Auto-proclamé « The Prophet », Capleton est une véritable légende reggae-dancehall ayant su traversé les époques et les styles avec brio.
De son vrai nom Clifton George Bailey, Capleton grandit à St Mary en Jamaïque et baigne dès son plus jeune âge dans la musique. Ses premières influences furent Bob Marley, Peter Tosh & Bunny Wailer, mais il fut très vite inspiré par le style de Papa San.
L’ascension de Capleton fut rapide : il débute avec le sound-system African Star en 1989, puis part en tournée au Canada avec Ninjaman. De retour en Jamaïque, il enregistre son premier titre pour Xterminator : « Bumbo Red », qui rencontre un succès immédiat. Au milieu du slackness ambiant, Capleton enregistre déjà à l’époque des titres conscients comme « Prophet » ou « Cold Blooded Murder ». C’est à ce moment-là qu’il se rapproche vraiment de la culture rasta, qui prendra une place de plus en plus importante dans sa carrière, et il rejoindra plus tard l’ordre des bobo dreads.
Le titre « Alms House » sorti en 1992, qui figurera sur l’album du même nom, l’installe pour de bon, tout comme « Tour », qui attire l’attention du label américain Def Jam. C’est la grande époque des collaborations entre artistes jamaïcains et rappeurs américains, et Capleton signe pour deux albums : « Prophecy » (1995) et « I-Testament » (1997), sur lesquels apparaîtront Method Man et Q-Tip. Il cesse cependant sa collaboration avec Dej Fam, ayant l’impression de jouer le jeu de Babylone.
En cette fin des années 1990, il se reconcentre donc sur la Jamaïque en posant sur tous les riddims du moment, aussi bien reggae que dancehall, et livre classique sur classique. En 1999, il lâche notamment son célèbre « Jah Jah City » sur le Liberation riddim. Il est aussi le leader du David House Crew et lance des artistes comme Jah Mason, Kultcha Knox, Jah Thunda, Military Man ou encore Moses I…
De 2000 à 2004, Capleton sort trois albums, « More Fire » en 2000, « Still Blazin » en 2002 et « Reign Of Fire » en 2004. Ces opus réunissent principalement les interventions de l’artiste sur les séries de riddims et reflète bien la carrière du chanteur avec le parallèle entre ses morceaux reggae conscients et spirituels, et les titres dancehall tantôt slackness, tantôt festifs, parfois agressifs. Certaines paroles homophobes lui auront d’ailleurs coûté cher en controverses et annulations de concerts.
En 2005, il sort un album de son live mémorable à San Fransisco. Capleton reste encore aujourd’hui un excellent showman plein d’énergie qui met le feu à toutes les scènes qu’il foule. C’est aussi à ça qu’il doit son surnom de « Fire Man », en plus du rapport à la purification par cet élément et de son gimmick « More Fire ».
Il sortira encore trois albums, le dernier en date étant « I-Ternal Fire » en 2010.
Capleton est un artiste qui a traversé les époques sans problème : il a toujours su s’adapter. Mëme si sa carrière a l’air de s’essouffler un peu et de se reposer sur ses acquis ces dernières années, ses titres sur les séries restent toujours pertinents. On le retrouvait en 2014 en featuring sur l’énorme « Rock Stone » de Stephen Marley.