Garance reggae festival 1ere Soirée - 31/05/2009 Le Garance reggae festival s'est ouvert ce dimanche 31 mai à l'Elysée Montmartre avec une belle brochette de stars du reggae : Takana Zion, le jeune guinéen (23 ans) vient promouvoir son nouvel album, Chezidek qui surf sur l’encensement de la critique vis à vis de son opus « inna de road » et finalement Jah Mason. Cela fait quelques mois que les concerts ne font pas le plein (crise économique? artistes récurrents sur le sol français? manque d'actualité des artistes? etc.) mais à notre grande surprise, lorsque nous rentrons dans la salle, nous constatons que les rideaux ne sont pas tirés! Excellente nouvelle qui laisse présager une soirée plus explosive que les précédentes. Au final, quelques 1 000 massives auront fait le déplacement pour le cru 2009 du festival parisien.
En bons professionnels, Garance respecte et fait respecter les horaires de passage des artistes et comme annoncé, à 19h30, Takana Zion ouvre le bal. On reconnaît sur scène Manjul à la basse, mais également l’ancien clavier des Sinsemilia. Devant un parterre de fans venus dès l’ouverture, il débarque sur scène avec un titre nyabinghi « Oh Jah ». Tout de blanc vêtu et sa tête enturbannée, le « Sizzla africain » comme le nomme les médias (à juste titre ?) est accueilli timidement alors qu’il a pour mission de chauffer la salle. Il interprète dans la foulée « zion prophet » et tel un lion montre ses crocs, prononce des paroles acerbes à l’encontre des colonisateurs et autres babyloniens. Il est un digne héritier de ces artistes reggae africain avec leurs protestations (esclavage, pauvreté, etc.) en alternant le français, l’anglais et le soussou. Il dénonce la gente politique avant d'attaquer son « soif de pouvoir ».
Un artiste engagé, donc, où l’on ressent chez lui une forte inspiration provenant du rap. Takana nous fait part de sa foie rasta avec « Jah moves with me » De son nouvel album on reconnaît « jeune fille » ou encore « mama africa ». Une prestation de bonne qualité, où il fédère une partie du public, même si celui-ci est extrêmement peu communicatif. Il part sur « black mafia », un morceau qui se rapproche du nu-roots jamaïcain. Son concert de 40 minutes a été appréciable, malgré un manque flagrant de réaction du public.
La pause nous laisse entrevoir un Elysée Montmartre qui s’est allègrement rempli. Le MC quant à lui trouve que le public est mou et l’invite à se manifester plus bruyamment. C’est alors qu’il annonce le second artiste à venir ce soir : Chezidek. Le homegrown band se met en place et là surprise : Omar Perry est annoncé en guest. Il vient faire deux morceaux ("rasta meditation" et "redder than red") et, comme à son habitude, réussit à bien chauffer la salle avec quelques passages mixs bien pensés.
Vient le tour de Chezidek qui débarque sur scène en chantant « hail far I », avant d’enchaîner sur « chant for life » ou encore « jah works ». Il parait en manque de marques au début, visiblement à la recherche de réactions du public et de sa voix.
Puis au fur et à mesure, il se lâche, danse, pull up quelques tunes, remercie le band. La voix est soft, douce et devient plus sûre. En tant que fervent défenseur de la légalisation, Chezidek nous interprète « burn di ganja » et « herbalist ». On s’attend à « leave the trees », mais pas ce soir (malheureusement). Il explore d’autres sonorités avec un morceau plus « crossover », aux sonorités rock/pop avant de revenir sur son terrain de jeu.
A l’amorce de « inna de road », les massives exultent, il reprend également « harvest time ». La fin du concert est phénoménale avec deux puissantes versions de "dem a fight we", où une partie du public à l’écoute des premières notes du « truth and rights » riddim requiert un pull up, qu’il exécute, avant d’enchainer sur "call pon dem". Le homegrown mix la fin et Chezidek quitte la scène sous un tonnerre d’applaudissements. Il nous gratifie d’un ultime « Far I » avant de laisser la place à Jah Mason après 50 minutes d’un très bon live.
Il est 21h40 quand le DJ est annoncé. Visiblement les massives sont là pour lui. En manque d'actualité (son dernier album date de 2007), il a toutefois trouvé un pays acquis à sa cause. Comme à son habitude, il débarque sur « life so joyful » qu’il commence tranquillement avant d’engager son toast ardent. Une entrée fracassante qui ne laisse pas indifférent ! Comme l’année passée, nous avons le droit à ses habituels titres « wheat and tears », « mi chalwa » ou encore « farmer man ». Il ne prend pas, ou peu, le temps de parler au public et fait un show en « solitaire ». Néanmoins, il big up « papa Chezi » qui vient de quitter la scène, seulement, avant de repartir sur son show. Faisons amende honorable sur ce point puisque l’efficace « revolution » riddim retentit et nous avons le droit à « living without jah ». Jah Mason nous habitue depuis deux ans à faire des shows carrés, sans grande surprise et changements d’interprétation.
C’est également aux mimiques près qu’il continue comme ceci. Place aux deux hits « run come love me » et « princess gone », sur lequel il quitte la scène. A son retour, Jah Mason interprète des tunes plus love tels que « don’t think i’am gonna cry », « lovin you for so many reasons » ou « burnin’ love ». Le homegrown band joue l’air du “wipe out” riddim avant d’enchaîner un tune sur le "world a reggae" riddim avec un guest (un franco-norvegien, Nico-D).
La fin du concert approche et il quitte définitivement l’Elysée sur "hill vibes", titre qui déclenche l’euphorie dans la salle, après plus d'une heure de show.
Le festival Garance est bel et bien lancé. Le public quitte la salle qui est, avouons-le, un sauna, après avoir passé une bonne soirée nu-roots. Takana Zion a ouvert d’une belle manière les hostilités se dressant en digne héritier d’artistes reggae africain. Chezidek a conquis le public avec ses vibrations et ses tunes efficaces. Peut être le moins imaginatif, mais le plus conventionnel ce soir, Jah Mason a fait son show d’une manière carrée, contentant une bonne partie de ses fans. A la vue de la première soirée, cette nouvelle édition du festival parisien qui continuera les 5 et 6 juin s’annonce comme un bon cru (il suffisait de regarder le nombre impressionnant de médias présents). Le rendez-vous est pris pour Ken Boothe, Bob andy, Barrington Levy, Don Carlos, etc.