Benjamin Obadiah Iqbal Zephaniah est né à Handsworth, Birmingham en 1958 de parents originaires de La Barbade. Dyslexique, il est placé dans une école spécialisée. Il y compose un poème qu'un de ses amis envoie à un concours de la BBC, signé d'un pseudo, "Wilfred Watson" et que l'animateur présente comme "un homme mûr, sans doute las de la vie…" Benjamin n'a alors que huit ans. Il fait sa première prestation publique en 1968 dans une église. Il quitte l'école à 13 ans sans savoir ni lire ni écrire, il traîne dans la rue et sombre pour un temps dans la délinquance. Il continue à écrire, régulièrement lu par
Bob Marley qui apprécie son travail. Zephaniah lui adresse d'ailleurs en hommage le titre "I Neva Shot De Sheriff". Il est dit que Nelson Mandela lisait ses poèmes en prison. En 1980,
Benjamin Zephaniah part s'installer à Londres et trouve un éditeur pour son premier recueil de poèmes "Pen Rhythm". C'est un succès, le livre sera réédité trois fois. Son but principal est de faire entrer la poésie chez les masses populaires. Zephaniah se convertit au Rastafarisme, presse et télévision vont souvent s'intéresser à lui. En 1982, il s'impose en tant que dub poet avec l'album "Dub Ranting". Ce sont les
Wailers qui jouent sur ce EP qui fait le tour du monde. Les
Wailers inaugurent ainsi leur première collaboration artistique depuis la mort de
Bob Marley. Le plus souvent, Zephaniah choisit des instrumentations proches du reggae, du dub mais avec la déferlante hip hop, Benjamin 'le dyslexique' Zephaniah s'essaie au rap, déclamant, dans un style mélangeant flow hip hop, scansion slam et discours spirituels. En 1995 sort l'album "Back to the roots" où il revient à des sons plus jamaïcains en s'adjoignant les services de la Hazardous Dub Company.
Zephaniah est en perpétuel combat contre le système et ses institutions. La police, la justice, les politiques sont les cibles premières de ce poète érudit, parfaitement en phase avec la réalité contemporaine. Il multiplie ses activités et écrit aussi bien pour les enfants ("Talking Turkeys"), les ados ("School's Out) que les adultes, dans le cadre pédagogique ou pas. S'inspirant des théories rastas, il livre aussi un roman basé sur l'histoire d'une communauté de réfugiés éthiopiens ("Refugee Boy"). En 1990, il enregistre l'excellent album "Us an Dem" pour le label Mango. Ses textes sont régulièrement sollicités, son sens de la rhétorique et de la formule séduit toutes sortes de personnes. En 2001, c'est la police britannique qui a voulu utiliser certains de ses écrits pour une campagne de recrutement. Zephaniah refusa catégoriquement, ayant trop souvent été blâmé et battu par la police. Il collabore aussi avec divers groupes et artistes (reggae ou pas) comme Sinead O'Connor,
Black Uhuru ou le Ariwa Sounds posse. Il a aussi enregistré quelques titres sortis en single comme
Big Boys Don't Make Girls Cry et
Free South Africa (Upright Records) en 1986;
Crisis (Workers Playtime) en 1992;
Dancing Tribes (MP Records) en 1999 avec le groupe Back to Base; et en 2000
Illegal avec Swayzak pour le label Medicine.
Benjamin Zephaniah occupe une place à part parmi les artistes reggae. Avant tout poète-écrivain, son œuvre compte plus de publications en terme de littérature que de musique, son parcours est d'une richesse rare. Un poète a découvrir nous offrant une façon unique de concevoir un texte, une histoire, un combat. Un auteur s'attachant à rester intègre quoiqu'il arrive et ayant véritablement une démarche artistique complexe aussi bien dans ses écrits que sa musique. Souvent associé à la mouvance dub poetry, le travail musical de
Benjamin Zephaniah n'est pas sans rappeler celui des poètes comme
LKJ et Mutabaruka tout en proposant une vision qui lui est propre. Son dernier album "Naked" (On Little Indian) est sorti en 2004 et propose une série d'instrumentaux plus proches de l'électro/drum'n'bass que du reggae/dub. Une grande réussite néanmoins prolongeant la carrière de cet artiste rare. Pour ceux qui seraient réfractaires à ces ambiances, ils peuvent tout simplement lire le livret du cd qui se suffit à lui-même. Son site Internet
www.benjaminzephaniah.com est très bien conçu et présente dans le détail l'œuvre du poète. Avec
Benjamin Zephaniah, au commencement est le verbe.