Génération H par Franck Blanquin
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Génération H par Franck Blanquin

Road trip musical subversif d’un adolescent à travers la culture underground des années 90, Génération H est un roman frais qui se vit et qui se lit  à vive allure.  Son auteur Alexandre Grondeau nous livre ici un roman qui n’est pas sans rappeler  la beat génération, il y a du « clochard céleste » dans la  ballade  de Sacha à la recherche d’une certaine ascèse spirituelle, entre ses expériences et ses interrogations sur la vie.

Franck Blanquin : Comment t’es venue l’idée d’écrire ce roman ?


Sacha Grondeau : Il me semblait que lorsqu’on voulait trouver un ouvrage qui traite des milieux alternatifs on était toujours obligé de se tourner vers des auteurs anglophones. C’est avant tout un roman autobiographique, j’ai vécu cette période et connu tout les différents univers que j’aborde dans le roman, je savais qu’il y avait plein de choses intéressantes à rapporter. C’est ce constat qui m’a poussé à écrire Génération H. J’avais envie de parler de toutes ces scènes émergentes en France dans les années 90 avec les premières free parties, les sounds system, l’explosion du hip hop…  Je voulais montrer que deux jeunes à cette époque ont pu prendre la route et vivre toutes sortes d’aventures. Sans être les années 70, cette époque a ses particularités et ses richesses culturelles.





Le héros de ce roman, Sacha, a une vision acerbe de cette société, est-ce ainsi que tu la voyais à l’époque ?


A l’époque, on était très critiques du monde qui nous entourait, et on espérait pouvoir vivre de manière un peu décalée. On s’intéressait au mode de vie parallèle comme par exemple dans le milieu techno où il y avait un caractère nomade et éphémère, le fait de voyager à travers l’Europe et de jouer de la musique avait ce petit caractère utopiste qui nous plaisait bien.

Avec le temps as-tu réussi à rester en adéquation avec tes principes de jeunesse ?

Je n’aurais pas la prétention de dire que je vis de la manière aussi radicale que je vivais à 17ans,  mais je ne récuse aucune des idées, aussi exigeantes soient-elles que j’avais sur notre société.  Je pense que comme beaucoup de gens qui ont vécu cette période on a essayé de vivre le mieux possible en conservant certaines de nos idées et de nos espoirs, même si on a été obligés de s’insérer dans le système.





A la lecture du roman, on a toute une bande son de l’époque qui défile, as-tu pensé ce livre sous un principe de road trip musical ?

Il se trouve que dans les années 90, une conjoncture musicale fait que la techno et le hip hop explosent complètement sur le devant de la scène, en ce qui concerne le rock la scène grunge s’ancre solidement dans le paysage musical. A cette époque le reggae conscious  fait son retour en Jamaïque, après un épisode plus dancehall, et la scène new roots s’établit en Jamaïque avec des artistes comme  Garnet Silk, Sizzla, Buju Banton, Luciano… C’est une période très dense musicalement, et forcément en abordant les années 90 dans un roman, on est obligés de se plonger dans l’univers musical de cette époque. Je voulais intégrer la musique comme un personnage important du roman. Et je l’ai pensé comme cela depuis le début.

C’est pour illustrer ce fait que tu as produit le One Riddim offert en téléchargement lors de l’achat du livre ?


A la fin de la rédaction du  livre j’ai pensé proposer cet album à chaque lecteur du livre, les artistes ont aimé et répondu présents car l’idée leur semblait intéressante et originale. Pour la plupart il s’agit de gens que je connais et que j’apprécie depuis 15 ans. J’ai débuté avec eux en créant Reggae.fr, ils étaient ravis de pouvoir soutenir le projet de ce roman.

Crois-tu que le sujet  principal du livre a aidé à la cohésion des artistes pour ce projet ?

Il est évident qu’un artiste ne va pas chanter sur un sujet qui ne l’intéresse pas, mais je crois que le fait d’aborder la contre culture dans ce roman a plu aux artistes présents sur l’album, car s’il y a bien une musique au caractère subversif c‘est le reggae. Donc au-delà du cannabis, je crois que le fond même du roman a pu motiver les artistes.

Quelle est ta position sur la cannabis actuellement ?

Génération H est avant tout un roman, non un essai donc la préoccupation principale était littéraire plutôt que militante. Cependant, je suis pour une société où le gouvernement fait confiance aux citoyens et les responsabilise. Une société qui fonctionne est une société où on retirerait des lois plutôt qu’en rajouter, en estimant que certaines choses sont acquises par les citoyens. Je ne suis pas pour l’infantilisation du peuple.





A la lecture de ce roman on sent beaucoup d’influences littéraires, quels sont les auteurs qui t’ont inspiré?

J’ai une pratique assez monomaniaque de la lecture, je lis beaucoup d’ouvrages mais chaque année je relis quatre ou cinq romans, toujours les mêmes. Comme « Lolita » de Nabokov,  « Voyage au bout de la nuit » de Céline ou « Un Bon jour pour mourir » de Jim Harrison. Ce sont des romans que j’apprécie aussi bien pour leur côté radical et subversif que pour leur stylistique littéraire que je trouve intéressante.  Il s’agit d’ouvrages dont je ne me lasse jamais.

Quels retours as-tu eu sur ce roman ?


J’ai eu beaucoup de retours positifs aussi bien de la part de la critique littéraire que des lecteurs. Le seul retour négatif que j’ai eu est celui du CSA lorsqu’ ils ont reproché à France Info d’avoir traité de manière trop complaisante mon roman en m’invitant lors d’un 13 heures. Ce qui tient plus de la censure qu’autre chose.

Par Franck Blanquin
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