Deuxième jour – 06 août 2005
Le Stade de Cissac réouvre ses portes à 18h le samedi alors que les festivaliers émergent doucement. La plupart a opté pour le pass 2 jours, ayant monté sa tente sur l’aire de camping bondée ou carrément sur le parking. Encore une belle journée reggae qui s’annonce, au programme : Djins & Flya sous chapiteau et The Gladiators, Groundation et Le Peuple de l’Herbe sur la grande scène.
Quelques mots avec Le Peuple de l’Herbe en backstage avant d’avoir la chance d’assister aux balances des
Gladiators et de
Groundation, constatant qu’un beau concert nous attendait encore ce soir. Même concept que la veille, une programmation très éclectique et quelques agréables surprises à l’image d’Iba, chanteur sénégalais accompagné de sa guitare acoustique ou encore les chansons de l’ex Négresses Vertes : Stéphane Mellino. Signalons la présence des Djins & Flya, désormais habitués du festival sous le chapiteau. On attendait le duo Philippe et Yao (Djins) mais seul Yao est présent, accompagné par la singjay Flya. Tous deux nous expliqueront en
interview qu’ils sont ravis d’être ici. Ils se produiront sur la petite scène simultanément avec
Groundation sur la grande. Mais une partie du public (estimé aujourd’hui à 7000 personnes) ne les boudera pas pour autant.
Gladiators
Après le groupe français
Laréplik (Java-punk), les
Gladiators entrent en scène. Le groupe n’a jamais véritablement été reconnu en Jamaïque mais jouit d’une réputation bien plus importante en France. Le soleil commence à se coucher et les
Gladiators lancent le Rockfort Rock en guise d’intro avec une section-deux cuivres (sax ténor + trompette). Le band est dans sa formule historique : sont présents Earl ‘Bagga’ Walker (basse), Gallimore Sutherland (guit riddim+chant), Vernon ‘Keysi’ Sutherland (clavier), Clinton Rufus (guit.solo), Rudlowe Robinson (chœurs), Al Griffiths et …Albert Griffiths qu’on croyait à la retraite. Le groupe va offrir un show irréprochable, que l’on connaît puisqu’ils l’ont donné en octobre 2004 à l’Elysée Montmartre lors de la sortie de l’album "Father & Sons". On sait maintenant qu’Anthony Griffiths est à la batterie et qu’Al Griffiths reprend le lead vocal mais c’est tout naturellement Albert qui débute le concert. On avait pu remarquer qu’Albert était épuisé par les tournées et c’est toujours un peu l’impression qu’il laisse. Il a l’air de bien se porter, n’oubliant pas d’adresser au public ses rituels "comment ça va ?" ou "Frappez les mains !". Le bras droit dans le dos, concentré sur ses lyrics, le vétéran enchaîne ses hits : de
Jah Works à
Hello Carol en passant par
Bellyfull et
Roots Natty. Après cinq ou six tunes, Albert accueille son fils Al et encourage le public à l’adopter. C’est chose faite lorsque celui-ci entame la ligne de
Mix Up. Si on s’inquiétait un peu lors du concert parisien, on est rassurés puisque Al semble avoir vite progressé au niveau vocal. Albert le laisse seul. Adoptant les postures de son père, le symbole du fils reprenant le combat est toujours aussi fort. Les hits s’enchaînent et des morceaux du dernier album (
Promise Me, Mercifull, Holding On…) se faufilent entre les tracks historiques (
Write to me, Soul Rebel). Puis, Albert revient avec
Stick A Bush sur lequel il présente les musiciens un par un et fait chanter le public. 1h30 de show sans surprise mais de pur plaisir roots. Le public rappelle, le groupe ne reviendra pas. Les techniciens préparent la scène pour
Groundation. Pour notre part, nous nous dirigeons vers le chapiteau pour la prestation des Djins & Flya.
Interview Al Griffiths
Retrouvez les Gladiators au Reggae Sun Ska dans leur album-photos
Djins & Flya
L’ambiance est bonne devant la petite scène et Yao a l’air de s’éclater derrière son mac, balançant des riddims maison. Tout le monde sait qu’avec plus de 15 ans dans le reggae, il en a en stock ! Balançant notamment une version de Baby G tiré d'un album remarquable concocté par les Djin’s en 2002. Il nous passe
Rêver en hommage à la weed qui rencontre un bon écho du public. Derrière la scène, Flya se prépare, prête à prendre le public d’assaut. Après une sélection plutôt tranquille ‘du’ Djin, Flya débarque, très acclamée par le public. On commence à bien connaître Flya (aka Géraldine Sainte-Rose-Franchien), talentueuse singjay originaire de Martinique. Elle s'est fait un nom en se posant sur des compils : "Sensation ragga"(2002), "French Reggae Dancehall"(2003), "Black out", "Suncity"(2004) et la consécration avec "Dis l'heure 2 Ragga Dancehall" l’an dernier. On aura d’ailleurs droit ce soir à son cut :
Elle veut. Dès qu’elle est sur scène, l’ambiance monte d’un cran. Le trio devenu duo maîtrise la formule sound system. Le public apprécie tout en semblant ne pas être très habitué aux codes reggae comme les pull up à répétition et les dédicaces aux "soundgal". Le devant de la petite scène est bien remplie alors que
Groundation vient de commencer son set sur la grande scène.
