On dit souvent que la valeur n’attend pas le nombre des années, Young Chang Mc vient nous le prouver avec son premier album « 100 zanmi » (Sans amis).
En 18 titres, ce garçon originaire de la commune d’Anse-Bertrand en Guadeloupe, nous invitent à partager ses préoccupations et celles des jeunes de sa génération, avec une lucidité rare pour quelqu’un de 18 ans. Il aborde des thèmes récurrents dans le reggae, mais il le fait avec une maturité et une originalité qui lui est propre, sans jamais se poser en moralisateur ou en détenteur d’une vérité.
Cet œuvre met à l’honneur les prédispositions et les qualités artistique du jeune homme, mais on y découvre aussi quelqu’un et s’est sans doute le plus important quelqu’un qui véhicule des bonnes vibrations, sans niaiserie et sans discourt entendu. Pas de slackness dans ses textes, lorsqu’il démystifie la police il prend le soin de préciser qu’il parle des flics qui font mal leurs boulots.
Son flow rapide et offensif allié à des lyrics incisifs permettent à Young Chang de se démarquer de la foule des DJ’s underground.
A l’aise sur différents styles musicaux, l’intro et le morceau « Gosse » témoigne de ses influences Hip hop, il se pose aussi sur du soca « On dot jou », sur du nu-roots, en combinaison avec Sam X sur le titre « On limiè » ou même sur du R’n B dans « Touche »featuring
Ocsen, un hit en puissance. Mais « 100 zanmi » est avant tout un très bon album reggae dancehall .
Dans des morceaux comme « Vote en nou » chanté avec Jenone, « Pou yo » avec Saïk, ou encore « He », Young Chang ne mache pas ses mots au sens propre comme au figuré. On comprend facilement ce qu’il dit (si on parle le créole) et c’est tant mieux car ce garçon à des choses intéressantes à nous raconter, notamment sur les péripéties de la vie comme dans « On dot tè » ou encore « Méfiew », très bien introduit par l’interlude qui le précède.
Young Chang se distingue aussi par la qualité de la réalisation de ce premier album, produit par l’équipe de Genesiz. Les doublages sont fins et placés de façon subtile, tout comme les breaks qui font claquer les mots comme la lanière d’un fouet.
Dans ses morceaux, il alterne habillement le toast et les phases chantées, créant des mélodies qu’on prend plaisir à fredonner. L’auditeur n’est jamais lassé par son flow qui peu paraître un peu stéréotypé.
La diversité et la qualité des riddims font de « 100 zanmi » un album tout terrain dont les titres peuvent être jouer en sound systèm bien sûr mais aussi en club ou en radio sans que l’artiste ne perde une once d’authenticité « Tempo ay » ou « Sexy gwada » en sont de bons exemples.
Du début à la fin on prend plaisir à écouter les 18 titres qui ont chacun une couleur et un charme différent, ce qui fait qu’on a jamais d’effet de redondance en écoutant l’album en boucle. Ne vous arrêtez pas à la pochette que personnellement je trouve de mauvais goût, achetez le et préparez vous à danser, sauter et écouter des lyrics bien écrits qui conduisent à la réflexion.
Je conseille aussi l’écoute de 2 morceaux de Young Chang qui ne sont pas sur le disque, « Couché a soley » sur le mariposa riddim et « An vwè », un titre Hip hop, diaporama façon « En Gwadada » d’
Admiral T, de la société guadeloupéenne, « … An vwé lanmè an vwè sab an vwè soley évè cwab jis a tan an vwè ki jan yo té ka fou moun kou sab… » (J’ai vu la mer j’ai vu le sable, j’ai vu le soleil et les crabes jusqu'à ce que je vois comment les gens se prenaient des coups de machette.)