United For Jamaica : Mission 2025 journal de bord #4
Roots 4

United For Jamaica : Mission 2025 journal de bord #4

28 Février 2025
Chaque semaine pendant ce mois de février, nous vous proposons de vivre quasiment en direct les avancées du projet solidaire United For Jamaica, fondation créee à Aubagne, en partenariat avec l'association Kabba Root, qui a acquis un terrain à Rockfort Kingston il y a quelques années afin d'y construire un centre social et culturel, le tout chapeauté et parrainé par l'artiste Putus Roots (membre des Mystic Revelation of Rastafari).


Une partie de l'équipe United For Jamaica, composée notamment de Scali et Al, est actuellement sur place et nous envoie son journal de bord. Merci à eux. Il s'agit ici de leur dernière semaine et du bilan de leur mission cette année.

United For Jamaica : Mission 2025 journal de bord #1 => https://reggae.fr/lire-news/23324_202502_United-For-Jamaica---Mission-2025-journal-de-bord--1.html

United For Jamaica : Mission 2025 journal de bord #2 => https://reggae.fr/lire-news/23349_202502_United-For-Jamaica---Mission-2025-journal-de-bord--2.html

United For Jamaica : Mission 2025 journal de bord #3 => https://reggae.fr/lire-news/23372_202502_United-For-Jamaica---Mission-2025-journal-de-bord--3.html


Pour contacter United For Jamaica ou faire un don, rendez-vous sur :
https://www.facebook.com/UnitedForJamaicaFoundation
https://www.instagram.com/united_for_jamaica


Dimanche 16 février

Ce jour est spécial, ce sont les funérailles de deux personnes qui ont compté dans l’histoire du projet. Le premier, c’est Teneal, un membre actif de United For Jamaica, victime de la violence aveugle des gangs des ghettos jamaïcains. Il a été tué par balles en octobre dernier avec 4 autres personnes lors d’un match de foot qui avait lieu dans la communauté. Le deuxième, c'est Smelie, le fils de Sheron, la compagne de Putus. Il est mort d’un diabète sévère.

Toute la communauté est en deuil ce dimanche. La dépouille de Teneal fait un dernier adieu au quartier avant d’être transportée au cimetière à Old Harbour, àl’ouest de Kingston, juste à côté de Spanish Town.
L’équipe française de United se divise en deux. Une partie se rend à l’enterrement de Teneal et l’autre à celui de Smelie. Il arrive souvent en Jamaïque que les corps ne soient pas enterrés juste après la mort, et ce, pour des raisons économiques. Les habitants du ghetto mettent en effet plusieurs mois pour récolter l’argent nécessaire aux funérailles. Les corps demeurent entre temps à la morgue.


C’était une bonne chose d’être présents pour dire au revoir à ces deux membres et vivre ce moment douloureux avec la communauté. Reposez en paix les amis, on ne vous oubliera jamais.

Le soir, nous allons nous changer les idées au Dub Club. Nous y retrouvons Bazil, David Cairol, Yaniss Odua, Mo’Kalamity, Twan Tee, Emilou … C’était bon de tous se voir sur les hauteurs de Kingston.

Lundi 17 février

Le yard se réveille un peu groggy mais rempli de force. C’est dans ces moments-là que la communauté a besoin de positif et de changement. Ensemble et humblement, nous remontons tous nos manches pour continuer à fabriquer et inventer un îlot de cultures et d’échanges au milieu de la violence du ghetto. Tous les murs du yard sont prêts à être peints. Effectivement, Hulk et Tall ont fini d’enduire toutes les parties du yard.

Les rouleaux et les pinceaux s’activentpendant que le soudeur finit de construire le portail. L’ébullition et le contraste par rapport à la journée de la veille sont saisissants. Le yard est plein de vie, toutes les générations y sont représentées. Main dans la main, nous sécurisons le lieu avec un portail solide et donnons de la couleur à notre cultural yard.

Un grand merci à l’ambassade de France à Saint-Lucie et l’ambassade de France en Jamaïque sans qui cette mission n’aurait pas été la même. Dans l’après-midi, une partie de la team se rend dans un shop de jardinage afin d’évaluer les coûts de l’achat de terre et de plantes.

Une des prochaines étapes du projet consiste à mettre des plantes et des arbres dans le yard. Effectivement, pendant des années, il y avait des chèvres sur le terrain. Du coup, impossible d’avoir un endroit fleuri, car les chèvres mangeaient tout. Cependant, le prix de la terre et des plantesest trop onéreux par rapport à notre budget sur cette mission. Ben décide donc d’aller passer deux jours à la campagne du côté de Port Antonio pour ramener des boutures qu’il va trouver en jungle, afin de fleurir le yard. ??

