Voilà de quoi faire renaître l’espoir chez les fans de dancehall désespérés par la majorité des productions actuelles dans lesquelles beaucoup ne se reconnaissent plus ! S’essayer à d’autres univers et se perdre en expérimentations stylistiques ? Ward 21 ne mange pas de ce pain-là. Suku, Kunley et Mean Dog font du dancehall, et ils le font bien.
Plus de dix ans après la sortie de leur premier album “Mentally Disturbed”, le groupe nous livre en 2014 son cinquième album et annonce la couleur dès le titre : ils sont “Still Disturbed” !
Ce nouvel opus est sorti le 22 janvier dernier sur le label Germaica et Ward 21 produit quasiment l’ensemble de ces 12 titres, sauf deux morceaux produits par -on reste en famille- les fils de leur mentor King Jammy : Jam 2 et Baby G.
Les deux skits très drôles et la pochette de l’album se chargent de confirmer leur attachant grain de folie, quand l’intro fait office de véritable CV pour qui ne les connaîtrait pas, citant hits et grosses productions du groupe et plaçant ses membres en véritables vétérans, le tout en une minute chrono.
Dès la première seconde du premier titre, “War Start”, on note que le groupe a l’audace de s’attaquer au monument qu’est le Stalag Riddim. Un badman tune réussi, dans les règles de l’art, qui démarre de manière fort sympathique: “War Start and we pop shot straight inna him heart...”. Boom ! Dans le même thème, on retrouve “Cut Inna Face”, titre déjà repéré sur le Priceless Signature Riddim de Jam2 sorti en 2012.
Le premier extrait de l’album, “Mic Magician”, révélé fin 2013, a rapidement fait l’unanimité. Reprise du classique Heavenless riddim, sample de “Under Pressure” de Super Cat, énergie du groupe et interventions efficaces de Marcy Chin et DeeWunn, membres du Bada Bada Gang de Ward 21, sont les ingrédients de ce big tune.
C’est ensuite l’inévitable segment destiné à faire bouger les filles où on ne lésine pas sur le slackness. Deux invités de marque et familiers du genre arrivent en renfort : Sean Paul et Konshens. Le premier demande aux demoiselles de se pencher sur “Ben’ U Back” - méfiez-vous de la basse - tandis que le deuxième s’illustre sur “Out”, production signée Baby G, entêtante et au texte travaillé (oui !).
Après le percutant “U Shouldn’t” qui représente le dancehall dans toute sa modernité, on passe au calme de “Herbs Man”, ganja tune qui sonne comme un gros classique, introduit par un petit sketch particulièrement approprié.
“Spot the J” est un véritable ovni et concentre tout le génie du groupe. Ce type d’exercice lyrical n’est pas aisé mais donne naissance à de big tunes lorsqu’il est réussi. “Spot The J” est de ceux-là, et le mot clé, c’est “Fuck”. Jettez-y plutôt une oreille.
L’album s’achève lentement sur le parfaitement travaillé “We A Danger”, sur lequel Ward 21 reprend là encore un riddim mythique, le Far East. Le groupe a en effet mis un point d’honneur à rendre hommage aux précurseurs du dancehall avec la reprise de riddims classiques.
Après 5 ans d’absence depuis leur dernier album “Genesis” - qui n’avait pas convaincu -, Ward 21 nous régale avec ce nouvel opus. “Still Disturbed” témoigne d’un énorme talent et d’une maturité certaine. Ward 21 offre un véritable bijou qui tombe au bon moment, un concentré de dancehall authentique et moderne comme on n’en avait plus entendu depuis longtemps ! Les trois compères assurent et rassurent : le dancehall a encore de beaux jours devant lui. A écouter. En boucle.
Tracklist
1. Intro
2. War Start
3. Mic Magician feat. Marcy Chin & DeeWunn
4. Ben' U Back feat. Sean Paul
5. Wife versus Mate feat. Marcy Chin
6. Rufus Loved Desrine (Skit)
7. Clappin' U Back
8. Cut Inna Face
9. U Shouldn't
10. Emergeny (Skit)
11. Herbs Man
12. Spot The J
13. Out feat. Konshens
14. Puncie
15. We A Danger