Prince Malachi & Prezident Brown – New Morning, Paris 28 février 2009 Certains auront choisi de regarder la cérémonie des victoires de la musique à la télévision mais auront raté, par la même occasion, le retour sur scène des deux rastas Prince Malachi et Prezident Brown. Natural Mighty, groupe parisien, a assuré la première partie d’une longue soirée. L’ouverture des portes prévue à 19 heures ne s’opéra que plus tard pour les quelques personnes attendant devant le New Morning. A l’entrée nous pouvons voir que les organisateurs ont placé ce concert sous le signe de la convivialité. Des stands d’artefacts rasta sont installés à l’entrée et de la nourriture Ital est proposée à des prix raisonnables. La salle est loin d’être pleine alors que l’ambiance est assurée par un DJ passant du roots. Point de dancehall sur ses platines. Il est un peu plus de 21 heures quand le premier groupe prend place. Une formation parisienne de 8 personnes nommée Natural Mighty. Connus pour avoir assuré des premières parties de Pablo Moses, par exemple, ils vont pendant une heure assurer le show. Une musique tournée vers le roots des 70’s et un lead singer a la voix comparable, certaines fois, à celle du leader des Groundation. Musicalement parlant ils se sont permis d’explorer quelques sonorités brésiliennes avec un air de salsa Le public, visiblement conquis, a même le droit de partager quelques moments avec le groupe après son set. Une courte pause, car le temps tourne et il est déjà plus de 22 heures quand le High Resolution band prend place pour les 3 prochaines heures.
Après une petite introduction, Prince Malachi débarque avec son titre « tribal war » qu’il pull up dans la minute. Ceci laisse présager un bon set énergétique. Il nous laisse découvrir son nouvel album « Babylon jungle » (sorti sur son label Mount Arafat) avec quelques titres conscious, dont notamment ce « babylon jungle » ou bien « my life ». Il bascule sur « jah window » sur un rythme lent : Certaines personnes dans la salle délaissent le dancefloor et gagnent le bar. Il a légèrement affaibli son set et continue encore sur ce rythme. Heureusement, il repart sur des titres plus « conventionnels » avec par exemple « Love Jah » sur le stealing riddim (Xterminator) ou encore une version puissante du satisfaction riddim avec un titre très love. Les comparaisons avec Luciano, ou encore Dennis Brown, sont aisées tant sa voix s’en approche. Certaines personnes aiment l’artiste et reprennent avec lui les titres ou requièrent des pull up, comme sur « life cycle » ou « early in the morning ». Il part au bout d’une bonne heure sur son hit « runaway slave ».
Le MC, qui visiblement ne fait pas la différence entre les deux artistes, annonce pêle-mêle Prince Malachi et ensuite Prezident Brown. C’est bien ce dernier qui entre sur scène. Il met de suite à l’aise avec son flow saccadé, son toast aisé et sa voix « rough » mais sensible. Il amène son énergie et le fait partager. Il bouge beaucoup sur scène et improvise un « je t’aime le new morning ». Réponse assurée ! Il débarque sur « set it off » avant d’enchainer sur « living ». Lui aussi promeut son nouvel album « health and strenght », qu’il reprend avec entrain. Son message rasta est engagé et il n’hésite pas à tirer sur Babylon, « the devil’s conception » comme il l’appelle ou encore les leaders de notre planète avec ses titres « microchip » et « leaders ». Il y a quelques passages drum and bass qui sont appréciés par le public, encore présent à cette heure-ci. Il est plus de minuit et le public quitte la salle au fur et à mesure de sa prestation. Prezident Brown fait quelques reprises avec « international herb » de Culture et le « sinsemilia » de Black Uhuru pour agrémenter sa tune « holy land ». Devant 50 personnes, le rendu est malheureusement, et forcement, moins puissant que devant une salle remplie. Il toast de la plus belle des manières sur son titre conscious « recapture the culture », inspiré d’un discours de Marcus Garvey : « Un peuple ignorant de son histoire est comme un arbre sans racines ». Le riddim de natty dread (Bob Marley & The Wailers) retentit avec cette basse envoutante pour son titre « rough road ». La spiritualité et les messages conscients ne sont pas seulement ce que sait faire Prezident Brown et il nous invite à un passage dancehall. La fin du concert arrive et il quitte la scène après une heure vingt de concert.
Les artistes ont su trouvé un rythme contentant ceux ayant fait le déplacement. Natural Mighty a su chauffer le public parisien avec leur proximité et leur sonorité roots. Sans avoir été exceptionnel, Prince Malachi a fait un set de qualité avec cette voix émouvante. Le show de Prezident Brown, quant à lui, a tenu toutes ses promesses avec une très bonne prestation. La séance de dédicace à la sortie de la salle était également une très bonne initiative dont certains promoteurs pourraient s’inspirer. Big Up aux organisateurs pour cette soirée.