Vétéran de la scène reggae française, Brahim est de retour avec un nouvel album, disponible le 20 octobre et intitulé 'Déconnecté'. L'opus était à vrai dire attendu et l'artiste, accompagné par son label Baco Records (qui avait sorti le précédent album de Brahim, "Sans Haine"), a pris le soin de nous faire patienter avec des titres tels que "Toujours Opé", "J'allume la télé" et plus récemment "Le Sable". Ceux-ci nous montraient déjà la nouvelle couleur musicale apportée à l'univers de Brahim, suscitée par l'excellent travail du super actif Manudigital, au contrôle des riddims.
A l'écoute de "Déconnecté" dans son ensemble, ce nouveau souffle se confirme et se place bien à la hauteur de nos attentes. Les influences et textures sonores abondent. "Déconnecté" est plus que jamais un album réussi. Des riddims reggae old school revisités à la sauce digitale nous séduisent sur "A peine le temps", mais aussi "La Jungle" ou encore "Tout n'est que bizness". "Second rôle" est quant à lui empreint d'une savante vibe hybride ragga hip hop electro sur laquelle le rappeur Tibé (avec lequel Brahim avait déjà collaboré en 2009 sur le morceau "Coûte que coûte") apporte son flow percutant. Une énorme déflagration dancehall s'impose à nous (et l'on s'en délecte !) sur "Laisse-là", où Brahim et l'une des plus grosses stars du dancehall antillais, Mighty Ki La, s'associent pour un morceau efficace.
La thématique de ce dernier, plutôt légère, est cependant une exception sur l'album, puisque Brahim, qui a toujours été très engagé dans ses textes mais qu'on a aussi connu orienté vers des thèmes amoureux, provoque et attaque avec force les maux de notre société. Sa voix si particulière (moins langoureuse que sur "Sans Haine") se prête parfaitement à ses lyrics directes et sans concession contre la société de consommation. Le titre de l'album, "Déconnecté", en est bien sûr le signe ; "J'allume la télé", au refrain court, répétitif et entêtant en est aussi une bonne illustration. Brahim nous livre sa vision de la vie (sur le très positif "Toujours Opé"), les défauts de la société de l'information où le net contrôle tout (sur un excellent et entraînant "Les rumeurs"), dénonce le déterminisme social et les discriminations ("La Jungle" et "Second rôle"), l'argent qui corrompt les relations humaines ("Tout n'est que bizness"), mais se fait aussi sage sur "Notre pire ennemi". Et pour tous les oiseaux de nuit qui nous lisent, vous vous reconnaitrez sur le bon et très rythmé "La nuit" ;-).
Les textes sont bien travaillés, sur des riddims aboutis, les morceaux s'enchaînent parfaitement et demeurent en tête après écoute. Idéal pour se déconnecter de la frénésie sociétale ambiante.
Notez que Baco Records et Reggae.fr vous offrent 5 exemplaires de l'album jusqu'au 20 octobre.
Tracklist :
1. Notre pire ennemi
2. A peine le temps
3. La jungle
4. J'allume la télé
5. La nuit
6. Seconde rôle ft Tibé
7. Le sable
8. Laisse-là ft Mighty Ki La
9. Toujours Opé
10. Tout n'est que bizness
11. Les rumeurs