Quelques mots sur l'histoire du dub
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Quelques mots sur l'histoire du dub

Lignes de basse et de batterie hypnotiques, réverb’ et phaser envoûtant, ambiance enfumée et ingénieur du son démoniaque : entrez dans le monde du dub… Au milieu des années soixante, alors que le Rock Steady est à son apogée en Jamaïque, les studios « Studio One » et « Coxsone » sortent des morceaux sans solos de cuivres. La légende veut que les musiciens ne soient pas venus enregistrer ces solos et que devant l’obligation de temps, les disques soient néanmoins sortis, laissant à leur place des solos de rythme (riddim solo). De cet heureux hasard naissait une musique planante et envoutante : le dub. Le dub (en électronique, action de copier un enregistrement et produit qu’il en résulte) va associer une version instrumentale d’un morceau, où dominent les lignes de basse et de batterie, à laquelle il va rajouter tout un tas d’effets spéciaux comme l’écho, le phaser et la réverbération. Il va connaitre le succès auprès du public reggae mais aussi soul et funk, et trouver en la personne des maisons de disques un allié indispensable puisque les versions dubs d’un grand nombre de morceaux vont être inscrite sur les faces B des disques (ceci permettant des économies assez importantes). Mais au dela du hasard et de l’aspect financier, le dub va devenir un véritable style de musique à part entière grâce à des grands noms du Reggae : King Tubby, Lee Perry, Augustus Pablo ou encore Mad Professor. Le premier, de son vrai nom Osbourne Ruddock, lui a véritablement conféré ses lettres de noblesses avec une participation sur un nombre incalculable de morceaux. Le label « King Tubby’s Version » est l’indispensable partenaire de la majorité des sorties de l’époque. Ses albums solos comme « the roots of dub » ou « dub gone 2 crazy » sont des classiques du reggae. Mais c’est avec la formation d’ingénieurs du son, tous plus forts les uns que les autres : Philip Smart, the Scientist, Prince Jammy, Fatman, que le King reste un modèle. D’autres, comme Lee Perry avec l’introduction du phaser (ensemble de dispositifs electroniques qui appliquent des déformations successives au signal qu’on introduit dans l’appareil), Sly and Robbie ou Augustus Pablo et son mélodica, ont encore renforcé le dub, ouvrant la porte à un nombre impressionnant d’inovations et d’expérimentations. Les noms de Burning Spear et le fameux « Marcus Garvey/Garvey ghost », de Joe Gibbs (le formateur de Bob Marley) et ses « African Dub », et aujourd’hui de Mad Professor remixant Massive Attack dans un « no protection » lunaire ont confirmé le dub comme un style de musique à part entière où chacun apporte ses expériences musicales pour hypnotiser le public. La scène française n’échappe pas à la règle. Des groupes fleurissent un peu partout dans l’hexagone et c’est parfois pour le meilleur. Le dernier album d’Improvisators dub, « Dub & Mixture » en est la preuve. Leur association avec The Disciples les assoient, si besoin était, véritablement dans une place de leader de la scène dub française. Les Zenzile, et leurs « Sachem in Salem » ou le « meets Jamika », ou encore les High Tones avec « Opus Incertum » renforcent cette scène dub qui laisse augurer de belles choses pour l’avenir. Pourtant les dernières productions dubs internationales et plus particulièrement jamaïcaine sont bien rares. En effet depuis la mort de Tubby en 1989 le dub paraît avoir laché son dernier souffle même si les derniers purs et durs : Colin York et Lynford Marshall, continuent de porter le flambeau .
Par Tren Kil
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