Tout juste un an après son dernier passage parisien, Junior Kelly était de retour dans la capitale à l’Elysée Montmartre. LMJ, groupe féminin jamaïcain, partage l’affiche et assure la première partie de ce concert. Aucune actualité musicale récente pour le singjay (son dernier album, « Tough life », remonte à 2005), néanmoins il occupe toujours une place importante sur la scène reggae internationale ainsi que dans nos cœurs. Viendra-t-il s’amender pour sa performance mitigée de l’année passée ? A 20h, à notre arrivée, les portes sont déjà ouvertes. Après réception de nos pass presse, nous pénétrons dans la salle. A notre grande surprise les rideaux noirs sont tirés et l’Elysée n’a plus qu’un quart de sa capacité d’accueil. Et même avec ces rideaux, la salle est à moitié remplie en ce début de soirée. Les raisons ? Nul ne peut préjuger d’une raison particulière, mais la promotion tardive du concert, les vacances de pâques, la crise économique et le prix du billet ont sans doute été des facteurs décisifs. Peu importe, la soirée ne fait que commercer, et espérons qu’elle se déroule pour le mieux ! Le Own Mission a déjà terminé sa prestation et nous entendons LMJ. Groupe de chanteuse composé de Nina, Brady et June, elles ont l’habitude de chanter pour des artistes en tant que chœur et ont également à leur actif un album sorti en 2007. Elles font la promotion de leur nouvel album « Not divided » ce soir et essayent de chauffer la salle. Elles se démènent sur scène pour faire bouger un public assez peu réceptif à ce trio féminin. Peu de retour, même lorsqu’elles reprennent du Marley (« kaya »). Alliant modernité, avec des riddims tel que le magnifique « rub a dub », et hommage aux « anciens », LMJ a alterné des reprises telles que « dreamland », « keep on moving » pour la partie Wailers, ou encore un timide et raté « glass house » de Peter Tosh. Il faut avouer que le rythme est rapide et manque de recul pour être percutant. Après une trentaine de minutes d’un show relativement décevant, elles quittent la scène sous un silence assourdissant. Pas de pause, et le batteur annonce Junior Kelly dans la foulée. Le public, non conquis par LMJ, répond timidement à cette annonce. Une courte introduction pour attirer la foule et le « truth and rights riddim » retentit. Junior Kelly déboule sur scène en chantant son hit « Tough life ». Toujours accueilli avec autant de ferveur, une partie du public exulte à son arrivée, laissant une autre moitié apprécier son flow. Le Signature band, composé d’un batteur, d’un guitariste (qui a véritablement assuré), d’un clavier et d’un bassiste, enchaîne directement sur « missing you » où une choriste de LMJ rejoint Junior Kelly pour partager le chant. L’habituel medley « dem story » et « the more I see her » est bouclé rapidement. De mauvais souvenirs du concert de l’année passée, où la rapidité avait prévalu sur la qualité, ressurgissent. La première partie du show est très (peut être même trop ?) rapide. Les titres s’enchaînent, ne laissant aucune place à l’appréciation musicale. De plus, une partie du public est mitigée : Ses gros hits comme « receive » ou encore « rasta should be deeper » ne reçoivent qu’un retour peu soutenu. Les pull up de Junior Kelly aidant, ils réussit tant bien que mal à s’attirer les faveurs de la salle. Le concert prend une autre tournure à l’amorce de « smile ». Cette année, il ne descend malheureusement pas dans la foule mais fini par fédérer l’ensemble du public qui a grossit a vue d’œil dans la fosse. Le « zion gate riddim », et ses fameuses notes de piano, a le droit a une ovation lorsqu’il commence « you can make it right », qu’il pull up dans la foulée. Cela faisait un petit moment qu’il ne l’avait plus chanté en live et cela fait plaisir de réentendre ce vieux morceaux. Le public est conquis par le concert. Junior Kelly prend maintenant le temps de parler et s’adresser à son audience. Cela calme le jeu et profite à la qualité de l’ensemble. Il entonne à présent quelques nouveautés : « Freedom » (titre téléchargeable gratuitement sur son site officiel), « justice » et « Jah Jah’s people ». Cela nous amène à espérer qu’il sorte un nouvel album et surtout qu’il aborde le sujet ce soir. Apparemment ceci n’est pas d’actualité. Les personnes ont été réceptives à ces nouveaux titres, ce qui enchante Junior Kelly. Les premières notes de « love so nice » viennent nous remercier. Ce titre fait mouche à tous les coups. Il n’est pas son hit le plus connu pour rien ! Junior Kelly nous parle d’amour justement avec un speech humaniste et profondément touchant lorsqu’il parle de liberté, de respect d’autrui, etc. Ceci est indissociable de la présence de Jah : Il met sa voix à l’épreuve sur « Jah will be there » avant de quitter la scène après seulement une heure de présence. Trop peu pour le public qui en redemande. Le rappel est explosif avec un medley d’une vingtaine de minutes où il reprendra « hungry days », « Jah nuh dead », « black woman » et « blaze », entre autres. Il part définitivement, acclamé par le public. Il est un peu moins de 22 heures et nous attendons un ultime retour de Junior Kelly. Le batteur nous demande d’ovationner l’artiste afin qu’il revienne. 10 minutes passent et après des discussions en backstage, les lumières se rallument irrémédiablement sous les huées d’un public déçu de ne pas revoir revenir Junior Kelly. A qui la faute ? Une soirée mi figue mi-raisin : Une salle très clairsemée, une première partie mal accueillie et une fin de soirée particulière. Mais mis à part ce couac à la fin du concert, la prestation de Junior Kelly a fait oublier celle de l’année passée. Sa prestation était de bien meilleure qualité, même si le public n’avait pas répondu présent en masse, il a mis le feu et contenté les personnes présentes. Apprécié pour sa générosité sur scène, il sait rassembler par sa communication.