Concert de U-Roy et Junior Murvin
Depuis janvier 2007 deux légendes de la musique Jamaïcaine :
U-Roy et
Junior Murvin sont en tournée. Nous les avons rencontré lors de leur venue au Krakatoa (salle de concert à Mérignac près de Bordeaux). Tous deux ont offert un show impressionant qui a vraiment réjouis le public présent. Ils étaient accompagné du
Dub Band mais aussi de Bo Pee à la guitare (Roots Radic) et de David Madden à la trompette (Zap Pow / skatalites).
Junior Murvin, qui n’a pas perdu sa voix cristalline, a enchaîné ses titres dont le fameux
Police and Thieves.
U-Roy lui a succédé en toastant avec efficacité sur différents morceaux allant du rocksteady au roots. Agé de 65 ans, le Daddy des DJ’s, est toujours en grande forme. Il a sorti récemment un nouvel excellent album chez Ariwa : Old School / New Rules.
Junior Murvin (Murvin Smith Junior est né en 1949 à Swift River, Jamaïque). Il a commencé sa carrière avec les
Hippy Boys sans avoir enregistré avec eux. Ses premiers enregistrements sortent en 1968 sous le pseudonyme de Junior Soul. Il enregistre pour Derrick Harriot et Sonia Pottinger et se produit aussi sur scène avec
The Falcons (qui comprenait Dennis Brown) et
The Tornadoes. Il a écrit beaucoup des chansons qu’il interprète dont
Solomon,
I was appounted et
Police and Thieves. A partir de 1976 il commence a travaillé au mythique studio Black Ark de
Lee Perry. De leur collaboration naîtra l’album
Police and Thieves en 1977 puis d’autres morceaux qui suivront comme
Bad Weed,
Cross Over et
People Get ready. Ce dernier étant une reprise de Curtis Mayfield tout comme
Give me your love. Il a d’ailleurs été influencé très tôt par la soul. Jeune, il écoutait Nat King Cole, Ben E, King Billy Eckstein.
Interview de Junior Murvin:
- Vous avez commencé très jeune dans les années 60. Pouvez-vous nous parler de ces débuts et nous dire pourquoi vous utilisiez le nom Junior Soul ?
Je suis de Portland. Je suis allé à l’école à Montego Bay. Quand j’ai eu fini, je suis allé à Kingston chez ma tante. Il y avait un chanteur : Eric «Monty» Morris qui aimait la façon dont je chante. Il m’a inspiré dans ma façon de chanter. Ensuite je suis allé chez Stranger Cole qui m’a écouté et m’a dit que je chantais avec une sonorité soul. A mes débuts, j’ai chanté avec Eric Morris,
Alton Ellis,… Eux aussi me disaient que j’avais la voix d’un chanteur de soul. Alors on m’a surnommé Junior Soul et j’ai gardé ce nom.
- Vous avez aussi travaillez pour Derrick Harriot (interprète et producteur Jamaïcain. Il créa le groupe Jiving Juniors en 1960 et son premier label, Crystal, en 1962) et Sonia Pottinger (une des seules femmes productrices en Jamaïque, elle a créé les labels Gay Feet et High Note)?
Oui j’ai travaillé pour les deux. Je passais de l’un à l’autre. J’enregistrais chez Sonia Pottinger et en même temps sortait un disque produit par Derrick Harriot.
- Pourquoi avez-vous écrit Police and Thieves ?
Je ne sais pas pourquoi. C’est juste venu comme ça, je chante ce que je vois. J’avais la mélodie dans la tête. Je suis allez chez
Lee Perry et avec sa guitare il a mis en note ce que j’avais en tête.
- Les Clash ont fait une reprise de cette chanson. Est-ce que vous les avez aidé ou rencontré ?
Non je ne les ai pas aidé, ni rencontré malheureusement. J’ai entendu dire que Joe Strummer est mort il y deux ans.
