L’histoire d’amour entre la Jamaïque et les Beatles ne date pas d'hier. De la reprise de Norweigan Wood par Jackie Mittoo pour Studio One à l'indémodable Blackbird Singing de Rosalyn Sweat and The Paragons, en passant par You Won't See Me des Clarendonians, jusqu'au sublime Don't Let Me Down de Marcia Griffiths, les musiciens de l'île réinventent les chansons de Lennon et McCartney depuis les années 1960 et les mélodies de leurs chansons y sont profondément ancrées.
Rien d’étonnant alors à ce que l'un des plus prestigieux producteurs jamaïcains - Clive Hunt - ne convoque encore en 2023 une équipe de musiciens hors pairs pour insuffler une nouvelle vie et une nouvelle ambiance reggae au recueil de chansons des Beatles.
C'est toute l'ambition de Rub-A-Dub Soul, sorti ce jour en version physique et digital (VP Records, à se procurer ici : https://clivehunt.lnk.to/Rub-A-Dub-Soul) et sur lequel on retrouve côté musiciens entre autres Robbie Lyn, Dean Fraser ou encore Kirk Bennet.
Il a réuni pour l'occasion des artistes « fondation » tels que The Pioneers (You Won't See Me), Barry Biggs (Here Comes The Sun), The Tamlins (Blackbird) et Little Roy (Norwegian Wood) ainsi que des chanteurs plus contemporains comme Tarrus Riley qui livre un parfait (With A Little Help From My Friends), sans oublier un certain nombre de talents du monde entier. On apprécie en particulier l'allemand Gentleman sur Help et son compatriote Patrice à qui Let It Be va si bien !
On en place une spéciale pour les performances d'artistes/groupe français sur un projet international de 14 titres. Pierpoljak se débrouille admirablement bien sur l'emblématique Michelle, en compagnie de la chanteuse grenado-britannique Ala.ni. Danakil - qui avait déjà rendu hommage aux Beatles en version reggae avec Fool On the Hill il y a une dizaine d'années - s'attaque avec talent au classique et sublime Hey Jude. Et Yaniss Odua, qui a l'habitude de travailler avec Clive Hunt depuis de nombreuses années a quant à lui réussi la mission de reprendre le plus dansant Revolution.
Le projet est original et de belle facture et montre s'il le fallait encore, les liens qui ont toujours uni le groupe anglais à la Jamaïque.
On rappelle aussi que Jamaïque elle-même a influencé les membres des Beatles en leur temps. Paul McCartney s’est rendu pour la première fois sur l’île de la Jamaïque en 1971, avec son épouse Linda. Il raconte : « Nous étions en Écosse et je repeignais le grand toit en tôle ondulée. Pendant ce temps, Linda avait acheté l’un des premiers disques de reggae sortis en Grande-Bretagne, ‘Tighten Up’, et elle le jouait en bas pendant que je peignais le toit. Nous aimions tous les deux la musique et aller en Jamaïque est devenu notre grande ambition. Quand nous l’avons fait, nous en sommes vraiment tombés amoureux : du pays, des gens, de la musique, du style de vie et de la météo. » John Lennon, interrogé à New York en 1979 sur ce qui lui manquait en Angleterre, aurait déclaré : « Au cours des 10 dernières années, l'une des choses qui me manque en Angleterre, c'est le reggae... »
La boucle est ainsi bouclée !