Le matin, Scali a envoyé un mail à Foga, avocate de la Fondation, pour lui demander un rendez-vous avec la team jamaïcaine, qui va composer le nouveau bureau. Elle est très réactive et nous propose un rendez-vous le lendemain matin à 11 h.??Entre-temps, nous avons fini de peindre le portail en jaune (couleur choisie par Putus).
 
Mardi 18 février

Le soudeur arrive tôt pour finir de souder les grandes plaques de fer sur le portail. Petit point dans le yard, tout le monde finit de se préparer et c’est le départ chez l’avocate. Hulk, Kebre, Junior, Sharon, Al, Scali et Maria se retrouvent 20 minutes après tous ensemble dans le bureau de Miss Foga.

Le rendez-vous se passe plus que bien, d'autant que Nicolle Foga a très bien compris les enjeux. Elle fait partie de la team et du processus de passation. En l’état, le yard est prêt à accueillir des événements culturels, des activités pour les plus jeunes, des moments de rassemblement pour la communauté, des étrangers, etc., avec : une cuisine collective avec WC, deux espaces ombragés avec du mobilier, du matériel pour faire des ateliers avec les plus jeunes, une sono et un yard spacieux.

Après 10 ans d’existence, c’était le moment pour nous de nous retirer du bureau et de leur laisser l’entière responsabilité du lieu. Qui mieux qu’eux pour faire vivre ce lieu à l’année ? Le nouveau bureau est composé maintenant de :?
Kebre : directeur?
Sharon, Junior, Hulk : secrétaires?

Kebre est le fils de Fuzzy. Ce dernier est, avec Putus, l’épicentre du projet. Fuzzy est venu à plusieurs reprises en France dans le cadre des échanges culturels organisés par l’association Kabba Roots. Quand nous allions en Jamaïque avant l’existence du projet United For Jamaica, Fuzzy était un de nos principaux accueillants. Et c’est lui le premier qui a évoqué l’idée de construire un cultural yard ensemble, français et jamaïcains. C’est donc tout naturellement que Kebre est devenu le nouveau directeur de la fondation. Il en a aussi toutes les compétences.

La team jamaïcaine retourne à Rockfort pendant que Maria, Al et Scali vont faire les dernières courses pour approvisionner le stand United For Jamaica et s’occupent de la partie administrative de la fondation. Avant la passation, nous voulons être sûrs de ne rien devoir en termes de taxe gouvernementale. Nous allons au tax office pour chercher les informations. Nous avons deux taxes à payer. La première : property tax, dont le coût est peu élevé : 6000$ jam par an (40€). Depuis 2020, nous n’avions pas payé les taxes. Du coup, nous devions 27 000 $ jam (160€). La deuxième taxe est celle sur les fondations. Celle-ci s’élève à 700€ par an. Du coup, mauvaise surprise, nous devons 550 000 $ jam (3300€) au total.

Nous rentrons au yard, le pas un peu lourd, mais remplis du sentiment du devoir accompli et d’affronter tous ensemble notre réalité. La fondation est maintenant gérée par les Jamaïcains, mais nous sommes toujours là et rien ne change dans notre engagement et nos actions à mener là-bas. À présent, les choses ont encore plus de sens, de saveur, d’authenticité.

D’ailleurs, à notre retour, nous informons la team jamaïcaine de la mauvaise nouvelle. Cette somme, certes assez élevée, n'est pas impossible à réunir. Pour l’instant, notre principale source de revenu provient de la vente de merch sur les stands. Donc, si vous voyez le stand United For Jamaica lors d’un concert, n’hésitez pas à venir nous acheter même un porte-clé à 5 €, c’est une force inestimable (nous faisons également de la vente par correspondance via Instagram et Facebook).

Il nous faut encore passer une couche de peinture sur le portail, finir d’installer le gravier autour de la cuisine collective et terminer d’enduire une jardinière construite à côté de la cuisine. Il est 21 h quand Natty, Chris et Tall se mettent au travail. Ils sont suivis par Scali et al. Pendant que les Jamaïcains installent le gravier et enduisent la jardinière, les Français passent la troisième couche sur le portail afin que tout soit prêt pour le lendemain.

2 h du matin, c’est le moment de nettoyer les pinceaux et d’aller se reposer un peu.

Mercredi 19 février
Nous partons dans deux jours et, comme à chaque mission, nous organisons une party pour célébrer notre travail et notre amitié. À partir de 16 h, nous organisons une visite avec collation pour les officiels.

Cette année, nous avons droit à la présence de Phillip Paulwell, membre du Parlement jamaïcain, d'Oliver Guyonvarch, ambassadeur français en Jamaïque, de Pierre Lemaire, professeur à l’Edna Manley University et président de l’Alliance française. Marina Burnel, artiste photographe française qui vit en Jamaïque, Georgia Richards, la commissaire en chef du district East Kingston.