- Et avez-vous rencontré le fils de Lee Scratch Perry, Omar Perry ?
Omar Perry, oui il est un de mes bons amis. Je suis comme un grand frère pour les enfants de
Lee Perry. Je me souviens aussi de sa fille qui lui ressemblait. Avec
Omar Perry on a construit le riddim de
Cross Over, ensemble.
-
Police and thieves est l’album le plus connu mais vous en avez fait d’autres, comme World Cry en 2003.
Yes, J’ai travaillé avec Mickey Dread, on a fait
Bad Man possee. J’ai fait
World Cry. J’ai sorti cette album chez Sunvibes il y a 4 ans quand j’étais en Allemagne. Il y a de bons morceaux sur cet album. On a sorti aussi un album avec
Coxsone. Mais
Coxsone ne faisait pas de bonne promotion. Avec lui j’ai fait l’album
Facts of life. J’ai fait aussi de bons trucs en Angleterre comme
Muggers in the street avec Junjo (Henry ‘Junjo’ Lawes)...
- ...vous avez fait beaucoup d’enregistrements pour différents producteurs...
...C’est exact, j’ai fait l’album
Apartheid il y a 10 ans avec Prince Jammy.
Coxsone a produit deux de mes albums. Lee perry a produit
Police and thieves. Je viens juste de finir un album acoustique pour Makasound avec Earl ‘Chinna’ Smith (
sorti en avril 2007) avec une jolie version de
Gypsy woman que j’avais fait pour coxsone au depart, mais cette fois ci c’est une version acoustique. Certains morceaux de chez coxsone vont aussi resortir chez Hot Beat.
- Qu’est-ce que vous pensez de la nouvelle génération, du Dancehall ?
Le Dancehall c’est un autre côté de la musique. Mais certaines paroles sont trop dures.
- Les paroles sont importantes pour vous ?
Chacun doit chanter ce qu’il a dire. Chacun doit chanter ce qu’il a envie de chanter. Je ne peux pas parler de ce qu’ils chantent. Je sais ce que moi je chante et je peux en parler. Je chante pour l’espoir, pour qu’on aide les jeunes. C’est ça que je chante.
- Qu’est-ce qui vous a rendu le plus fier au cours de votre carrière ?
Je suis fière d’être assis devant des jeunes comme vous avec mes 60 ans. Je suis grand père, j’ai six enfants et je suis content, oui d’être encore là pour vous les jeunes.
- On ne vous voit pas souvent en Europe ?
J’ai fait une tournée il y a environ 3 ans. Je suis allé dans plein d’endroits mais je ne me rappelle pas les noms. Il y a deux ans j’ai fait le Jah Sound Festival et je suis allé aussi au Japon il y a 5 ans. Je voyage aussi beaucoup en Amérique. Je voyage beaucoup, je n’ai pas peur de l’avion. Quand je sais que les shows seront bons j’y vais. Quand je signe des contrats je sais ce que je fais. Si ce n’est pas bon vous ne me verrez pas.
- Vous vivez en Jamaïque ?
Oui je vis à Portland. Toutes les chansons de
Police and Thieves ont été écrites chez moi dans la ville où j’habite.
- Quel est votre opinion sur la situation sociale en Jamaïque ?
Le monde entier est en mouvement. En Jamaïque il y a deux cultures différentes. Il faut faire avec. Il y a beaucoup de pauvres dans de mauvaises conditions sociales. 100 % de la population, disons 80% (rires), mais nous y arriverons. Marley parlait tout le temps de la mauvaise situation des jamaïcains mais c’est partout On retrouve cette situation partout.
- Avez-vous déjà été en Afrique ?
Non. J’ai fait un show à Jérusalem avec The Ethiopian. Et une fois j’ai rencontré le coatch de l’équipe de foot sénégalaise. Il m’a dit que j’étais attendu là-bas...
J’ai été content de chanter, que ça se transmette. Un bon show c’est comme une fête pour moi.