Garance reggae festival 2nd soir – Bob Andy & Ken Boothe 05 juin 2009 Six jours après l'ouverture à l'Elysée Montmartre, le Garance reggae festival se poursuivait en ce vendredi soir à la Halle nord de la Villette. Une première pour un garance festival dans ce hall. La salle est grande et dotée de deux balcons (avec des coins banquettes s'il vous plaît!), d'une aération puissante rafraîchissant l'atmosphère et d'une superbe sono. L’opération séduction a parfaitement fonctionné sur ce point en tout cas. On nous annonce que la soirée est complète, mais bizarrement, la moitié de la salle et ses quelques 1500 personnes auront fait le déplacement. Au programme : le britannique Natty, les deux légendes Bob Andy et Ken Boothe qui se partagent la scène et finalement Finley Quaye. Une affiche enthousiasmante qui aura tenu toutes ses promesses.
A notre arrivée, Natty est déjà sur scène. Venu promouvoir son premier album, « Man like I », cet anglais a amené avec lui un backing band sérieux. Force est de constater que lui-même ne démérite pas avec sa guitare acoustique. Il a un reggae pop ayant de fortes ressemblances avec ce qu’un artiste comme Patrice peut faire. Comparaison facile qui ne s’arrête pas à son goût pour la guitare, mais également par une voix suave et douce. Son flow est rythmé, ses lyrics abordent des sujets universels (amour, vie dans le ghetto, etc.) et l’on reconnaît également une version retouchée de « one 100 pound of collie weed » (où il remplace Kingston par Brixton). Un artiste que nous découvrons ce soir, et qui, aux vues des réactions positives, a été apprécié par l’audience. Découvrez-le, ou redécouvrez-le, sur son myspace (Natty4d).
Le changement de scène est rapide et les français du Faya dub band s'installent. Une large formation dotée de 2 guitaristes, deux pianistes, un batteur, un bassiste, un saxophoniste et chose rare d'un flûtiste. Une formation que l'on avait déjà aperçu aux Zicalizes l'année passée (à la soirée Junior Dan et Horace Andy) où une partie du Ruff Cut band les avait rejoint. Nous assistons ce soir à une configuration identique. Ils entament une introduction dub où chacun s’exprime. Le MC (Jamalski) est attendu pour introduire Bob Andy. Tout le week-end, il n’aura été qu’un fardeau pour l’organisation alternant des présences sur scène injustifiées et des absences désagréables. Certainement un des points noirs du week-end. Le « unchained » riddim retentit et Bob Andy, la "classe studio one", débarque sur scène sur ce titre éponyme. La voix est vacillante, vieillie, mais nous sommes tout de même séduit de le voir pour sa première apparition parisienne (son tout premier passage en France remontant à 2005 à Magny les Hameaux, dans le cadre des Zicalizes). Sans se focaliser sur sa voix, le concert est de qualité au niveau des titres repris ce soir ("too experienced", "let them say", "desperate lover", etc) et une version a capella de "life" accompagné par un seul piano. Les paroles sont touchantes et conscientes appelant à la fraternité et l’amour. Déclaré le meilleur parolier jamaïcain, on sent une certaine paisibilité à l’écouter. Un léger ska pour continuer avec « you’re still my honey ». La fin du concert approche et il interprète « the sun shines for me », repris maintes et maintes fois (par Gregory Isaacs entre autres), ou encore « feeling soul ». Bob Andy reste sur scène 50 minutes et nous quitte avec "I've got to go back home". Certes, il a du mal à monter dans les gammes, mais la ferveur est toujours là. Pour un second passage en France, sa prestation a été excellente.
Pas d'entracte pour le groupe et Ken Boothe débarque sur scène. Mr Rocksteady a toujours cette voix magnifique. Il est actif sur scène et bouge encore énormément (surtout sur ses rythmes ska tels que « artibella »). Il communique avec le premier rang et fait danser l’audience. Il faut avouer qu’une majorité du public est clairement venue pour lui. On reconnaît au début de son concert une version touchante de “crying over you” et un énergique « when i fall in love ». Il remercie les personnes s’étant déplacé en avançant que les jamaïcains seraient fiers de voir notre pays aimer leur musique. Il aborde également le sujet du dancehall, musique qu’il juge comme une mode (ironiquement, il fera un petit moment mix sur « artibella »). Ses hits y passent tous et nous avons le droit à un remake de son album « live au cabaret sauvage » avec « puppet on a string », « the train is coming » ou encore « without love ». La qualité de son show est criante et l’assistance ne s’y trompe pas tant les ovations sont persistantes. Les couples sont à l’honneur avec ses titres love : Une mention spéciale à la version de "everything i own" de toute beauté. Après une heure d'un show intense, son départ appelle un retour sur scène. Nous avons le droit à une fin spéciale puisque Bob Andy est rappelé et ils interprètent un titre en commun. Un de ces moments si rare mais tellement appréciable.
Il est pratiquement minuit, et nous devons partir avant Finley Quaye. Une partie du public se dirige vers les dub stations pour voir Saxon feat. General Levy et David Rodigan. Après une première soirée nu-roots artistiquement réussie, le Garance festival continue sur sa lancée. Nous avons eu le droit à une excellente soirée roots avec les deux légendes que sont Bob Andy et Ken Boothe. Leurs prestations ont réellement mis un point d’honneur à une édition qui ne finit pas d’impressionner. Mizik Factory a clairement mis les petits plats dans les grands et il nous reste la soirée du samedi pour conclure en beauté. Rendez-vous le lendemain, donc, avec Queen Omega, Don Carlos et le très attendu Barrington Levy. Cette soirée sera-t-elle le point d’orgue du festival 2009 ?