On avait hâte de redécouvrir la belle plume de Pierpoljak et c’est enfin chose faite ! Après son grand retour en 2015 avec l’excellent Général Indigo, on avait été particulièrement séduit par Chapeau de Paille sorti début 2017. Malheureusement ce dernier effort n’aura pas pu être défendu comme il se doit … En avril 2017 l’enfant terrible du reggae français se retrouve à l’ombre. C’est précisemment au cœur de sa cellule que l’artiste puise l’inspiration pour le titre et l’énergie à donner à ce nouveau projet : La roue tourne igo (Verycords, dispo ici). Une phrase énigmatique présente sur les murs de sa geôle et qui résonne sur les 11 morceaux de l’album, offerts tout en intimité sur des instru modernes et puissantes signées par la crème des musiciens et producteurs (comme d’habitude) dont notamment Marc Jouanneaux, Matthieu Bost, Thomas Broussard, Jimmy Zaccardelli, Thomas Cirade, Laurent Dupuy, Marc Animalsons, et d’autres encore dont on salue le talent.
L’opus démarre par Le triomphe de l’amour, meilleure des réponses face à l’hypocrisie de certains et aux épreuves de la vie que Pierpoljak a traversées. Clarks aux pieds - single à succès dont le clip a explosé pendant le confinement - nous embarque en Jamaïque en compagnie de Daddy Mory. Un titre vraiment motivant et dansant au reggae old school tinté de modernité, hommage à cette marque devenue populaire en Jamaïque dans les années 60. On laisse ce côté festif pour une touche plus profonde et dramatique apportée par le violon discret mais puissant sur Jeu de con. Vient ensuite notre petit coup de cœur - Beber - à la mélodie envoutante et entrainante.
Igo, provenant du language de rue, qui pourrait être traduit par mec, gars, frère ou pote, est un des morceaux les plus intimistes et d’une grande puissance. On l’écoute comme une confidence, comme si nous lisions la vie de Pierpoljak à travers une page de son journal intime de prison. Avec 2min40 notre cher artiste français vient apporter une touche musicale et lyricale plus légère à sa vie au placard contrastant avec le titre précédant. Les anges aux dents cassées dresse une peinture enragée de la France d’aujourd’hui. On y retrouve le Pierpoljak engagé qui nous avait tant manqué. Trash Com nous embarque dans la peau d’un animal dont les conditions de vie, d’élevage et d’abattage sont inacceptables. Il y dépeint la folie des Hommes envers les animaux le tout sur un refrain bien senti. Pénave est plus funky, idéale pour chanter le désir qui transpire à chaque mot de cette chanson.
On place une mention spéciale pour Gueuler c’est pas la peine, en featuring avec Sir Samuel, dont la profondeur du texte nous fiche les frissons. On termine l’écoute aux côtés d’un Pekah qui se dévoile encore dans 7 ans de malheur.
Difficile de ne pas voir en cet album une vraie pépite. Soutenu par des instrus très bien menées, Pierpoljak oscille entre confidences intimes, plaisirs cannabiques, amour de la vie et des hommes sans oublier de dépeindre une réalité de la société bien triste et désolante. Les ambiances sont tout autant intenses que les thématiques sont prenantes. Du grand Pierpoljak !
Découvrez-en la tracklist (cliquez ici pour vous procurer l'album) :
1. Triomphe de l'amour
2. Clarks aux pieds feat. Daddy Mory
3. Jeu de con
4. Beber
5. Les anges aux dents cassés
6. Igo
7. 2min40
8. Trash com
9. Pénave
10. Gueuler c'est pas la peine feat. Sir Samuel
11. 7 ans de malheur