Coxsone
1935 – 2004
Surnommé « Sir
Coxsone » ou « The Downbeat ». Producteur de mento, calypso, blues, rythm ‘n’ blues, ska, rock steady, reggae, dub. Sans lui le reggae ne serait pas ce qu’il est aujourd'hui. Il a été et reste le plus grand producteur jamaïcain.
Né à Kingston en 1935, il fait ses études à l’école All Saints de Kingston. C’est à cause de son talent au cricket qu’on le surnomme alors
Coxsone en référence à un joueur anglais de l’époque, Alex Coxon. Il travaille ensuite dans des plantations de canne à sucre dans le Sud des Etats-Unis le rhythm ‘n’ blues en très en vogue à cette époque. De retour sur l’île, il décide d’avoir sa propre discothèque ambulante appelée «
Coxsone Downbeat ». Grand amateur de jazz, il diffuse surtout des programmes américains, mais rapidement, il décide de s’approvisionner lui-même sur le continent. Surtout à la Nouvelle-Orléans et à Miami. Sa sélection le fait rapidement connaître du public. Il sélectionne surtout des disques de rythm ‘n’ blues et de du jazz de big bands. C’est à cette époque, dans les 50’s, qu’il recrute comme DJ Count Matchuki, qui sera rapidement assisté de King Sitt. Au début des 60’s, il a de nombreux sound systems avec des DJ’s de talents comme
Lee Perry,
Prince Buster et biens d’autres. Mais déjà dans les 50’s, le rythm ‘n’ blues passe de mode aux Etats-Unis. Du coup l’approvisionnement des producteurs jamaïcains devient de plus en plus dur. Ainsi certains producteurs enregistrent-ils eux-mêmes leurs propres morceaux comme
Duke Reid ou
Prince Buster. Ces disques sont pressés uniquement à l’usage des sound systems.
Le ska est en train de naître. En 61 il enregistre toutes les semaines et en 1963, il ouvre son propre studio au 13 Brentford Road. C’est ici qu’il va créer ses nombreux labels dont le mythique Studio One. Tous les dimanches il organise des auditions que
Lee Perry dirige et que les futurs
Skatalites accompagnent. De très nombreux artistes sont ainsi découverts : les
Heptones,
Bob Andy, Derrick Harriott, Toots & The Maytals, les
Wailers, les Technics, Clancy Eccles, Joe Higgs,
Alton Ellis, Delroy Wilson… La liste est longue et impressionnante. L’émulation entre les artistes chanteurs ou musiciens est de tous les instants. C’est un véritable age d’or de la musique jamaïcaine. Même si la concurrence se fait très dure (le grand rival est
Duke Reid et son Treasure Isle sur Bond Street), le 13 Brentford Road est le cœur de la musique jamaïcaine. Pendant la période rocksteady en 66-68, il s’inspire surtout des studios soul américains comme Motown ou Stax. Lorsque le reggae arrive en 1968, il est à son apogée. La liste des artistes enregistrés au Studio One est impressionnante. On peut citer les
Wailers, les Maytals, les
Heptones, les Paragones, Slim Smith, mais encore
Dennis Alcapone, les
Ethiopians, les
Gladiators, Burning Spears, les Gaylads…Mais la violence de plus en plus présente lors des sound systems le pousse à fermer les siens cependant déjà, de nombreux artistes lui ont tourné le dos. En effet,
Coxsone est un producteur dur et avare de sous et de droits. Des nombreux artistes lui abandonne leurs droits pour pouvoir enregistrer.
Prince Buster l’a quitté depuis longtemps pour
Orange Street. Il est rapidement suivi par les
Wailers,
Lee Perry, Niney, les Heptones… C’est dans les 70’s qu’il va perdre sa position dominante. Cependant, il reste un découvreur de talents hors pair. C’est lui qui lance
Dillinger,
Lone Ranger, les
Wailing Souls, Papa Michigan & General Smiley, Prince Jazboo, Sugar Minott… De plus, il se lance frénétiquement dans la production de dubs. Son catalogue, le plus beau de l’ïle, est ainsi recyclé avec talent. C’est le travail de Studio One qui fixe les repères, les rythmes et les clichés du genre. Son influence dans le monde du dub actuel est présente à tous les instants.
Au milieu des 80’s,
Coxsone ferme le mythique temple de la musique jamaïcaine, le sacro-saint Studio One dont le fidèle King Sitt est le gardien. Il part pour New York ou il ouvre un magasin, Coxsone’s Music City d’où il continue, avec l’aide de son fils,
Coxsone Junior, de recycler avec de nouveaux groupes ses vieux riddims. Dernièrement, il a rouvert avec fracas son studio du 13 Brentford Road à Kingston. Avec sa bande d’amis, les mêmes qu’il y a 30 ans, il reste très attaché à la musique de sa jeunesse, le boogie-woogie dont il est un grand collectionneur. Mais le grand Sir
Coxsone a été rattrapé par toutes ces longues nuits de travail acharné. Le 5 mai 2004, son cœur lâché après que la mythique Brentford Road eut été rebaptisée en son honneur Studio One Street. Il fêté ses 50 ans de carrière