La 29ème édition du plus grand festival Reggae d’Europe, installé à Benicassim en Espagne depuis 2010 après avoir été créé en Italie en 1994, s’est déroulé sous le signe du Pouvoir de l’Utopie. Au-delà des six scènes, la grande fête du Reggae nous propose d’autres espaces : Social Forum, Reggae University, Pachamama, Magico Mundo, House of Rastafari, Teen Yard, …. et beaucoup d’autres espaces culturels ou de détentes. Sans oublier la fameuse Sun Beach ou toute une programmation musicale vous est proposée chaque après-midi sur la plage Solé. Plus de 200 000 festivaliers se sont retrouvés du 16 au 21 août 2024.
Récit d’une semaine musicale qui fait du bien par Sunatcha, accompagné des photos de Roshanak Rafat.
JOUR #1
Le premier concert de la Main Stage de cette édition sera celui de Soul Syndicate et Andrew Tosh pour un hommage à l’original Wailer : Peter Tosh. Les 30 premières minutes sont un condensé de classics joués par les musiciens stars de l’âge d’or du roots, avant l’arrivée d’Andrew Tosh pour commencer à célébrer dignement son père, sa musique et son message. Une très bonne entrée en matière pour ce premier jour de Rototom.
Tout de suite après, cette fois sur la Lion Stage, la qualité du reggae français est mise à l’honneur avec un exceptionnel concert de Mo’Kalamity, toujours accompagnée de ses musiciens The Wizards. Le public est venu massivement devant la scène. Le show sera d’une telle qualité qu’il sera placé dans le top 5 des meilleurs concerts de l’édition d’après le festival lui-même ! Ce moment a été une véritable communion et restera dans les mémoires.
Retour sur la Main Stage. La nouvelle génération n’est pas en reste de talents et le concert de Romain Virgo le prouve aisément. Il joue ses classics, des nouveautés et des hommages aux fondations, le tout avec une énergie folle et une prestation très travaillée avec ses musiciens. Cinq jours de concerts se sont déroulés après ce moment et nous avons vécu des shows extraordinaires. Mais Romain Virgo reste tout en haut du podium des meilleurs concerts de cette édition pour nous. Une très agréable surprise !
La France brillera encore ce soir-là avec la prestation de Sika Rlion. Quelle belle vibration réunionnaise sur la Lion Stage ! Un concert sincère qui fait vibrer le public international. Entendre la langue française et le créole réunionnais au Rototom est toujours un plaisir. Le concert a dû commencer avec du retard (a priori à cause de problèmes techniques) et s’est donc retrouvé en même temps qu’Alpha Blondy sur la Main Stage. Le public aurait donc pu être plus nombreux. En tout cas, les absents ont raté un beau moment.
L’ambiance sur le festival est vraiment remarquable. En navigant sur l’énorme site, on peut participer, par exemple, à des sessions nyabinghi ou à des cours de danse dancehall. La culture Reggae est partout, sous toutes ses formes. Les initiés sont ravis, les non-initiés sont bluffés.
JOUR #2
Le lendemain, pour bien digérer cette belle première journée, il est possible de flâner à la plage. A Solé, plage officielle du Rototom avec une programmation musicale quotidienne (sound system, cours de danse, animations) ou sur l’une des nombreuses plages « classiques » qu’offre Benicassim.
Un après-midi de baignade nous met toujours dans de bonnes conditions pour retourner sur le site du festival pour les concerts du soir.
Et ça commence fort ! Black Uhuru ouvre le bal et entame directement avec ses classics ! La chaleur était déjà bien présente mais les big tunes et le monde réunit pour ce concert font encore monter la température. Celle-ci ne tombera pas de sitôt car Wicked dub Division meets North East Ska Jazz Orchestra étaient bien décidés à retourner le public venu en masse à la Lion Stage à la tombée de la nuit. Dub, Rockers, Steppa… le tout avec de magnifiques voix féminines et une percutante section de cuivres.
Mais quand nous retournons devant la Main Stage à 21h45, nous constatons une grande foule en attente du concert de notre cher Marcus Gad et ses musiciens. Jouer sur la plus grande scène du plus grand festival Reggae d’Europe à cette heure-là, chaque musicien de Reggae en rêve ! Le défi a été relevé haut la main ! La qualité du son, des chansons, des guests, de l’émotion était au niveau. L’Espagne et l’Europe se souviendront de ce concert de Marcus Gad & Tribe.
