Tribute to Alton Ellis, Mr Rocksteady
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Tribute to Alton Ellis, Mr Rocksteady

Le 11 octobre dernier, Alton Ellis décédait à l’âge de 70 ans des suites d’un cancer lymphatique au Hammersmith Hospital à Londres. Surnommé "The Godfather of Rocksteady” and “Mr Soul”, Alton Ellis restera l’une des plus grandes figures de la musique jamaïcaine. A tel point qu’en général il nous paraissait inutile de le présenter lorsqu’il se produisait. Aujourd’hui il nous semble indispensable de rappeler les moments clés de sa carrière. Cela d’autant plus que les médias français ont relayé l’information de sa mort sans vraiment rappeler l’immensité de son talent. Pour la plupart de ces médias, Alton Ellis n’était que l’un de ces chanteurs jamaïcains qui a ouvert la voie à Bob Marley. La biographie hommage qui suit est entrecoupée de commentaires d’Alton Ellis que nous avions recueillis lors de sa venue en 2007 au festival Rio Loco de Toulouse. Né à Kingston en 1938, Alton Ellis a commencé très tôt sa carrière artistique. A l’âge de 16 ans il se produisait comme danseur puis il rencontra Eddie Perkins avec lequel il décida de former un duo. Très vite ils connurent le succès avec leur titre « Muriel » qui devint en 1959 un hit en Jamaïque. Perkins part alors aux Etats-Unis pour tenter une carrière solo. Lors de notre dernière rencontre avec lui, Alton nous raconta ces débuts : "Je participais à des concours locaux, j'étais bon danseur ! Mais au bout de 2 ans, j'ai décidé de chanter. J'ai commencé avec Eddie Perkins, qui allait encore à l'école à l'époque, moi je n'y allais plus et j'étais sans emploi. On s'est associés pour former notre duo 'Alton & Eddie'. Le premier titre a été 'Muriel' , on avait fait quelques titres avant mais pour 'Muriel' c'était la première fois que j'allais dans un vrai studio, c'est moi qui avais écrit la chanson". Alton Ellis enregistre ensuite quelques titres Ska, notamment pour Prince Buster, et continue de travailler avec le producteur Sir Coxsone du légendaire Studio One. Se considérant mal payé, il le quitte pour rejoindre le studio rival : Treasure isle de Duke Reid. Il travailla principalement pour ce dernier mais aussi pour d’autres producteurs (Clancy Eccles, Bunny Lee, Sir Coxsone qu’il retrouve en 1968, …). C’est à cette époque qu’Alton Ellis enregistra ses plus beaux titres Rocksteady, dont le morceau considéré comme le premier du style : Get Ready, Rocksteady, et les sublimes : Dance Crasher, La La Means I Love You, Willow Tree,… Il était parfois accompagné par le groupe The Flames. « Dans la façon dont on travaillait, il n'y avait rien d'officiel en matière de paperasse, tu venais chanter ta chanson et tu prenais ton argent », précisait-il amer. » Les années 60 furent jalonnées de succès pour Alton (I'm Still In Love, I'm Just A Guy), mais il était écœuré par le business musical jamaïcain qui ne le récompensait pas financièrement. "Il y avait de plus en plus de chanteurs. Dès que j'ai eu l'occasion de quitter la Jamaïque, je l'ai fais. Les artistes quittaient le pays parce que t'étais payé uniquement pour poser tes chansons, tu ne touchais pas de droits d'auteur, c'est pour ça que je suis parti moi aussi." Il s’installe définitivement en Angleterre dès 1973. Il y crait son propre label : All tone, avec lequel il réédite ses succès et grave quelques nouveaux morceaux. Alton Ellis enregistra plus de 250 titres et de nombreux duos dont les plus mémorables sont ceux avec Phylis Dyllon et avec sa sœur : Hortense Ellis. Il fit son grand retour en JA au début des années 80 au festival jamaïcain Reggae SunSplash et enregistra un dernier titre pour Sir Coxsone en 1991 : Man from Studio one. En 2002 il enregistre son premier live avec l’excellent groupe Bordelais de ska : ASPO (Alton Ellis Live With ASPO: Workin’ On A Groovy Thing, sorti chez www.patate-records.net). C’est par ce même groupe qu’il sera backé pour une tournée mémorable en France. ___________________ __________________________ En 2006, Alton Ellis est récompensé pour sa carrière lors de la 25éme cérémonie de l’IRAWMA (International Reggae And World Music Awards) à l'Apollo Theater de New York. Le chanteur continuait de tourner malgré la maladie. Comme l’a déclaré son agent après sa mort, la vie d’Alton était la musique et la scène. Dernièrement il était souvent accompagné sur scène par son fils Christopher. Alton Ellis n’était pas qu’un simple précurseur du reggae. C’est l’artiste qui a donné ses lettres de noblesses au Rocksteady avec sa magnifique voix soul qui mérite amplement la comparaison avec celles des artistes américains qu’il écoutait et chantait pendant son adolescence : Nat King Cole, Franck Sinatra, Louis Jordan,… Il suffit d’écouter son album Mr Soul of Jamaica pour en être convaincu. Alton confirme d’ailleurs cette proximité artistique : « Nous avons vraiment été inspirés par la Soul, les sound-systems jouaient les titres de Otis Redding, Sam Cooke ... J'ai d'ailleurs commencé à chanter en imitant Sam Cooke, puis quand j'ai rejoint Eddie, on a commencé à créer notre propre style, à composer d'une manière plus jamaïcaine, mais l'influence de la soul music était toujours présente ». Alton Ellis s’en allé et avec lui c’est un pan de l’histoire jamaïcaine qui s’éteint. Heureusement il nous reste sa musique et ses innombrables titres. Reggae.fr souhaitait marquer le coup et vous diffusera prochainement l’intégralité de l’entretien que l’artiste nous avait accordé. RIP Mr Rocksteady ! Vous pouvez laissez un message sur le site officiel Tribute to Alton Ellis : http://www.lastingtribute.co.uk/tribute/ellis/2922528

Par Greg (traduction : Nounours)
Commentaires (1)
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Par Mafranchi le 11/03/2011 à 01:00
Bless you Alton... Just a legendary talent

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