Le titre du nouvel album, « How do you call it ? », résume à lui seul tout ce qui fait l'originalité de la musique de
Patrice : on ne peut la nommer car elle n'a pas de frontières. Du reggae, en passant par la soul, le blues, le jazz ou encore le hip-hop, la musique de
Patrice ne reste jamais figée et se joue à merveille de tous ces styles musicaux. Ancient Spirit, qui s’est vendu à près de 30000 exemplaires en France, faisait déjà sensation par sa diversité et son côté novateur.
Ce metissage musical est assez significatif de l'histoire atypique de
Patrice Bart-Williams qui est né le 09 juillet 1979 près de Cologne, le jour de la disparition de son grand-père, ce qui lui a valu d’être nommé Babatunde, « le retour du vieux » en Haoussa. Fils d’une mère allemande et d’un père sierra-léonais, l’écrivain activiste Gaston Bart-Williams,
Patrice vit toujours en Allemagne, à Hambourg.
Très tôt il a baigné dans cette double culture qui lui a permis, entres autres, d’apprendre le patois jamaïcain parlé par son père et de se forger une culture musicale très diverse. Son père écoutait du blues, de la musique africaine de Fela Ransome Kuti et King Sunny Ade, le reggae de
Max Romeo and The
Upsetters ou
Burning Spear, alors que sa mère écoutait du jazz, Billie Holiday, ou les chansons de Bob Dylan.
A l’âge de 12 ans il plaque ses premiers accords et commence déjà à écrire des chansons. Ses influences principales sont alors
Bob Marley et Jimi Hendrix.
Patrice joue avec plusieurs formations jusqu’à l’âge de 17/18 ans, mais son orientation musicale ne le satisfait pas, ce qui finit par le décourager.
Finalement, il se remet à la musique avec la volonté de concrétiser sérieusement un projet. Sous le nom de Babatunde, son patronyme africain,
Patrice intervient au sein du Bantu Crew (Brotherhood Alliance Navigating Towards Unity) aux côtés du chanteur de reggae Don Abi, Ade (ex Weep Not Child) et du chanteur Amaechina. En hommage au projet d’unité africaine de Steven Biko, ils ont sorti deux singles d’Afro Beat qui ont cartonné dans les charts nigérians.
Patrice fût ensuite remarqué par le producteur allemand Matthias Arfmann qui reçu une démo du titre « You always you ». Impressionné par le talent du jeune homme, Arfmann décide de produire le maxi « Lions ».
Signé par le label allemand Yo Mama, le maxi « Lions » permis à
Patrice de décrocher la première partie de la tournée européenne de Lauryn Hill (1999) et de participer au festival des Inrockuptibles en 2000. Une guitare acoustique, une basse, quelques percus, et son incroyable présence suffisent à captiver. Incontournables, les références à
Bob Marley, Wyclef Jean ou même Finley Quaye sont pourtant impropres à cerner le phénomène. La musique de
Patrice est forcement marquée par le reggae mais ne s’y résume pas. Grâce à une production soignée, il parvient à jouer des codes du genre et repousser un peu plus loin ses fondamentaux. Arrangements jazz, quatuor à cordes, orgues 70’s et bruitages électro viennent tour à tour épauler sa voix éclatante. C’est elle qui donne le ton d’Ancient Spirit: un peu voilée, ses ruptures de rythmes impulsent l’énergie aux morceaux et créent l’émotion. Ses paroles révèlent une personnalité affirmée. Même s’il fustige la bêtise de Babylone et célèbre les femmes et l’amour, son discours refuse toute béatitude rasta.
Pour ce premier album,
Patrice a su s’entourer. La section cuivre des
Skatalites, les Jamaïcains du Shashamani Band (qui accompagnent President Brown et Kulcha Knox), Judy Gordon (qui a travaillé avec les I–Three de Rita Marley) ou encore Rooke Yellow (batteur de Miriam Makeba) sont venus apporter leur touche sous la houlette de Matthias Arfmann. Du coup, Ancient Spirit reflète une certaine diversité tout en inventant un reggae vif et créatif. Ballades imparables («You Always You», «Love») ou dub premier choix («Fear Rules»),
Patrice sait écrire de vraies chansons. Aussi à l’aise sur un ragga festif («Party») que pour un reggae militant («Murderer») ou une session acoustique («No Excuse»), il revisite ses classiques en leur insufflant un supplément d’âme et une bonne dose de légèreté.
Après plusieurs dizaines de concerts et de festivals, quelques participations avec des artistes hip-hop et reggae,
Patrice sort son deuxième album intitulé « How do you call it ? ».
Si il présente toujours une étonnante diversité musicale, on notera que le reggae se fait cette fois-ci plus discret, au profit de morceaux beaucoup plus soul soutenus par des rythmiques trés efficaces empruntant, les voies du funk, du hip-hop ou du jazz. Une touche électro est apportée à l'album, grâce à la contribution de Cameron Mc Vey (producteur du 1er album de Massive Attack) sur trois des morceaux. La production, véritable travail d'orfèvre, a été assurée en majeure partie par
Patrice. Les musiciens jamaïcains du Shashamani Band (son groupe de scène) l’accompagnent tout au long de l’album. Quelques invités de marque, tel que le guitariste de Sly and Robbie, Darryl Thompson ont participé à certains titres