Le tout jeune Amsterdam Reggae Festival présentait cette année sa seconde édition avec une belle brochette d'artistes.
Nous sommes donc accueillis pour l'occasion au sein de l'impressionnant Heineken Music Hall en ce samedi 25 septembre.
Arrivés en retard, nous ratons les artistes locaux dont Kalibwoy et la star montante du pays, Maikal X, qui était accompagné par le fameux Renaissance Band de Ziggi.
FANTAN MOJAH
Nous arrivons donc au début du set de l'infatiguable Fantan Mojah, qui écume les scènes européennes depuis plusieurs mois maintenant.
Toutes ses big tunes sont au rendez vous de 'Tell Lie pon rasta' à 'Corruption' en passant par 'Murderer'.
Le final se fait sans surprise sur 'Thanks and praises' et 'Hungry'.
Fantan posera encore sur le Wipe out riddim avant de s'en aller.
La prestation est impeccable, l'énergie est toujours la même.
Les temps d'attente entre les artistes sont occupés par Dj MBA et Dj Jah qui assureront avec des grosses sélections reggae-dancehall sans aucune fausse note.
Le public est très réceptif et l'ambiance ne retombe à aucun moment !
BARRINGTON LEVY
A 21 heures, le vétéran Barrington Levy fait son entrée, tout sourire, avec 'Living dangerously' puis livre un show de 45 minutes de meilleure qualité que ses précédentes interventions européennes.
Sa voix se pose tranquillement sur les inévitables 'Under mi sensi', 'Murderer' ou encore 'Too Experienced'.
Le temps est malheureusement beaucoup trop court pour Barrington qui aime prendre son temps sur chaque titre et jouer avec le public, on sent donc rapidement la fin arriver quand il entame 'Black Roses'.
La fin est sans surprise: 'Revolution' de Dennis Brown suivi de l'indémodable 'Here I Come' qui conquit définitivement le public, sur lequel l'artiste s'amuse comme souvent à changer les paroles.
Il quitte ensuite la scène en lançant un 'Surinam good night' qui serait surprenant pour quelqu'un qui ignorerait que la communauté surinamienne est assez importante à Amsterdam (le Surinam étant par ailleurs une ancienne colonie des Pays-Bas, un peu d'Histoire ça ne peut pas faire de mal…).
Barrington Levy a bien assuré le show et c'est toujours un immense plaisir pour les amateurs de reggae de pouvoir apprécier une telle légende en live.
SIZZLA
Une demi-heure plus tard, le Fire House Crew est installé et Sizzla fait une entrée triomphante avec 'Holding firm' .
Une pluie de big tunes s'abat alors sur le Heineken Music Hall.
''Smoke di herbs', 'Why should I', 'Praise Yeh Jah', 'Dry cry' s'enchainent avant de laisser place au segment dancehall qui enflamme littéralement la salle et les quelques 5500 personnes présentes: 'Taking over', 'To the point', 'Karate' avec un martial arts riddim qu'on ne se lasse pas d'entendre en live.
Il lâche ensuite le tout frais 'See dem a fight Buju longtime' en soutien à Buju Banton (celui-ci étant en plein procès) avant de repartir de plus belle avec 'Run out pon dem', 'I'm with the girls'et 'No Way'.
Mister Kalonji repasse ensuite au reggae avec 'Be strong' et l'énorme 'Guide over us'.
La vibe un peu tro r'n'b de 'take myself away' et 'give me a try' fait perdre de son intensité au show, mais le final règle le problème avec un 'thank you mama' magnifiquement interprété par un Sizzla ravi d'être là, il change même les lyrics sur un refrain pour un 'thank you papa'.
C'est un Sizzla en grande forme et très à l'aise qu'Amsterdam a eu le plaisir d'accueillir ce soir pendant une heure, soit la plus longue prestation de la soirée.
L'artiste aura fait grande impression, y allant même de quelques petits pas de danse, chose peu habituelle chez lui.
On souligne tout de même que son set reste inchangé et qu'il n'a pas fait de titre issu de son dernier album.
VYBZ KARTEL
Il est alors 23h10, il y a donc un léger retard sur le programme, que Vybz Kartel va se faire un plaisir d'aggraver en se faisant attendre pendant une heure.
A 00h15, Vybz Kartel, coiffé d'un bonnet, arrive enfin et c'est la douche froide.
En effet, c'est le seul artiste à se présenter sur scène sans musiciens, ce qui contraste beaucoup avec le reste de la soirée !
C'est donc l'équipe de Not Nice qui est aux platines et le show démarre avec 'Nuh fraid ah nobody' et 'Gaza Commandment' sur lequel Kartel hurle pratiquement, le résultat – très agressif pour notre pauvre système auditif- est tout simplement horrible.
