Ce mardi 26 mai, Luciano, dans le cadre de son "Yes we can tour", s'arrêtait à Paris au Cabaret Sauvage . Accompagné de son éternel Jah messenjah band et de ses choristes Far east singers, il amenait deux invités : Jah Call et Carol Thompson. L'ouverture des portes était prévue à 19 heures, mais le concert ne commença qu'un peu après 21 heures. Autour de 600 personnes s'étaient déplacées pour assister au show du Messenjah Luciano. Que des fans et un public assez hétéroclite en matière d'âge pour cet artiste qui commence à devenir un vétéran de la scène new roots! La salle est donc loin d’être pleine mais les connaisseurs de Luciano sont prêts à en prendre plein les oreilles (et les yeux). Ganja Tree fait office de MC et introduit le Jah messenjah band (sans Dean Fraser parti avec Tarrus Riley, ni Bo-Pee qui lui est avec Beres Hammond) qui s'installe et interprète un tune sur le riddim « walk away from love » et un sample de U-Roy. L’année passée déjà, lors du reggae live tour 2, nous avions pu voir que le backing band était différent, démontrant l’envie de Luciano d’évoluer sans son maître d’orchestre, Dean Fraser, avec lequel il a passé plus de 15 années. La prestation est de qualité : Marc, le saxophoniste s’en donne à cœur joie et fait vibrer le Cabaret. Chaque musicien a le droit à son passage personnel mais il faut avouer que le cuivre procure une touche roots appréciable. Alors que Ganja Tree annonce les choristes, le batteur l’interrompt et lui dit qu’un invité spécial est présent. Il s’agit de Jah Call.
Cet artiste originaire de la Dominique rentre sur sène sur le « truth & rights » riddim et poursuit sur le « world a reggae » riddim que le backing band mixe. Le public commence à réagir à cette accélération de rythme, même si cela reste timide. Jah Call quitte la scène après 10 minutes sur de très bonnes vibes.
C’est maintenant au tour des Far east singers, qui vont à tour de rôle se partager le micro. On reconnaît « sing our own song » ou encore le « steppin’ out of Babylon » que reprenaient les I-Threes lors des tournées de Bob Marley & the Wailers. Le son dans la salle est excellent et bien réglé (malgré un ou deux petits larsens très vite maîtrisés) : La basse est perceptible et ne sature pas, le saxophone « claque ». Le public réagit favorablement à ce quart d’heure de reggae féminin que les choristes de Luciano ont interprété.
La dernière guest entre sur scène. Il s’agit de Carrol Thompson. Artiste résolument ancrée dans un style lover, elle va légèrement faire baisser l’ambiance. La voix est douce et ses intentions de maintenir le rythme louables, mais une partie du dancefloor se vide au profit du bar et des banquettes. Après cinq titres dont « fly away » ou encore « hopelessly in love », elle s’éclipse et laisse place à la tête d’affiche.
Vient le moment que tout le monde attendait : Luciano. La fosse se remplie d'un coup ! On entend la guitare acoustique de « remember when ». Il arrive sur scène, majestueux, vêtu de son habituel uniforme Jah army, ceci faisant écho à son titre (« je me souviens quand nous étions rois et reines sur notre terre natale »). Le public explose de joie aux premiers mots prononcés en français par Luciano. Place au reggae ! Il commence son set avec « traveler », puis les premières notes de « messenger » retentissent.
La voix est magnifique, posée, douce, mais puissante. « Give praises », ensuite, qu’il pull up dès le début, ressentant l’agitation du public. Luciano, comme à son habitude, interagit avec son public et sait maintenir la « chaleur ». Il communique tout le temps et est présent sur tous les plans : A la mise en scène, sur ses lyrics, devant le public (il serre les mains des personnes du premier rang, prend une image d’Haile Selassie, etc.). C’est un excellent début de concert où il reprendra « ulterior motive », « how can you », etc. Puis il s’arrête et nous dit qu’un nouvel album est sorti, « Jah is my navigator », qu’il va nous jouer tout de suite après (Tarrus Riley a écrit ce tune).
Il joue avec sa voix : un temps léger, puis grave, pour remonter dans les gammes. C’est fantastique de l’entendre. A peine le temps de respirer, il commence « Jah live » d’une des plus belles manières qui nous fait oublier assez vite la version originale. On bascule ensuite sur un medley de ses premièrs succès : « who could it be », « your world and mine », « over the hills », etc. Luciano retourne la salle avec des riddims made in Corleon : Le « drop leaf » avec son « for the leaders », en medley avec « silver and gold » et « call on Jah ». Pendant cinq minutes, il joue avec sa voix, chuchote puis tel un prêcheur lance des « Jahhhh » avec une voix ténébreuse. Le concert touche à sa fin et il nous introduit encore une nouveauté, « no evil » où il introduit le Jah Messenjah band. Titre rapide sur lequel il quitte la scène avant d’être rappelé bruyamment. Il vient nous délivrer une prière sur « It’s me again » et termine sur « Lord give me strenght » . C’est malheureusement la fin. Le messenJah part, royal, après une prestation de qualité. On peut regretter le fait qu’il fasse le même set d’année en année, mais c'est tellement bon de voir Luciano!
Dans une salle à moitié pleine, Luciano a tout de même démontré son talent d’artiste de premier rang. La période des festivals arrivant et le nombre important de concerts des mois de mai/juin ont sûrement refroidit des fans qui à la vue de cette revue ne pourront se dire qu’une chose : Vivement son prochain passage ! Merci à Bamba Production pour cette excellente soirée.