Hommage à Lee Perry pour le jour de son anniversaire
Roots 15

Hommage à Lee Perry pour le jour de son anniversaire

20 Mars 2023

Le génial Lee Scracth Perry aurait eu 87 ans ce jour. Il nous a quittés brutalement en août 2021 à 85 ans, alors qu'il entamait la construction de son projet LSP Community et qu'il n'avait jamais cessé de créer.

Ni simple producteur, chanteur, parolier ou compositeur, encore moins simple ingénieur du son, Lee Scracth Perry était tout ça à la fois et plus encore. Artiste complet, il est difficile d’appréhender la complexité du personnage en se concentrant uniquement sur son travail musical tant son inspiration est prolifique en matière de sculpture, de peinture, d’écriture où même d’expression corporelle. Lee Perry était un véritable génie, une version jamaïcaine et reggae de Dali et de Picasso qui a sublimé le talent de Bob Marley et transformé à tout jamais l’histoire du reggae et du dub.

Nous lui rendons un vibrant hommage ici : https://reggae.fr/lire-article/4307_Lee-Perry--veritable-genie.html

Découvrez ou redécouvrez nos derniers interviews vidéo avec l'artiste ici ou .

Nous vous proposons également ci-dessous de retracer une dizaine de productions de l'artiste, sorties tout droit du mythique studio Black Ark, et qui ont largement changé la face et l'histoire du reggae à jamais.

Entre 1973 et 1979, le Black Ark Studio de Lee Perry était le centre de gravité de la production en matière de reggae. Avec sa petite table de mixage 4 pistes, Scratch est parvenu à créer un son abyssal totalement novateur, changeant à jamais la façon de créer du reggae. De ce lieu mythique sont sorties
quelques-unes des productions reggae les plus influentes de l’histoire. Des albums remarquables aux commentaires sociaux forts et aux qualités sonores inégalables comme War Ina Babylon, de Max Romeo, Police and Thieves de Junior Murvin, Heart of the Congos des Congos ou encore Duppy Conqueror, Mr Brown, and Small Axe des Wailers.

Retour sur ces prods qui ont changé à jamais l'histoire du reggae.

War Ina Babylon, de Max Romeo
En 1975, Max Romeo enregistrait un album qui allait faire date dans l'histoire de la musique jamaïcaine. Associé à Lee 'Scratch' Perry en tant que producteur et à son groupe The Upsetters, il crée War Ina Babylon dans un contexte politique tendu. Le titre éponyme de cet album reste l'un des plus marquants de la carrière de Max Romeo tant pour sa composition originale que pour son commentaire social toujours pertinent près de 40 ans après sa sortie. « Cette chanson est comme une prophétie », raconte Romeo. Ce n'est pas à propos d'un endroit en particulier. Quand je dis « le barbier n'aime pas le policier », ça peut vouloir dire : « le chrétien n'aime pas le musulman  et vice versa ».



L'album contient aussi le morceau Chase The Devil. « Lucifer son of the mourning ! » Qui ne connaît pas cette intro mythique ?  « Je vais enfiler mon armure et chasser le démon hors de la Terre » déclame Max Romeo sur un riddim déroulé impeccablement par les Upsetters. Le son du Black Ark à l'état pur !



Police and Thieves de Junior Murvin
Police And Thieves est certainement l'un des plus grands hits de l'histoire du reggae produit par Lee Perry. Au chant, on retrouve un jeune falsetto à la voix perçante et inoubliable : Junior Murvin. Il fait partie des Upsetters, la fameuse bande de chanteurs et musiciens formée par Lee Perry au Black Ark Studio. Police And Thieves est le résultat d'un des nombreux délires musicaux auxquels se livraient ces talentueux artistes. Une après-midi de 1977, Junior Murvin s'amuse avec les musiciens, sort quelques lyrics spontannées... Perry assiste à la scène et décide d'enregistrer le morceau immédiatement. Plusieurs jours plus tard, la chanson est déjà un hit tant elle retentit de vérité à une époque où la brutalité policière et la violence des gangs touchent les plus démunis. Et l'histoire de ce titre ne faisait que commencer... L'année d'après, il reçut un succès phénoménal en Angleterre et fut même repris par le groupe punk phare de l'époque : The Clash. Pour accentuer le mythe, on retrouve ce titre dans le film "Rockers" et, bien des années plus tard, dans "Arnaques, crimes et botanique"...
A noter que Murvin a enregistré une autre chanson sur la même instru : "Bad Weed", que nous écoutons également plus bas, ainsi que la version des Clash.







