Liquidator: des clubs aux stades de foot
chronique Lifestyle 35

Liquidator: des clubs aux stades de foot

Une fois n'est pas coutume, notre Morceau du jour sera un instrumental ! Et il s'agit d'un des plus mythiques : Liquidator, par Harry J All Stars, devenu un hymne de clubs de foot. Pour en parler remontons dans le temps, en Jamaïque avant son indépendance (1962), colonie de la Couronne britannique, qui encourageait certains jamaïcains à partir tenter leur chance en Grande-Bretagne. Avec eux ces derniers emportaient nécessairement leur culture, composée de nombreux éléments dont, bien évidemment, la musique.

Cette musique s’immise petit à petit dans les quartiers populaires anglais et séduit de nombreux jeunes dont les Mods. Cette sous-culture a vu le jour à la fin des années 1950 et comporte de nombreuses spécificités dont un look très particulier mais aussi un amour pour la musique et notamment les différents styles rassemblés sous le terme générique de musiques Noires comprenant la soul, le rythm & blues, le jazz et les différentes musiques jamaïcaines.



Ces jeunes dansent régulièrement sur leurs styles préférés dans différents clubs, dont les principaux se trouvent dans la capitale anglaise. Les Mods se trouvent donc de plus en plus en contact avec les jamaïcains qui fréquentent les même endroits et habitent les même quartiers. Ces contacts et les affinités trouvées avec des rude boys jamaïcains qui avaient traversés l’Atlantique, vont amener, petit à petit, une partie de ce mouvement à se radicaliser pour donner naissance à la culture dite skinhead. On ne parle pas encore ici des skinheads politisés qui n’arriveront que plus tard. Les membres de cette mouvance arborent un crâne rasé et les fameuses Doc Martens. En 1969 cette mouvance se répand dans l’ensemble du Royaume-Uni, unissant blancs et noirs des quartiers populaires. Toujours fervents amateurs des musiques Noires et jamaïcaines ils contribuent grandement à populariser le reggae en Angleterre.

A cette même époque le football également devient incontournable en Angleterre. L’équipe nationale gagne la coupe du monde en 1966 et en 1968 Manchester bat le Benfica en finale de la coupe des clubs champions (actuelle Ligue des champions de l'UEFA). Enchaînant trois buts en l’espace de six minutes au cours des prolongations, l’équipe met fin au règne du football latin. Les skinheads deviennent des supporters passionnés de football et l’écharpe de leur club préféré fait désormais partie de leur panoplie.

Parallèlement, les skinheads et leurs lien avec les jamaïcains influencent la musique jamaïcaine et un style musical voit alors le jour en Angleterre : le skinhead reggae. Les labels implantés sur l’île, sentant le filon commercial, sortent des singles en nombre et en fin d’année 1969 trois 45t du label Trojan apparaissent dans le Top 20, dont le Liquidator des Harry J All Stars qui atteindra même la neuvième place des Charts anglais. Ce morceau a en fait été enregistré par les Hippy Boys, composés notamment des futurs Wailers, Aston et Carlton Barrett à la paire basse batterie, et de Winston Wright à l'orgue. Le riddim avait été enregistré à la base pour une chanson de Tony Scott, What Am I To Do, mais le producteur Harry J rachette les droits et sort l'instrumental, crédité à Harry J All Stars.
 
Ce riddim entraînant parvient à faire émerger le skinhead reggae et devient vite un hymne pour tous les skinheads anglais. Le morceau, malgré les années, reste toujours repris en cœur dans plusieurs stades anglais. Et comme les supporters de foot adorent se chamailler, ceux de quatre clubs (West Bromwich Albion, Wolverhampton Wanderers, Chelsea FC et Wycombe Wanderers) se disent tous être les premiers à avoir chanté ce morceau pour encourager leur équipe !

Par La Rédaction
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