Ce groupe ne ressemble à aucun autre. Sept personnes d’origine différente se réunissent afin d’exister les uns pour les autres et non pas les uns contre les autres. Plus précisément : pour faire de la musique. Le mélange des cultures au sein du groupe crée une « vibe » inédite. Les pays d’origine des membres du groupe font penser à la liste de présence de la moitié de l’ONU : Larsito, Don Cali, Lafrotino viennent de Colombie, Johnny Strange vient d’Ouganda, Itchyban vient de Pologne, Chino con Estilo vient de Corée et pour finir Mr. Reedoo vient d’Allemagne. On peut mettre au placard le portrait poussiéreux de Roberto Blanco, l’Allemagne peut arrêter d’exhiber ses clichés de l’étranger. Les
Culcha Candela sont là!
Les années suivantes sont marquées par de nombreuses tournées à travers toute l’Allemagne. En 2004, les deux premiers clips du groupe sont diffusés, le premier album Union Verdadera sort dans les bacs et atterrit dans les charts. La machine Culcha est lancée.
Breathe and Cut
Une année seulement s’est écoulée depuis Union Verdadera et il est déjà temps de prendre un nouveau départ: « C’est un autre niveau, on est passé à l’étape suivante », déclare Don Cali. Le nouvel album Next Generation est prêt – et ils l’ont tellement peaufiné et astiqué qu’il brille de mille feux: « Nous avons essayé de faire en sorte que les titres soient plus cohérents afin de donner au disque une vraie structure. Le son Culcha, la pensée Culcha reste la même, mais avec une touche de qualité supplémentaire. Du moins, c’est ce que nous espérons! », explique Larsito. « Nous avons eu un esprit plus critique les uns envers les autres. Dans ce domaine, on a vraiment changé », raconte Johnny au sujet de leur manière de travailler. « Nous avons mûri », ajoute Mr. Reedoo, « l’aspect live est aussi plus présent dans le nouvel album. Presque toute la musique est enregistrée en direct live. Le second album est plus aéré, il respire, il est plus cool. »
En effet, dès la première écoute, on remarque le caractère organique des morceaux. Que ce soit dans Next Generation (premier single et morceau-titre de l’album, un morceau reggae mélodique teinté de swing, mais qui impressionne également par sa profondeur émotionnelle inédite) ou dans l’hymne pacifique More Peace (titre qui réussit merveilleusement à allier le groove hip-hop au son rock vintage), on sent à quel point la musique de
Culcha Candela va chercher au plus profond des racines des membres du groupe. Mais des chansons telles que le mix reggae incroyablement groovy Comeback (soit dit en passant il s’agit là d’une collaboration avec Mellow Mark et Martin Jondo. C’est le premier featuring que l’on trouve sur un disque du groupe) ou bien le tube Partybus montrent que le groupe a évolué. Des titres tels que Fuego et Tanz! capables de mettre le feu à des salles entières, le magnifique morceau de ska imprégné de dub Who got the Key ou bien encore l’hommage latin-lingo au groupe Delinquent Habits Una Cosa... montrent que, depuis le premier album, le groupe a élargi son horizon. Et pourtant, on sent que les deux albums forment un tout. En matière de composition et de mise en scène,
Culcha Candela et Krutsch, génie de la production à qui l’on doit une fois de plus la quasi-totalité des morceaux de l’album (seuls deux titres n’ont pas été produit par Krutsch) nous prouvent qu’ils ont bien retenu la leçon. Next Generation n’est en aucun cas un assemblage fortuit de 14 morceaux, c’est un véritable album. Peut-être même un petit chef d’œuvre.
Respirez bien fort, un vent nouveau et frais souffle du côté de chez Culcha Candela!