On peut entendre tellement de langues au Rototom ! Espagnole, français, anglais, italien, allemand, arabe… C’est un vrai festival international. La diversité des cultures nourrit cette ambiance bienveillante perpétuelle. La diversité se retrouve également dans les âges. On croise beaucoup de familles, d’enfants, même en poussettes. Il est évidemment possible de jouir des concerts, mais également de sessions de yoga, d’animations pour enfants et de toutes sortes de stands. En terme de nourriture, c’est un tour du monde qui nous est proposé. Il n’y a quasiment jamais d’attente aux restaurants, ni aux buvettes. C’est le cas également aux nombreuses bornes CashLess. Mention spéciale pour la mise en place de ce système qui, sur place, ne demande aucun frais et est totalement anonyme. ?
Il n’y a pas de Yin sans Yang. Après toute cette positivité, nous avons assisté à un concert qui a malheureusement contre balancé cette belle ambiance. Il était l’une des grandes têtes d’affiche de cette édition. Nous attendions son concert avec impatience. Mais voilà, le concert de Busy Signal ne restera pas dans les mémoires pour sa qualité sonore. A priori, la prestation semblait belle. Mais le réglage du son nous a empêchés d’en profiter. Tout était déséquilibré, jusqu’à la voix de Busy, quasi inaudible pendant la moitié du show. Et pour couronner le tout, ceux qui ont tenu jusqu’à la fin ont pu s’apercevoir que le micro du chanteur a été coupé au moment de dire au revoir et de prononcer quelques mots au public. Au départ c’était l’un des concerts les plus attendus. Au final ça sera le pire des concerts.
Nous ne nous laissons pas abattre et nous dirigeons sur la magnifique scène Dancehall où la France sera encore dignement représentée, cette fois par la Queen du Shatta : Maureen. Visiblement, le show était très attendu. 2h15 : après une mise en bouche de qualité par son Dj (classics Reggae et Dancehall), Maureen arrive telle une reine. Elle chante et danse pour le plus grand plaisir du public. Elle est accompagnée d’une dancehall queen qui fait le show. Un moment inoubliable pour la scène Dancehall.
Chaque soir, cette scène à la décoration et sonorisation massives fait winer le public aux sons Dancehall des différentes époques. Peace, Love & Dance !
JOUR 3
Une nouvelle journée commence sous le soleil de Benicassim. Plage, tapas et sieste font bon ménage. En fin d’après-midi, un tour à la plage du festival nous met tout de suite dans l’ambiance pour le soir. Le couché de soleil sur la plage vient peindre un beau tableau au moment de prendre nos vélos pour aller sur le festival.
En arrivant sur le site, une petite escale à la scène Jumping nous permet d’apprécier la sélection ska de Natty Bo, selecter incontournable des éditions du festival. Ce dernier nous transporte dans les années 60 en Jamaïque. D’abord par sa musique, mais aussi par son style vestimentaire et sa façon d’animer typique de l’époque. Son show est authentique, chaleureux, vivant et dynamique.
On ne le sait pas encore, mais nous nous apprêtons à vivre l’un des meilleurs concerts de cette édition. Skip Marley ouvre sur un Exodus puissant, lourd, parfait. Sa prestation alterne entre classics de son grand-père et ses propres morceaux modernes. Nous sommes très agréablement transportés dans son univers qui oscille entre Bob et Damian Marley.
Arrive le groupe Groundation, toujours sur la Main Stage. La tournée des 20 ans de l’album Hebron Gate passe par Benicassim. Le show est puissant et très carré. On sent qu’il a été travaillé et beaucoup joué. Petite surprise, les premières notes du concert, juste quelques secondes, seront celles ….. de la Marseillaise ! Les Français présents apprécieront.
Sur la Dancehall Stage on ne s’endort pas. L’artiste anglo-jamaïcain Stylo G commence fort avec son plus grand hit : Badd, recut du célèbre Bam Bam de Sister Nancy. Il nous emmène ensuite sur des sons Reggae, Dancehall, Hip-hop et autres Bass musics. Il y a du monde pour danser devant la magnifique scène Dancehall !