Annoncé depuis quelques mois dans notre dossier Peter Tosh, Le Plan organisait une journée « tribute to Peter Tosh » et se payait le luxe d’une exclusivité française : Le Fully Fullwood band qui interprétera Tosh meets Marley. Ce concept rassemble des membres du Soul Syndicate et d’autres pointures du reggae pour rendre hommage aux dieux du reggae que sont Peter Tosh et Bob Marley. Affiche séduisante qui était complétée par la présence de Clinton Fearon pour un show acoustique et l’animation d’une conférence de presse. Rien que çà ! Retour sur une journée interactive et unique.
Cette journée commence par la diffusion du film RedX, réalisé en 1992 et retraçant la vie de Peter Tosh. Fort d’une notoriété avérée, ce film a le mérite de mettre en avant le mysticisme du Bush Doctor. Etant connu, nous avons choisi de venir lors de la conférence animée par Clinton Fearon. Une trentaine de personnes dans le restaurant du Plan, pendues aux lèvres de l’ex-bassiste de The Gladiators. Au menu, des sujets variés tels que la vie dans le ghetto Jamaïcain, et plus particulièrement Trenchtown ; Peter Tosh, sa musique et les Wailers ; Ainsi qu’un sujet particulièrement développé : Le racisme. Intellectuellement, Clinton Fearon rejette ce terme car il est battit sur le postulat selon lequel il existerait plusieurs races d’humains. Or, il n’y a qu’une seule race : La race humaine. A cette parole, il déclenche une approbation dans la salle. Le public est conquis par sa façon de développer ses arguments. Après une bonne heure de conférence, il est l’heure d’ouvrir le restaurant pour un repas où Clinton reste, bien sur, très accessible. Humaniste et ouvert, il a séduit particulièrement ce soir et nous attendons son set acoustique avec impatience.
Alors que les membres du Fully Fullwood band arrivent à Ris Orangis, nous sommes convié au soundcheck du band. Moment particulièrement intéressant puisque nous avons l’occasion de parler à Donovan Carless et Tony Chin. Très accessible, ce dernier est une bible puisqu’il a eu l’occasion de travailler avec les plus grands et de faire partie du Soul Syndicate. Nous apprenons qu’il était présent lors des premières sessions d’enregistrement des Wailing Wailers en 1962 pour « Simmer down » ou encore de « natural mystic », etc. Et puis il aborde le sujet des Soul Syndicate et le dernier concert lors du Ja Sound 2006. Evènement qu’il aimerait renouveler. Les sujets tels que les sessions studios pour Joe Gibbs, le hit de Big Mountain (« baby I love your way ») auquel il participa, et son dernier titre sur Obama sont autant d’occasion d’être impressionné. Après cet aparté, nous avons qu’une envie : Voir le band à l’action. Il est un peu plus de 20h15 quand Clinton Fearon arrive sur scène avec sa guitare. La salle est faiblement remplie et le public est varié : Des jeunes et des quinquagénaires, vétérans du reggae des 70’s et 80’s heureux d’être présent pour célébrer Peter Tosh. Bien que le public soit parsemé, Clinton assure le show avec des titres excellemment interprétés. Il commence son set avec « River to cross ». Il entrecoupe ses titres par des discours introductifs comme avec « bless your heart » qu’il dédie à toutes les femmes, sources de la création. Il continue avec « just a dream » avant de continuer sur « songs of praises ». Présente sur le dernier LP de Tu Shung Peng « Trouble time », il l’interprète en live pour la première fois ce soir. Il en profite pour remercier Nova pour sa diffusion et s’excuse d’avance s’il commet quelques erreurs. C’est avec brio qu’il s’exécute et le rendu de cette tune est excellent. Du grand Clinton Fearon ! Le public est vraiment conquis et c’est quelques minutes avant d’entamer « chatty chatty mouth ». De nombreuses personnes reprennent les chœurs et chantent avec lui. Clinton est visiblement ému. C’est également le cas avec « don’t cry ». Le concert touche à son terme et Clinton part avec « changes » et revient quelques minutes sous les acclamations du public. Après une heure de concert, il laisse la place aux membres du Tosh meets Marley. Le bassiste Fully Fullwood, membre du Word Sound and Power de Peter Tosh entre 1981 et 1983 entre en premier sur scène, suivi de ses collègues : Tony Chin (guitare), Jawge Hughes (clavier), Donovan Carless (chant), Vince Black (guitare), Carl Wright (batterie) etc. Leur volonté est de rendre hommage aux Wailers originels en présentant au public les titres les plus connus. Après une tournée européenne, ils sont présents ce soir à Ris Orangis pour une date unique en France. Mark Miller, manager lors d’une tournée de Bob Marley & The Wailers, annonce le début du concert. Ils font une introduction où l’on reconnaît « buck in ham palace » ou encore « jamming ». Donovan Carless arrive sur « lively up yourself ». Le public encore présent l’accueille avec plaisir. Après ce premier titre, place au style Peter Tosh avec « coming in hot », « I am not gonna give it up » et finalement pour les nostalgiques de l’époque des Wailers, « stir it up ». Si la voix est différente, la vibe est bien présente et cela fait plaisir d’écouter en live ces titres mythiques et gravés dans le marbre du reggae. On entend les premières notes de « pick myself up » avant une version détonnante de « african » sur laquelle le batteur va faire durer le titre sur des rythmes nyabinghi. Alors qu’à peine « african » terminé, les notes de « equal rights » sonnent, suivi de « downpressor man » et « don’t look back ». Si ces artistes reprennent volontiers les hits des Wailers, ils ont également leurs propres titres et chaque membre du groupe va s’y coller. Tony Chin reprend « Mr chatterbox », par exemple. Mention spéciale au clavier, Jawge Hughes, qui avec sa voix grave chante un titre plus ragga qui vient réveiller quelque peu la foule, ou encore « Peace and harmony » chanté par le groupe entier. Chaque artiste a une voix particulière et un titre orienté dans un style (reggae, soul, etc.) Ils terminent leur concert avec des classiques tels que « I shot the sheriff », « I am the toughest », « Bush doctor » ou encore « rastafari is ». Ils quittent la scène sur « jamming ». Après les applaudissements du public, ils reviennent entonner un titre, « We need more love », avec Clinton Fearon ! Moment exceptionnel rassemblant des légendes du reggae jamaicain.
Il est un peu plus de minuit et cette journée « Tribute to Peter Tosh » a été une véritable réussite en terme de spectacle et de qualité musicale. Le Plan continue d’amener des artistes de qualité et d’animer le sud est francilien en terme de reggae : Clinton Fearon a conquis avec son élégance de style et ses titres efficaces, tandis que Tosh meets Marley a mis le feu en reprenant la plupart des hits du Mystic man. Notez que U-Roy et Pablo Moses seront en concert dans cette même salle au mois d’avril. Félicitations aux personnes du Plan pour leur engagement et la qualité de leur programme.