À l'occasion de la sortie de la première biographie consacrée à Tonton David - Tonton David Le prince des débrouillards (disponible en précommande sur www.lalunesurletoit.com pour le recevoir avant Noël et sa sortie officielle en février), nous vous proposons chaque jour un extrait de l'ouvrage, signé Alexandre Grondeau.
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L’école de la rue
"Tout au long de sa carrière, David est resté authentique, fidèle à son histoire, à son parcours agité, parfois chaotique. Quand de nombreux artistes s’inventent des vies, tentent, à l’aide de multiples anecdotes romancées, de convaincre de leurs origines populaires et miséreuses, bombent le torse en expliquant qu’ils sortent du caniveau, qu’ils ont affronté les drames intimes les plus violents, qu’ils ont fréquenté les pires bandits, qu’ils en sont même pour certains, et que leur réussite tient plus du miracle que de la rationalité, le chanteur reste discret. Tonton David n’a pas besoin de s’inventer une destinée, ni de courir après une « street crédibilité ».
L’école de la rue, il la connaît, il l’a longtemps pratiquée, jeune, très jeune même, et il sait combien elle est implacable et parfois injuste avec ses enfants. Il n’y a pas de quoi être particulièrement fier de faire partie de ses rejetons, mais, cela dit, il n’y a aucune raison non plus de s’excuser d’en avoir été. On choisit rarement de la rejoindre, c’est plutôt elle qui vous accueille quand la précarité sociale ou les désordres familiaux, parfois les deux, s’invitent dans votre quotidien.
La rue accepte tout le monde, elle ne fait pas de sélection à l’entrée, elle peut servir de tuteur, de béquille, de famille de substitution, mais elle est aussi implacable dans son fonctionnement, exigeante et sans pitié pour les plus faibles. C’est une école de la vie, mais de la vie difficile où tout est permis : combines, magouilles, vols, trafics, violences. Les règles sont celles de la voyoucratie, les lois sont celles du silence, de l’omerta et du Talion, la justice est celle du plus fort, même si on y constate aussi de la solidarité, de l’entraide, une formidable créativité et de l’ingéniosité. Le monde n’est jamais blanc ou noir, toujours dans les dégradés de gris, c’est ce qui pousse beaucoup de ses habitants à ne pas désespérer et parfois même à aimer la rue et à la revendiquer."
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