Heart of the Congos des Congos
Heart Of The Congos est considéré comme un des plus grands chefs-d'oeuvre de la musique jamaïcaine, si ce n'est LE plus grand. Lee Perry à la production et trois voix uniques et inimitables, celles de Cedric Myton, Ashanty Roy et Watty Burnett en sont les secrets. Aux choeurs, on retrouve un casting de luxe tout au long des morceaux : Gregory Isaacs, Barry Lewellyn, The Meditations ou encore Earl Morgan. L'ambiance qui se dégage de l'album n'a jamais été égalée. Le son est travaillé comme jamais, les harmonies soignées au possible et les thèmes abordés reflètent une époque où la musique consiente et culturelle était reine. Extrait avec Fisherman et Congoman :



La collaboration avec The Wailers
Bob Marley et Lee Perry se sont rencontrés à l’origine chez Coxsone, mais quand le chanteur vient voir le producteur pour travailler avec lui, il tombe plutôt mal car Perry est dans sa période de création instrumentale et il n’est pas intéressé par les voix, et encore moins par l’idée d’enregistrer des chansons
à texte. Il perçoit cependant chez Bob Marley les même désillusions que celles auxquelles il dû faire face quelques années auparavant et accepte une collaboration qui va s’avérer plus que fructueuse. Lee Perry est sans doute le premier à remarquer que Bob est celui qui va se démarquer du trio formé avec Peter Tosh et Bunny Wailer. Il l’aide à développer son art et les deux hommes nouent des liens forts, s’apportant beaucoup mutuellement. Ils écrivent des chansons ensemble (Soul Rebel, Small Axe, Duppy Conqueror...), des titres lourds de sens, considérés par beaucoup comme les meilleurs morceaux des Wailers, ceux qui ont façonné l’identité de leur musique, le côté rebelle et sans concession de leurs paroles et la puissance de leur inspiration reggae roots.









Lee Perry nous avait même confié à ce propos : « Vous savez, je suis celui qui a fait exploser Bob Marley. Même Coxsone l’a dit avant de mourir. Il a reconnu que je suis à l’origine du phénomène Bob Marley. J’ai beaucoup fait pour Bob, comme s’il était mon fils. »

Un des autres titres emblématiques de cette période est Fussing and Fighting. Le message à la fois naïf et évident incarne cette volonté de propager la paix partagée par l'ensemble des artistes reggae. On commence à percevoir le son abyssal de Perry qui caractérisera le Black Ark Studio. La qualité sonore n'est pas vraiment au rendez-vous, mais on ressent toute l'intensité que cette session devait dégager avec les mélodies cuivrées, les harmonies rythmées et les envolées lyriques du Tuff Gong. Magistral !



Blackboard Jungle
Malheureusement, des différends concernant des droits d’auteur vont avoir raison de leur relation et, en 1972, le génial trio vocal The Wailers quitte le Black Ark Studio en emportant avec lui les frères Carlton et Aston Barrett pour jouer la basse et la batterie sur les futurs albums et tournées du groupe puis de Bob Marley en solo. La collaboration avec Bob fut courte mais intense, et comme Perry n’avait pas abandonné ses délires et ses expériences sonores, il décline en dub certains morceaux des Wailers puis sort un album qui fera date dans l’histoire du dub et dans celle de la musique en général : Blackboard Jungle Dub. L’opus est un parfait exemple d’expérimentation sonore et de maîtrise technique musicale, où le chahut de Lee Perry apparaît comme parfaitement organisé.

Par La Rédaction avec A. Grondeau et J. Marsouin
 
Par Reggae.fr / La Rédaction
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