Interview Winston Francis
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Interview Winston Francis

Comment se passèrent tes jeunes années ? J’ai grandi à Kingston en Jamaïque, j’en garde un souvenir magnifique. Il n’y avait pas la télévision, juste la radio, donc on écoutait de la musique et encore plus de musique. On avait pas de gameboys, et pratiquement aucun jouet, il fallait donc qu’on se trouve des divertissements. Quels artistes écoutais-tu quand tu étais jeune, qui étaient tes models ? Nous écoutions des chanteurs américains tels que Sam Cook, Rocs Gordon, Jim Reeves, Nat King Cole, et plus tard des groupes comme The Drifters, Mickey and Sylvia, Shirley and Lee, Sly and the Family Stone, The Blue Notes, et The Impressions. Quand as-tu commencé à chanter ? J’ai commencé à chanter à l’église quand j’avais 7 ans, puis quand j’ai eu 11 ans j’ai commencé à participer à des concours de chant. A l’époque il y avait un homme en Jamaïque, Vere Johns, qui organisait des concours de chant tous les lundis et mardis dans les cinémas de la ville de Kingston. Si tu gagnais environ 10 compétitions tu allais en finale, et le prix était d’environ 10€. Mieux que ça, si tu remportais la finale tu avais la possibilité de faire des scènes un peu partout dans le pays. Les gagnants de ces finales étaient Alton Ellis, John Holt, Bunny and Skully, Higgs and Wilson, Lacells Perkins, the great Jimmy Tucker, Hugh Francis, et moi-même, pour n’en citer que quelques uns. A cette époque il n’y avait pas de studios d’enregistrement, juste des scènes pour faire des shows en live. Ce fut bien des années plus tard que le premier studio d’enregistrement ouvrit ses portes en Jamaïque, et le premier jamaïcain, à ma connaissance, à enregistrer un album était Laurel Aitkin. C’était mon héros. Tu as enregistré de nombreux hits pour Studio One, tels que Games People Play, Reggae & Cry, What Does it Take, ou encore Mr Fix It, parle nous de cette période et de Sir Coxsone. C’est en 1968 qu’un ami d’enfance, Jackie Estick, me présenta à Sir Coxon, qui était, d’après lui, le meilleur producteur en Jamaïque. Jackie me conseilla d’enregistrer avec Sir Coxon, et c’est ce que je fit. Au bout de quelques semaines j’enregistrais mon premier track « Too Experienced”, qui impressionna tellement Coxon qu’il me proposa d’enregistrer una album qui allait s’intitulé « Mr Fix It ». C’est à cette époque que j’ai rencontré Alton, Bob, John, Ken, Dennis et Slim, pour n’en citer que quelques uns. C’était très intéressant d’enregistrer au Studio One, nous apprenions tous les jours beaucoup de choses les uns des autres, et les personnes qui y travaillaient étaient très attentifs à nous comme Sylvan Morris, l’ingénieur du son, qui prenait le temps de nous montrer comment nous améliorer ou éviter certaines erreurs. Dans un sens Studio One c’était presque comme une école. Après Studio One, tu pars en Angleterre, raconte nous cette période de ta vie. Après avoir enregistré mon deuxième album, un de mes tracks “California Dreaming” commençait à faire beaucoup de bruit en Angleterre, et un des top DJ londonien, Tony Blackburn, disait que c’était son album préféré. Coxon me proposa alors d’aller à Londres faire quelques shows afin de promouvoir l’album, et j’y suis allé en 1971, j’ai fait quelques tournées et je suis tombé amoureux de ce pays et de ce peuple. Du coup, peu de temps après mon retour en Jamaïque je suis revenu en Angleterre pour m’y installer. Il y avait beaucoup de choses à faire à Londres, beaucoup de boulot, et pleins de gars qui arrivaient de Jamaïque. Ainsi, je me sentais chez moi. Dans la première moitié des années 80, tu travailles avec et pour les jeunes. Qu’est ce qui ta motivé à l’époque, que s’est-il passé ? Durant cette période je travaillais avec un band à Brixton et un des gars du groupe, Eugene Thompson, me présenta à un groupe de jeunes appartenant à un « club de jeunesse » qui