Live
Revenons à l’un des aspects les plus importants qui définit l’image du groupe : le live! Après deux ans de tournée ininterrompue,
Culcha Candela tire le bilan: « Le fait que les gens connaissent maintenant les paroles et chantent est un avantage certain – c’est vraiment impressionnant! Quand on est reparti en tournée après une petite pause, on s’est dit : « Qu’est-ce qui se passe là ? » Tu regardes au premier rang, au second, au troisième et tout le monde est en train de chanter. C’est excellent! », explique Johnny Strange. L’auteur de ces lignes ne peut que dire une nouvelle fois:
Culcha Candela en live, c’est à voir absolument! Une session latinopower-rap succède à un cœur africain, le mouvement des sept membres et leur chorégraphie font croire à un feu d’artifice optique et les douces mélodies reggae de Mr. Reedoo vous donnent le frisson et on voit s’enflammer une mer de briquet. Ce sont ces qualités qui ont donné à
Culcha Candela la réputation d’être un des meilleurs groupes live de tout le pays, si ce n’est plus. Ce n’est donc pas une surprise de les voir faire la première partie ou de les retrouver sur scène au côté de pointures comme
Gentleman, les Söhne Mannheims ou le groupe hip-hop français Saian Supa Crew...
Things Fall Apart
Chez
Culcha Candela le désir de changer le pays et surtout sa façon de penser est plus que présent – mais le chemin sera long. Une autre « communauté », celle qui malheureusement donne le ton au discours politique et social d’aujourd’hui, possède un point de vue nettement plus pessimiste: « La société multiculturelle est un échec! », pour citer une prétendante au Bundesstag qui, malgré des progrès en matière de coiffure, reste bien terne et n’a sûrement pas encore réalisé à quel point ses déclarations se trouvent en porte-à-faux avec le quotidien multiethnique de la capitale. Mais de quelle planète vient-elle? En vérité cette déclaration est un coup de poignard dans le cœur des habitants de la métropole multiculturelle. Plus encore : chaque ville allemande partage cette douleur, puisque ces mots ignorent la réalité et font abstraction de toute une génération. A-t-elle encore besoin d’une preuve lui démontrant le contraire?
The Next Generation
« Tu vois, la meilleure preuve, c’est nous et notre existence! Nous avons un quotidien, nous sommes directement concernés. On ne peut pas dire que quelque chose ou quelqu’un soit en échec! », dit Lafrotino. Et Mr. Reedoo de renchérir : « Quand on regarde la structure ethnique dans les cours d’école, c’est vraiment mélangé! Quand ils parlent « d’échec », ils veulent peut-être dire qu’ils n’ont pas réussi à empêcher des personnes d’origines différentes de vivre ensemble... »
Mais nous ne voulons pas attiser un feu déjà bien alimenté à droite et rentrer dans le jeu des partis politiques: la présence de
Culcha Candela n’a pas besoin de justification. Sept personnes avec des racines dans cinq pays différents et venant de quatre continents font de la musique. C’est cette combinaison qui génère le son propre à Culcha - latin, reggae, salsa, hip-hop – plusieurs sons et influences se retrouvent dans les tracks des Candeleros, des textes avec un message et une histoire. Le monde est vaste et
Culcha Candela nous guide! Il y a de la place pour tout, sauf pour les frontières.
What´s Next?
Jusqu’où iront les Culcha Candela? « On veut atteindre le sommet, accompagnés de notre public mais tout en gardant les pieds sur terre, si possible », dit en plaisantant Itchyban. Il poursuit: « Nous voulons faire bouger les gens en Allemagne et leur faire partager notre conception d’unité. » « Les générations futures doivent avoir conscience que tout le monde est concerné, que tout le monde a son mot à dire et peut participer activement à ce qui se passe sur terre », ajoute Chino, le DJ du groupe, « D’une certaine manière, tout est devenu fade ici, notre musique doit offrir une alternative au côté destructif qui s’est développé. » Il est certain que le son positif des Culcha propose aux jeunes une sorte d’antithèse à la « gangster rap attitude » matérialiste et égocentrique si répandue de nos jours. Mr. Reedoo résume cela en une phrase: « Jamais cela n’a été aussi important que quelqu’un fasse la musique que nous faisons. »
Album: Next Generation. Date de sortie: 06.03.06