Il faisait beau sur les Arènes de Cimiez. Un concert de reggae dans les collines niçoises, au milieu des oliviers, rien de mieux pour passer une bonne soirée. L’affiche était belle avec entre autres, les
Morgan Heritage, groupe incontournable de la scène nu-roots actuelles,
Jehro, un jeune artiste dont le cd a conquis la rédaction, et Salif Keita le chanteur malien, star internationale de la world music.
Malheureusement, la première partie de la soirée fut une grosse déception.
Jehro a pourtant sorti un excellent album qui, s’il n’est pas très original, a le mérite d’être très agréable à l’écoute. Certains de ces titres sont d’ailleurs encore sur ma playlist. Mais sa prestation sur scène fut catastrophique. Accompagné d’un guitariste et d’un batteur, on pensait que le choix d’un show intimiste irait parfaitement aux sonorités de l’album. Le problème c’est qu’une quatrième personne, ingénieur du son j’imagine, n’a pas arrêté de balancer des boucles sonores pour pallier au manque de musicien et que ces boucles faisaient larséner le son. Une horreur pour les oreilles. Le pire c’est que personne ne s’est préoccupé de ce problème et qu’on a eu droit à une prestation qui n’était pas à la hauteur de l’artiste et de son album. J’espère que ce n’est que partie remise et qu’on aura l’occasion de l’écouter dans de bonnes conditions, car je le redis cet album a tout pour être un bon succès.
Ce fut autour des
Morgan Heritage de monter sur une autre scène avec cette fois un son parfaitement réglé. L’ouverture du show a le mérite de clarifier les choses : « Don’t haffi dread to be rasta » ou le morceau qui ouvre le nu-roots sur une universalité que d’autres talentueux singjays plus sectaires n’attendront jamais. Les voix sont limpides, le backing band impressionnant de précision et passe en revue quelques un des succès des
Morgan Heritage. Le show ne dura malheureusement qu’une heure. Le temps quand même de voir un des jeunes de
LMS mettre le feu, de se faire un petit Drop Leaf et de montrer au public niçois que le roots a encore de belles heures devant lui.
Pour finir, on eu droit à Salif Keita, le griot malien qui bénéficia lui aussi d’un son très propre (à croire que
Jehro n’avait pas fait de balance ou que ses musiciens s’étaient perdus). L’artiste passa en revu ses plus grands succès devant un public totalement passif. Car le vrai problème de ce festival c’est que certaines scènes ont des places assises. Résultat, on a des vieux qui n’arrêtent pas de raler de voir quelques amateurs danser. Un comble : regarder de la musique assis sans bouger. Je sais bien que la moyenne d’âge à Nice est élevée, mais mettez-vous à la place d’un artiste qui ne peut pas voir si le feeling passe. Dommage, car le spectacle de Salif Keita méritait plus d’énergie de la part du public.
La soirée se termina sur cette note étrange d’avoir des artistes de qualité, mais un public frileux et une organisation pas toujours à la hauteur (je passe sur l’épisode où la sécurité ne voulait pas laisser rentrer les gens dans l’Arène au motif qu’il n’y avait plus de place ; deux minutes après les barrières étaient ouvertes et la place se révéla largement en mesure d’accueillir tous les spectateurs).