, nous ne sommes pas du genre à nous attarder sur les discriminations, elles existent sûrement, on laisse ça au misogynes et aux féministes qui aiment parler de ça. Nous on avance aussi vite qu’on le peut. Je pense que le fait que nous soyons 3 femmes a rendu les choses plus simples. On a fait bloc ensemble. Il est vrai que le trio vocal féminin dans le reggae n’est pas courant, cela a fait peut-être de nous des curiosités, quand on attire les yeux et les oreilles même si c’est involontaire il faut s’attendre à tous types de réactions. Mais j’aime penser que seule notre musique est importante et que ce n’est pas le fait de notre condition féminine. Cela nous permet bien évidement de parler et d’évoquer la condition de la femme dans ce monde... il y a du boulot ça c’est sûr et certain.

A quoi peut-on s’attendre lors de votre show à Paris ?
Nous sommes ravis de jouer à La Peniche Antipode à Paris. On va partager la scène avec le groupe Waan Heart Band. On sera en promo pour toute la semaine du lundi au vendredi. Le planning a été concocté par Max Nordez de IWelcom, un grand support, c’est quelqu’un de professionnel mais aussi un passionné, qui gère les choses avec son cœur. Pleins d’émissions et de live sont prévus, on va se régaler.

Un nouveau projet à venir ?
Nous attendons le clip avec Faf Larage dans un avenir très proche, ensuite nous espérons une entrée en studio pour l’album en fin d’année et bien évidemment des concerts à foison.

Un dernier mot pour les lecteurs de reggae.fr ?
Nous remercions ceux qui nous soutiennent, nous remercions également Max Nordez de IWelcom, notre distributeur V8 de chez Believe et Pyrprod notre tourneur.

Par Propos recueillis par LN
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