Interview Yao & Flya
Retrouvez Yao & Flya au Reggae Sun Ska dans leur album photos
Groundation
En pleine tournée européenne, le planning du groupe était très chargé cet été puisqu’ils étaient au Ja’Sound le 4 août, au Portugal le 5 et au Reggae Sun Ska le 6. On a eu la chance de voir leur prestation au Ja’Sound qui nous a soufflé. Les big scènes comme celles des festivals donnent une autre dimension à un groupe comme
Groundation. Pour cette dernière date de tournée,
Harrison (lead vocal/guit) est apparu plus motivé que jamais, remerciant le public à maintes reprises. Avec une discographie de la qualité de celle de
Groundation, faire une setlist doit être un vrai régal. Ils piochent parmi leurs quatre albums en mettant l’accent sur "We Free Again" (dernier en date). Comme
Harrison nous l’explique en interview, ils aiment que chaque concert soit différent. On notera en effet quelques variantes dans le choix des morceaux par rapport à celui du Ja’Sound. Ce soir on aura parmi les plus réussis :
Weeping Pirates, Babylon Rule Dem, Dem Rise, Suffer the right… Les morceaux peuvent dépasser les 8 minutes, l’impro est au cœur de leur démarche. Même eux nous avoueront qu’ils ne savent pas toujours ce qui va se passer en concert. On ne peut pas vraiment parler de moments forts car c’est la qualité constante de leur show qui prime. On reste quand même marqués par les solos de chacun, venant rappeler leur lien étroit avec le jazz notamment
Marcus Urani (virtuose au clavier).
Ryan (basse) rappelle dans son solo la connaissance reggae du groupe en empruntant la ligne de
Jah Jah City de
Capleton.
Petit changement dans la formation : l’unique choriste que l’on avait vu au Glaz’Art (décembre 2004) a été remplacée par deux autres qui maîtrisent aussi bien les harmonies. Harrison semble souvent au bord de la transe, une transe qui ne tarde pas à prendre 6000 personnes en otages. Alors que
Groundation n’a qu’une petite année d’existence en France, on a été surpris de voir que le public reprenait les paroles en chœur notamment sur
Freedom Taking Over et le passage initialement chanté par
Don Carlos : "Wo Yeah ! Wo Yeah Now !".
Groundation excelle dans l'art de donner du relief à ses compositions et leur chef d'œuvre
Music is the most high en est la preuve. La partie lente du morceau est particulièrement ralentie ce soir, enfonçant un pieu roots dans le cœur de chacun. Citons enfin
Fourth Dimension, Dream, Each One Teach One et
Smile parmi les titres joués ce soir. Quand
Groundation sort de scène, on attend le rappel qui, lors du Ja'Sound nous avait offert une magnifique version de
Marcus Garvey de
Burning Spear. Malheureusement le festival a pris du retard et les techniciens, sous les sifflets du public, remballent le matériel des Californiens. On aura tout de même voyagé pendant près de deux heures.
Groundation se pose véritablement en chef de file d'un reggae tout neuf, une nouvelle fraîcheur roots… bravo les Cainris !
Retrouvez Groundation au Reggae Su Ska dans leur album-photos
Le peuple de l'Herbe
Pour conclure ce 8ème Reggae Sun Ska, c'est le
Le peuple de l'Herbe qui a été l'heureux élu. Le quartet lyonnais monte sur scène vers 2h30 très acclamé par le public de Cissac, encore bien chaud à cette heure. Le Peuple de l'Herbe vient de sortir "Cube" un album aux influences subtilement mêlées, teinté de jazz, drum'n'bass, électro, reggae, hip hop etc… très réussi. Ce soir le groupe en jouera une bonne partie notamment le très bon
Keep Rocking. La formation : batterie – clavier - platines – Chant+trompette. Le public a apprécié la prestation assez hypnotique qui se déroule un peu comme un dj set d'électro. Ce groupe atypique nous était assez étranger, Le Peuple de l'Herbe a accepté de nous expliquer son lien avec le reggae dans
une petite interview. Vous pourrez retrouver le groupe en concert au Zénith de Paris le 5 octobre.
Retrouvez Le Peuple de l'Herbe au Reggae Sun Ska dans leur album-photos
Et voilà, deux jours de festival qui s'achèvent, un Reggae Sun Ska très réussi avec une qualité rare en terme de programmation. L'organisation n'a pas pris trop de risques avec une telle affiche aussi bien en reggae (Steel Pulse, Toots & the Maytals, The Gladiators, Groundation, Sir Samuel, Djins & Flya…) qu'en électro (Le Peuple de l'Herbe, Elisa Do Brasil, Undergang, Interlope…) ou en chanson. On est très loin de l'ambiance Roots & Culture du Ja'Sound mais il est inutile de comparer. Plus de 13000 personnes ont foulé la pelouse du stade de Cissac, le Reggae Sun Ska 2005 a été une belle réussite. Merci Music'Action et à l'année prochaine…
- Les liens seront bientôt actifs –
Premier jour – 05 août 2005