Le premier à arriver est Phillip Paulwell avec son grand sourire et ses lunettes noires vissées sur son nez. Les retrouvailles sont chaleureuses et le plaisir de se revoir bien réel. S’ensuit un balai d’arrivée avec Yaniss Odua, David Cairol, Ludivine, Dama, Keren, Raffa, Olivier Guyonvarch, Pierre Lemaire…

Ça discute, on se mélange, on boit des bières, les sourires sont partout, sans oublier les accolades, les danses, les enfants qui font des dessins pendant que les adultes – les yeux remplis d’étoiles – apprécient ce moment horsdu temps.

D’ailleurs, lors de ces échanges informels, Scali touche deux mots à Phillip Paulwell à propos de la taxe que nous avons à payer et qui s’élève à 3 300 €, étant entendu qu’une grosse partie sont des pénalités.
M. Paulwell appelle directement notre avocate en la présence de Scali et lui demande de s’affairer afin de faire réduire, voireee annuler les pénalités.

Affaire à suivre…

Merci à Dama, Marina et Ludivine pour les magnifiques clichés que vous pouvez apprécier plus bas dans l’article.

Une fois la nuit tombée, DJ Rambo commence par un set purement jamaïcain pour laisser la place àaffa, qui va backer notre ami Charley Mystic. Nous avons droit aux plus grands classiques du reggae des années 1970.

Pour cette soirée, nous étions 20 Français (un record) et une grande partie de la communauté de Rockford. Ce projet, c'est avant tout ça : l’échange, la rencontre, le partage et l’amour.

United we stand.

Jeudi 20 février

C’est la veille du départ, et c’est le temps du bilan.

Les objectifs de départ étaient :
– la fabrication et l’installation du portail ;
– l’aménagement et la réfection de la cuisine collective ;
– la réalisation d’une fresque murale par Jordan, artiste jamaïcain.

Nous avons réalisé sur ce voyage :
– la fabrication et l’installation du portail ;
– l’aménagement et la réfection de la cuisine collective : nouvel évier, drainage des eaux de pluie ; construction d’une jardinière, peinture, etc. ;
– réfection de la peinture de tous les murs intérieurs et extérieurs ;
– la passation de la fondation et la création d’un nouveau bureau ;
– un élargissement de notre réseau.

Nous n’avons pas réalisé sur ce voyage :
– la confection de la fresque avec Jordan, car ce dernier était malade et alité (à faire sur la prochaine mission).

Cette mission a été d’une richesse inestimable,,, et ce pour plusieurs raisons. La première est que nous avons pu voir Putus et prendre soin de lui. Sa santé est fragile,,, mais il se bat et garde le moral. Notre présence lui a fait du bien.

Ensuite, nous avons, grâce au soutien du programme Small Grant chapeauté par l’ambassade de France à Saint-Lucieciecie, réalisé la construction et la mise en placu portail ainsi que l’aménagement de la cuisine collective et toutes les peintures des murs intérieurs et extérieurs.

Pendant tout le processus de construction et d’aménagement, 4 jeunes de Rockfort ont été sensibilisés et formés aux différentes techniques utilisées (soudure, découpe de bois, découpe de fer, maçonnerie, peinture).

Au plus fort de la mission, nous étions 9 volontaires français (Maria, Big Ben, Lolo, Keren, Caro, Dama, Maggie, Al et Scali) à travailler avec les Jamaïcains. Les liens sont solides entre nous et l’envie de faire de ce lieu un cultural yardqi compte à Kingston est palpable.

Prochaines étapes :
– décorer les murs intérieurs et extérieurs avec des fresques ;
– échange culturel : faire venir Jordan en France et le faire collaborer avec des artistes français;
– fabrication de mobilier en bois ;
– aménagement floral des différents espaces du terrain ;
– ouverture à de nouveaux projets et travail du réseau en France et en Jamaïque.

Vendredi 21 février

Ça y est, c'est le jour du départ. C’est le dernier café en compagnie de cette belle communauté. Ce voyage aura été intense tant dans le travail accompli que dans l’ancrage que nous avons là-bas. Malgré notre manque de moyens financiers, nous arrivons, Jamaïcains et Français, à déplacer des montagnes. Grâce à notre engagement collectif, notre persévérance et notre capacité à affronter des tempêtes, nous faisons exister nos rêves.

Et avant tout, nous essayons de chérir ce mot : espoir.

Merci à tous ceux qui rendent de près ou de loin cette belle aventure humaine.
 


Par Reggae.fr
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