s’appelait le Abeng Youth Centre. Ces jeunes voulaient apprendre à chanter, et après les avoir écouté quelques fois je me suis dit qu’avec un peu d’entraînement il pourraient devenir de grands chanteurs. Ainsi, j’ai commencé à leur apprendre les harmonies, la respiration, et je me plaisais tellement à enseigner le chant que je n’ai pas vu les années passer. C’est Denis Bovell qui te contacte pour enregistrer à nouveau ? C’est à ce moment là que j’ai rencontré un bon ami, Dennis Bovell, qui me proposa d’enregistrer une chanson intitulée « Stand By Me » pour un studio français (BMG) et un producteur français (Joseph). Je savais que Joseph était un excellent producteur, donc j’ai sauté sur l’occasion de travailler avec lui, et quelle chance de l’avoir fait car c’est devenu un énorme hit en France (plus de 90 000 exemplaires vendus en peu de temps) et ça a relancé ma carrière. « Sweet Rocksteady » est un magnifique hommage à la musique jamaïcaine, parle nous de cette album. C’est en travaillant avec Dennis que LKJ (Linton Krazy Johnson) me proposa de faire une tournée avec lui et que j’ai également enregistrement un album magnifique qui s’intitule « Sweet Rocksteady ». Cet album a été produit par le guitariste (solo) du groupe, le grand John Kpiaye. Cet album connaît encore beaucoup de succès aujourd’hui, à tel point qu’à chaque fois que je fais un concert on me demande de chanter des titres de « Sweet Rocksteady », les gens adorent cet album. Alors que nous étions toujours en tournée avec Linton et Dennis le studio BMG me proposa d’enregistrer un album, donc avec Dennis on s’est rendu en France pour enregistrer un album wicked intitulé « His Majesty Requests ». La première chanson ne portait pas mon nom, c’était sous le nom de King Kool. Encore une fois cet album a eu un succès monstre parce qu’avec Dennis tout doit toujours être mis au plus haut niveau, puis il s’est débrouiller pour que Sly et Robbie et d’autres grands musiciens viennent enregistrer avec nous. Tout était au top. Ensuite, à la fin des années 90 un groupe anglais qui s’appelait UB40 enregistra un de mes tracks intitulé « Mr Fix It », qui fut encore un hit, et ce qui me permit de continuer à travailler et d’être en tournée. « Stand Firm » (2003) est un très bon album, la voix de AJ Franklin se marrie formidablement à la tienne, les chansons sont toutes plus belles les unes que les autres. Parle nous un peu de ton association avec AJ Franklin et de cet album. A la fin de 2003 un ami avec qui j’avais beaucoup chanté, AJ Franklin (du groupe Chosen Few), rencontre un de nos amis Terry Devine King, un grand producteur, qui nous dit qu’il allait produire le meilleur album que nous avions jamais enregistré jusqu’à lors. Et c’est ce qu’il fit en produisant « Stand Firm ». De nombreux producteurs ont confirmé que c’était un des meilleurs albums depuis « Catch a Fire » de Bob Marley. Les e-mails de fans arrivaient de partout dans le monde, et maintenant nous nous apprêtons à enregistrer le prochain album avec Franklyn (« Francis & Franklyn ») question de voir si nous pouvons faire encore mieux. Connaissant Terry ça sera le cas. En attendant Franklyn et moi-même avons enregistré des albums solo. J’en ai sorti un sous le label de Jet Star intitulé « Feel Good All Over », qui marche très bien en Angleterre, en Jamaïque, aux USA et au Japon. Donc l’avenir est plutôt lumineux en ce qui me concerne. Je remercie Jah tous les jours pour le reggae, je me sens béni d’avoir tant d’amis merveilleux dans tous les coins du monde de Jah, tous les frères et toutes les sœurs qui m’écrivent et qui m’appellent, je ne les vois pas comme des fans mais comme des amis ou de la famille, nous sommes tous les enfants de Jah. Je te remercie mon frère de m’avoir donné la possibilité de m’exprimer et que le père te bénisse abondamment ainsi que tes proches. Blessed Love.
Par Kerija
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