Beaucoup le voient comme le leader du renouveau du reggae music dans les années 90. Mais malgré son succès, l’auteur le plus prolixe de sa génération reste l’emblème du ghetto jamaïcain.
Sizzla est né de parents rasta qui vivaient dans une communauté d'August Town. Il passe son enfance à voir l’explosion du dancehall dans les 80’s. Mais loin d’adhérer aux thèmes alors à la mode des paroles vulgaires ou de l’appel à la violence, il reste fidèle aux préceptes que lui ont enseignés ses parents. Il pratique le chant et préfère se tourner vers des sujets plus culturels. Sizzla fit ses premières armes en tant que deejay au sein du sound-system Caveman Hi-Fi. C’est en 1995 que sa carrière va véritablement commencer après sa rencontre avec Bobby Digital. Ce dernier le fait poser sur une série de riddims qui vont permettre à l’artiste de se faire connaître. Parallèlement, il rejoint l’ordre rasta des bobo-dreads. La deuxième rencontre qui va faire de Sizzla l’artiste numéro 1 en Jamaique est incontestablement celle qu’il fait avec Fatis Burrel. Le patron d’Xterminator va travailler en symbiose totale avec Sizzla et va produire les 2 premiers albums « Burnin Up » et « Praise Ye Jah ». Suivra "Black Woman & Child" qui reste comme un des albums incontournables dans l’histoire du reggae & du dancehall. Nommé aux Mobo Awards en 1998, il ne s’arrête plus de sortir des titres et des albums parmi lesquels « Kalonji » ou « Royal Son of Ethiopia ». Si ses tournées sont de véritables succès, elles sont bien courtes et rares. De plus l’artiste entretien de très mauvais rapport avec l’industrie du disque et les médias. Les plus folles rumeurs naîtront de sa quasi-absence d’interviews et de reportages. Si certains de ses propos ont été perçus comme racistes, Sizzla est revenu dessus et a tenté de préciser ses pensées. Quoi qu'il en soit, l’artiste continue à travailler et sort environ 4 ou 5 albums par an. Citons « Bobo Asanthi », « Taking Over » ou encore « Da Real Thing » où il retrouve Bobby Digital et signe des tubes d’anthologie comme « Solid As A Rock », « Just One Of Those Days » et « Thank U Mama ».
A ce jour, il est difficile de faire une liste exhaustive de tous les albums de Sizzla. L’artiste pose à droite à gauche, collabore avec différents producteurs et se perd parfois... privilégiant la quantité à la qualité. Ses attaques envers la communauté homosexuelle et son refus de s’excuser à ce propos n’arrangent pas sa situation. Des tournées sont annulées un peu partout dans le monde. Mais les fans ne faiblissent pas. Le talent vocal de Sizzla reste indéniable et il est toujours considéré comme le leader de la nouvelle génération. Il marque les esprits en 2006 avec 2 excellents albums : « Ain’t Gonna See Us Fall », plutôt dancehall, et « Waterhouse Redemption » où il reprend les grands riddims créés à Waterhouse, comme Sleng Teng, Landlord, Lots Of Signs, I Love King Selassie... Mais de nouveau des histoires sombres viennent entacher sa réputation. On retrouve des armes chez lui et on le soupçonne de fricoter avec les gangs du coin. Mais en tant qu’artiste bourré de contradictions, il revient avec des albums conscients comme « Ghetto Youth-Ology » en 2009 ou « The Scriptures » en 2011. Début 2012, sortiront « The Chant » et "In Gambia". Il dépasse les 65 albums au compteur.
Un seul conseil pour tous ceux qui décrient cet artiste : allez le voir sur scène. En effet Sizzla reste comme un des 2 ou 3 meilleurs showmen du dancehall. Ses concerts sont de véritables fêtes où il explique sa pensée entre deux tubes. Et à écouter ses propos, on est rassuré. Si l’homme vient du ghetto, et qu’il a été confronté très tôt à la violence, il reste lucide sur les qualités et défauts de l’homme de manière générale. Black & White unity! ! !