Depuis la fin de
Ragga Mag, la presse reggae française n'était plus représentée que par Natty Dread. C'est donc une bonne nouvelle de voir paraître un nouveau canard, d'autant plus que celui-ci est dirigé par Gilbert Pytel, l'ancien rédacteur en chef de
Ragga Mag. Nous avons donc pris quelques instants pour revenir avec lui sur le lancement de Reggae Vibes !!! Retour sur la fin de
Ragga Mag et le lancement de Reggae Vibes...
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Pourquoi la relance du titre Ragga Mag a-t-elle achoppée ?
Gilbert Pytel : Après la liquidation du précédent éditeur de
Ragga Mag - Cyber Press Publishing - les différentes marques du groupe ont été vendues aux enchères.
L'éditeur Multimedia Press a racheté trois magazines : Groove, Rap US et
Ragga. Très rapidement, cet éditeur nous a fait comprendre que le titre
Ragga ne les intéressait pas ou alors dans une optique totalement
différente, sous une périodicité trimestrielle et en retirant le Cd Sampler.
Bref, une bonne partie de ce qui faisait l'identité du mag. Si les marques
Groove et Rap US sont reparues en kiosque très rapidement cela n'a pas été le cas de Ragga qui est resté à quai.
- Comment s'est passée la période entre la fin de Ragga Mag et le lancement de Reggae Vibes ?
GP : Nous avons été voir la majeure partie des éditeurs de France et de Navarre et aucun d'entre eux n'a été intéressé par le projet d'un magazine reggae.
Il faut dire que cette musique a toujours une très mauvaise réputation parmi les investisseurs de ce beau pays qu'est la France. Les clichés ont la vie dure et ce n'est pas près d'évoluer dans un meilleur sens.
- Comment s'est passé le passage de Ragga à Reggae Vibes (nouvel éditeur ? nouvelle équipe ?)?
GP : Au final, au bout d'une année de vaines recherches, un petit éditeur
indépendant a enfin décidé de nous laisser une chance. Il s'agit de Detroit Media qui possède aussi un magazine consacré aux musiques électroniques qui s'appelle Tsugi. Reggae Vibes, Roots, Dancehall et Jamaïque est composé d'une grande partie de l'ancienne rédaction de Ragga agrémentée de plumes prestigieuses tels David Katz ou John Masouri ainsi que des photographes de renoms (David Corio, Tim Barrow, Simon Buckland etc.).
- Pourquoi avoir choisi de faire un bimestriel ?
GP : Economiquement parlant, on n'avait pas vraiment le choix. Une chose est claire : il est impossible à l'heure actuelle en France de rentabiliser un
mensuel consacré au reggae : trop de dépenses et pas assez de recettes…
- Parlons du contenu. La couverture mentionne des révélations sur la mort de Bob Marley, peux-tu nous en dire plus ?
GP : Pas vraiment puisque plus personne ne voudrait ensuite acheter le magazine en kiosque (rires). Ce que je peux dire, c'est que cet article fleuve de douze pages est basé sur une enquête minutieuse du journaliste anglais John Masouri. Il a suivi les
Wailers en tournée pendant plusieurs années et il en a rapporté un livre de 600 pages qui vient juste de sortir en Angleterre.
- Pour le reste, le contenu reste éclectique avec les Neg Marrons, Dub Inc, Kana, Massilia sound system, mais aucun artiste antillais n'apparaît, pourquoi ?
GP : Tout simplement parce qu'il a fallu faire des choix rédactionnels et qu'on ne pouvait pas parler de tout le monde dans le premier numéro. De toute façon, Ragga a toujours soutenu les artistes Antillais depuis ses débuts, rappelons juste que la première couverture de Ragga (datant de novembre 1998 !) était occupée par les Ruffneg & les
Neg Marrons avec un gros reportage sur la Martinique. Dans ses prochains numéros, Reggae Vibes reprendra logiquement le flambeau.
- Que réponds-tu aux critiques qu'on peut lire ici ou là sur des forums alors que le numéro 1 n'est pas encore sorti ?
GP : Je pense que c'est une très bonne chose et cela prouve que les gens
attendaient notre retour dans les kiosques. C'est vrai qu'à l'époque de
Ragga, notre magazine alimentait déjà régulièrement certains forums. On
aurait sans doute dû demander un pourcentage des publicités obtenues par certains sites Internet au vu du trafic engendré par les discussions sur le mag. Ensuite, j'espère que les critiques seront encore plus importantes à la sortie du magazine, cela voudra dire qu'on aura bien fait notre travail…
- Que prépares-tu pour le prochain numéro ?
GP : Plein de surprises qui risqueront de beaucoup faire parler les envieux et qui, j'espère, satisferont les vrais fans de reggae et de dancehall en France.
- Un dernier mot pour les lecteurs de Reggae.fr
GP : Ce n'est qu'un début, continuons le combat !!!!