Nuttea

Nuttea

Vrai nom : ....
Nationalité : Francais

Si les puristes et les fans de reggae savent depuis longtemps qui est Daddy Nuttea, il n’est pas inutile de rappeler son CV pour tous les autres : chanteur et toaster guadeloupéen, Nuttea a fait ses classes dans le reggae à la fin des années80 au sein du mythique sound system High Fight International, qui comptait également dans ses rangs Polino, Tonton David et Don Lickshot.

Dès 1992, Nuttea se fait remarquer en solo sur la compilation Rapattitude 2 avec le titre « Un Deejay Parmi Des Millions De Deejays », puis il sort l’année suivante Paris Kingston Paris, un premier album qui l’emmène en Jamaïque, où il collabore avec le duo de producteurs Steely & Cleavie. La réputation de Nuttea grandit, il rencontre le groupe IAM, avec lequel il enregistrera plusieurs chansons dont « Un Cri Court Dans La Nuit » sur leur album millionnaire L’Ecole Du Micro D’Argent.
Retour Aux Sources est un disque splendide, sur lequel Nuttea reprend le « Natural Mystic » de Bob Marley (clippé par JoeyStarr). Le succès commercial arrive en 2000 avecUn Signe Du Temps, mélange de dancehall pour connaisseurs et de tubes mélodiques qui lui amènent un large public. La même année, il participe à la BO du film Taxi 2 au sein du collectif One Shot. Carton encore une fois. Nuttea est partout, en concert, sur les radios, à la télé. Mais le succès ne l’empêche pas de rester exigeant quand il s’agit d’enregistrer la musique qu’il aime.
En 2004, Urban Voodoo, un album ambitieux entre rap et reggae produit par Handel Tucker, est loué par la critique mais boudé par le grand public. C’est le moment pour Nuttea de marquer une pause. Après avoir quitté sa maison de disques, il retrouve sa liberté et profite de la vie après des années à travailler sans relâche. Nuttea va recommencer à chanter via le milieu underground des sound systems. « C’est comme ça que j’ai repris goût à la musique. Un mec m’a engrainé pour que je vienne sur scène, je me suis retrouvé en Bretagne avec le sound Legal Shot, le plus gros de la région, et c’était mortel. J’ai fait tous mes classiques, “Elle Te Rend Dingue“, “Trop Peu De Temps“… Face à des puristes, ça l’a fait mortel. Ils n’aimaient pas quand ça passait en radio mais quatre, cinq ans après, ils ont changé d’avis ! »
Pourtant, les classiques ne suffisent pas à Nuttea, qui compose de nouveaux tunes. Le virus du reggae, dont il est atteint à vie, le pousse à enregistrer un nouvel album. Seul problème : comment faire sans un budget de major ? Car le reggae coûte plus cher à enregistrer que le rap… « On voulait faire un disque lourd, pas un album qui sentait la misère. Le reggae, il faut pouvoir payer des mecs qui savent jouer. Si tu veux un son correct et un bon mix, il faut cracher.
Mes prestations dans les sounds ont financé l’affaire, j’ai aussi trouvé un associé. Il y a au moins trois ans qu’on est dessus. Comme on est pauvres, on n’a pas pu tout enchaîner, on a fait des “pauses financières“ ! Mais on a eu deux morceaux avec Sly & Robbie, “Hexagone“ et “Gardien Du Temple“ featuring Balik du groupe Danakil, produits par le label de reggae Soul Vybz.
Demarco est invité sur “Wine“, et j’ai fait deux titres avec Derrick, le bassiste de Sagittarius Band ».
IAM a répondu présent pour la chanson qui séduira les fans hardcore jusqu’à la mort : « Pompes Funèbres », une tuerie dancehall d’une efficacité meurtrière. « On s’est fait plaisir. J’ai balancé l’instru à Chill et ça s’est fait naturellement, ce sont des potes ». « Silhouette » est une adaptation de Dennis Brown, « Qui Sait » évoque la passion de la musique, le calypso « Jamaica Farewell », orchestré autour d’une guitare sèche, parle de l’immigration, mais sous la forme d’une chanson d’amour. « Je Prie » flirte avec le gospel. « C’est une chanson dure à décrire, un mélange entre R. Kelly et le “Redemption Song“ de Bob Marley ! On aime ou pas, mais j’ai pris un risque ». « Héros », ouverture de l’album et single évident, témoigne de la qualité de ce disque inespéré. On en oublierait presque que Daddy Nuttea et son équipe ont du affronter les pires galères : « On a été à New York, on enregistrait 24 heures sur 24, on dormait dans le studio ! Les gens vont croire qu’on avait plein de thunes pour aller aux USA, mais c’était quarante fois moins cher qu’ici, un pote qui travaille à l’aéroports nous a eu des billets discount, et le studio coûtait 2000 dollars pour quinze jours. Ça a été intense mais on a réussi à faire ce qu’on avait à faire, et
ça en valait la peine. Musicalement, je suis content. Je ne me voyais pas essayer de coller à ce qui se fait en ce moment. J’ai joué la carte de l’authenticité, j’ai fait ce que je savais faire. Je n’ai pas essayé d’être à la mode, je suis vintage. Il y a des riddims originaux qui font penser à des classiques ».
Bref, à 43 ans, le vétéran Nuttea est au top, prêt à prouver à une industrie discographique en déroute qu’il a toujours son public et son savoir-faire. Et cette fois, il est responsable de tout : écriture et production, mais aussi mix et visuels de pochette.
« L’album s’appelle Mister Reggae Music. Je me la raconte un peu mais il ne faut plus avoir peur de l’ego trip, maintenant. Après vingt ans dans le reggae, c’est bon, on peut y aller ! »
Et on y va de bon coeur. Don’t pull up, sélecteur, Nuttea est de retour dans le secteur.

Biographie par Olivier Cachin
Commentaires (0)
Les mixtapes
& podcasts
écouter

Nuttea, les derniers articles