De Kingston à Toulouse : le pèlerinage de Don Gorgon
L'Original Gorgon, alias
Cornell Campbell, a fait une offrande à la ville rose: sa voix. Cet enfant de Jah était attendu comme du pain béni par les Toulousains et ses fans ont pu le retrouver sur scène pour un sound system unique.
A onze ans, Cornell chantait à l'église. Ce jeudi 18 octobre, il a prêché la « bonne musique et les textes conscients » au Kléo de l'île du Ramier, converti pour une nuit en un temple du Reggae.
Ce sont Mr Lézard, Mighty Earth, Official, Carinho, ou encore Mad Max Crazy qui ont ouvert la messe dans une salle qui a mis du temps à se remplir: «
Cornell Campbell est sans aucun doute l'un des plus grands noms du reggae... et pourtant on se soucie quand même de savoir si les gens vont venir » s'est d'ailleurs inquiété l'organisateur de la soirée, Paco du Kill Dem Sound (qui backe Cornell durant la tournée). Mais les vrais fidèles n'ont pas boudé leur plaisir de voir, pour la première fois à Toulouse, l’artiste jamaïquain. Ils ne vont pas être déçus.


Alors qu'il est attendu dans la salle comme le messie, le bonhomme monte enfin sur scène faire don de sa voix : « D'accord son jeu de scène n'est pas des plus transcendant mais son chant suffit à nous emporter; c'est la perle de la perle !» lance l'un de ses adorateurs. Ce « Two face rasta », qui a délaissé, pour le plus grand plaisir de l'assemblée, son petit commerce et son élevage de poulets en Jamaïque, confesse pour sa part: « C'est un plaisir de venir ici ».
Blouson et pantalon de cuir noirs, ses grosses rangers qui battent les planches au rythme de riddims old schools et enivrants,
Cornell Campbell ensoleille la salle obscure.
Et la lumière fut: avec ce halo venu tout droit de Kingston et cette foi en la musique. Foi qui ne l'a pas lâché depuis ses débuts auprès des
Skatalites, plus tard avec The Sensation, ou encore au sein de The Eternal. Un nom de groupe prophétique puisque plus de quarante ans après ses premières mélodies, il continue son sacerdoce et a su transporter tous les rootsmans toulousains. Mention spéciale à son falsetto cristallin, qui n'est pas sans rappeler celui de Grégory Isaac ou
Ken Boothe, et qui a conquis plus d'un auditoire.
Ce soir là dans la salle, l'Original Gorgon aura prêché beaucoup de convaincus. Autant de fidèles qui attendent déjà avec impatience le prochain rendez-vous.
Car après son rappel de pas moins de trente minutes, les Toulousains avaient tous en tête la même litanie: « Natty don't go ».

photos : Hélène Ressayres