Bob Marley : 10 essentiels pour retracer la légende
Roots 41

Bob Marley : 10 essentiels pour retracer la légende

11 Mai 2025

Chaque année, le 11 mai ravive un vide immense : celui laissé par Bob Marley, figure tutélaire du reggae, disparu en 1981. Mais au-delà du mythe, que reste-t-il vraiment de lui aujourd’hui ? Des millions de t-shirts, certes. Des posters sur les murs, évidemment. Mais surtout, une œuvre musicale intemporelle, à la fois ancrée dans les luttes de son époque et étrangement prophétique.

Des premiers pas avec les Wailers aux grands hymnes planétaires, Bob Marley a façonné un langage universel à base de riddims brûlants façonné par The Wailers, de paroles tranchantes et d’une spiritualité profondément enracinée. Pour rendre hommage à sa mémoire autrement qu’avec des clichés, nous avons sélectionné 10 morceaux incontournables de sa carrière — des titres qui ne se contentent pas de faire danser, mais qui éclairent toute la portée artistique, politique et spirituelle du Roi du reggae.

Une sélection subjective, bien sûr. Mais une invitation à (re)découvrir l’homme derrière l’icône.

Judge Not

Un ska terriblement entraînant à l'intro tonitruante marquée par une flûte perçante. Le tout jeune Marley y chante d'une voix jeune et éraillée les méfaits du jugement. "Ne me juge pas avant de te juger toi-même" martèle-t-il d'un ton moralisateur. Sans doute une réaction aux stigmates qu'il porte dûs à sa couleur de peau trop noire pour certains, trop blanche pour les autres. Une partie des paroles se retrouveront d'ailleurs dans les chœurs de son futur hit Could You Be Loved ("The road of life is rocky and you may stumble too. So while you point your fingers someone else is judging you").

One Cup of Coffee

La face B de Judge Not. C'est Derrick Morgan et Jimmy Cliff qui repèrent le jeune artiste et le présentent à Leslie Kong, patron du label Beverley's Records. Dès son entrée en studio, il enregistre Judge Not et One Cup of Coffee en solo, crédités à Robert Marley sur son tout premier 45T. Le début d'une longue histoire...

Selassie Is the Chapel

Ce titre de 1968 compte parmi les plus marquants de la carrière de Bob. La chanson est d'un mysticisme rare. On y ressent la foi grandissante de Marley. Selassie incarne le pouvoir, la délivrance, le refuge... C'est lui le "Pouvoir de la Trinité", le "Lion Conquérant de la Tribu de Judah", le "Roi des Rois". Tout est dit dans ce titre qui s'apparente plus à une prière qu'à une simple chanson. Laissez-vous emporter par les chœurs envoûtants et le rythme lancinant des tambours nyabinghi qui résonnent comme un appel auquel on ne peut résister.

Fussing and Fighting

Les Wailers sont encore unifiés quand ils enregistrent ce titre avec Lee 'Scratch' Perry en 1971. Le message à la fois naïf et évident incarne cette volonté de propager la paix partagée par l'ensemble des artistes reggae. On commence à percevoir le son abyssal de Perry qui caractérisera plus tard le Black Ark Studio. La qualité sonore n'est pas vraiment au rendez-vous, mais on ressent toute l'intensité que cette session devait dégager avec les mélodies cuivrées, les harmonies rythmées et les envolées lyriques du Tuff Gong. Magistral !

Slave Driver

Quand Chris Blackwell entend les paroles de Slave Driver, il a trouvé le titre qu'il allait donner à son premier album produit pour Bob Marley & The Wailers. L'opus Catch A Fire allait marquer l'histoire de la musique car il s'agissait du premier disque de reggae taillé pour le marché international avec des teintes de rock, blues et funk. Il préfigurait également une longue et fructueuse collaboration entre Marley et Blackwell, le boss du label Island. Lors de sa sortie initiale, Catch A Fire présentait une pochette articulée sous forme de zippo avant d'être réédité plus tard avec une photo de Bob fumant un gros spliff. Autant d'éléments plus ou moins anecdotiques qui font de cet album une pierre angulaire de l'histoire de la musique jamaïcaine.

No Woman No Cry

Ce tube interplanétaire figure sur l'album Natty Dread de 1975, le premier à être crédité "Bob Marley & The Wailers" à la suite du départ de Bunny Wailer et Peter Tosh. C'est le début d'une ascension fulgurante pour Bob. La chanson témoigne avec nostalgie de l'époque où Bob et Rita commençaient à se fréquenter. Elle est créditée au nom de Vincent Tata Ford, un elder rasta, mentor de Bob Marley, décédé en 2008. Mais Bob lui-même a avoué qu'il en était le véritable auteur. Ford aurait été crédité pour lui assurer des revenus financiers ou pour éviter à Marley de reverser ses propres droits d'auteur.

Roots Rock Reggae

La définition même du reggae sur le dernier album de Bob réalisé en Jamaïque, Rastaman Vibration. Roots Rock Reggae fait aussi partie des quelques titres crédités à Vincent Tata Ford et même s'il n'incarne pas le militantisme légendaire de Marley, il matérialise le son inimitable des Wailers.

War

Le 4 octobre 1963, Haïlé Sélassié prononçait un discours devant l'assemblée générale des Nations Unies. Le fameux discours était repris dans la chanson War par Bob Marley sur l'album Rastaman Vibration, sorti en 1976. Un morceau chargé d'histoire de par son message de paix servi par des mots puissants et évocateurs, écrits par Lorenzo Tazaz, l'un des principaux auteurs des discours de l'Empereur éthiopien.

Punky Reggae Party

Bien qu'il n'ait jamais figuré sur aucun de ses albums studios, Punky Reggae Party reste l'un des titres les plus marquants de la discographie du Gong. Sorti en 1977 sur la Face B du single Jamming, le tune rend compte d'un phénomène dont Bob est témoin lors de son séjour en Angleterre entre fin 76 et début 78 : l'embrassement du reggae par les punks britanniques. Marley cite même dans ses paroles des noms de groupes qui incarnaient ce lien entre punk rock et reggae comme The Clash, The Damned et The Jam.

Redemption Song

La dernière chanson du dernier album de Bob Marley sorti de son vivant, Uprising. Simplement accompagnée d'une guitare, la voix de Bob transmet comme un héritage avec ces paroles imagées mais pleines de sens. Enregistré à la base avec le groupe, la version finale sera finalement acoustique. Plusieurs personnes prétendent avoir soufflé cette idée à l'oreille de Bob Marley qui aurait a priori mis du temps avant d'accepter. À l'écoute du rendu final, on ne peut que le féliciter d'avoir suivi les conseils de son entourage. L'émotion transmise dans ce morceau apparaît comme une sorte d'adieu dont on ne se lassera jamais...

Par Reggae.fr
Commentaires (0)
Les mixtapes
& podcasts
écouter
Les concours Reggae.fr

Les dernières actus Roots