Début catastrophique donc, et l'amélioration n'est pas pour tout de suite.
Il continue avec ses hits sur le Tripple Bounce riddim, 'Mr Officer' et 'Bicycle', qui provoque une bonne réaction du public , plus due au succès de la série qu'à un quelconque talent de Kartel qui ne cesse de crier, massacrant ainsi ces deux titres.
Un 'set me free' sans intérêt est vite expédié avant de laisser place à 'Virginity' , soupe mal digérée pour certains mais véritable hit pour beaucoup.
Sur 'Come breed me' on regrette l'absence de Gaza Indu au refrain, puis on reprend avec enthousiasme deux phrases de 'Picture Dis' , ce qui constituera le seul et unique lien du show avec un bien meilleur passé de l'artiste.
Suivent, interprétés toujours à l'aide de cris, 'Beg yuh a fuck', 'Go go club' et le fameux 'Ramping shop' sur lequel Spice manque cruellement.
Quand Addi di Teacha nous informe ensuite qu'il va appeler son fils et qu'il est rejoint par Popcaan, le show -c'est bien ce que c'est censé être- prend une bien meilleure tournure.
Le petit protégé de Portmore à la voix très particulière fait donc son entrée sur scène avec un efficace 'Up inna di club' sur le Street vybz, Kartel enchaine avec son tune sur le même riddim et semble miraculeusement revigoré!
Une nouvelle énergie est donnée au morceau, réaction immédiate et enthousiasme du public qui reprend en choeur les lyrics qu'ils connaissent bien: 'somebody get ice, not nice' .
Le très attendu 'Clarkes' est ensuite interprété pour le plus grand plaisir du public qui sait se manifester.
Kartel retombe très bas avec un 'Life we living' affligeant de fausseté.
Les dernières minutes de la prestation furent de loin les plus intéressantes, avec un Popcaan dynamique sur 'How mi do mi ting' et un Kartel presque performant sur 'Touch a button nuh'; ils finissent en duo sur 'Hot grabba', avec comme pour 'Clarkes' les petits dialogues entre les deux artistes qui soulignent une belle complicité.
Kartel lance l'intro de Last Man standing puis quitte la scène.
Toute l'équipe s'enfuit très vite, et à peine une minute montre en main après leur sortie de scène, le Dj du warm-up se charge de compléter un peu en balançant 'Dollar Sign' (Good Life riddim) que Kartel n'a pas interprété.
GYPTIAN
Le festival devrait être déjà terminé, c'est donc, et c'est très dommage, dans l'urgence que Gyptian va faire son passage.
Le band prend place moins de 10 minutes après le départ de Kartel.
Le nouveau chouchou reggae des demoiselles débute avec un puissant 'Is there a place', accueilli très chaleureusement par le public, on est heureux de passer à une qualité musicale supérieure.
Il enchaîne ensuite avec différents titres issus de ses trois albums: 'You never know', le poignant 'Nobody no cry', 'Mama', 'Serious times' le titre qui le révéla il y a maintenant 5 ans , 'Nah let go' et 'Beautiful lady' sur le sublime Rebellion riddim.
Le final est explosif avec 'Hold yuh' (sur lequel sera diffusée la partie de la rappeuse Nicki Minaj sur le remix).
Ce hit en puissance a pu finir par en lasser certains à force d'être diffusé partout mais il prend une toute nouvelle dimension en live avec le riddim accéléré et parfaitement interprété par le band, le résultat est tout simplement magique et nous transporte.
Gyptian a ainsi offert une clôture de folie au Amsterdam Reggae Festival.
La deuxième édition de ce festival était donc de grande qualité, avec entre autres un Sizzla des grands jours qui signe la meilleure prestation de la soirée, un Vybz Kartel très attendu qui au final a été décevant, et un Gyptian, malheureux de la soirée qui n'a eu qu'une vingtaine de minutes pour se défendre, très performant sur scène, qu'il faudra absolument revoir!
Il n'y a par ailleurs rien à redire sur l'organisation du festival, très carrée, malgré quelques retards.
L'immense salle avec gradins était complète, les gens pouvaient se balader dans un large couloir hors de la salle peuplé de stands divers: nourriture, boissons, vente de CD, Dvd, bijoux, vêtements etc.
Il est tout de même dommage que l'espace VIP qui occupait une douzaine de mètres devant la scène soit longtemps resté assez peu peuplé, ce qui empêchait une proximité de certains artistes avec le public, plus particulièrement pour Fantan Mojah et Barrington Levy.
Il faudrait peut-être repenser l'emplacement ou le supprimer pour les prochaines éditions.
Le Amsterdam Reggae Festival est d'ores et déjà une valeur sûre pour l'Europe et est un rendez-vous à ne plus manquer!