Before Reggae 1951 - 1962
chronique Roots 0

Before Reggae 1951 - 1962

La petite île de la Jamaïque est réputée pour être l'un des endroits les plus créatifs au monde en termes de musique. Le reggae regroupe aujourd'hui tout un tas d’esthétiques aussi variées que contradictoires et ce coffret « Before Reggae » nous propose de jeter une oreille sur tout ce qui se passait en Jamaïque avant l'arrivée du fameux reggae. Quatre CDs regroupant 92 morceaux allant de 1951 à 1962, c'est donc ce que nous propose No Direction Home, associé pour ce projet au magazine des cultures populaires Chéribibi. Une véritable mine d'or pour les passionnés de musique jamaïcaine ; à la fois dans les sélections de morceaux que dans le livret d'accompagnement où chaque morceau est abordé avec plus ou moins de détails. Entre raretés et titres plus connus, l'auditeur navigue dans l'histoire au son du mento, du calypso, du jazz, du boogie, du twist, du rock, du R&B et enfin du ska. On découvre le tout premier enregistrement effectué sur le sol jamaïcain (dans un studio une piste s'il vous plaît!) avec le « Whai Whai Whai » de Lord Fly en 1951. Le coffret rassemble également les toutes premières productions de personnages comme Duke Reid, Coxsone ou Chris Blackwell. Tout amateur de reggae connaissant les grands hits de ces producteurs sera forcément surpris d'entendre les enregistrements rock ou R&B auxquels ces hommes ont participé dans les années 50. On se rend compte également que certains grands musiciens du reggae sont déjà là : Rico Rodriguez, Ernest Ranglin, Roland Alphonso ou encore Monty Alexander. On écoute avec plaisir les premiers tunes de Derrick Morgan (« Lover Boy » en 1960), Desmond Dekker (Honor Your Mother & Father » en 1962) ou encore James Chambers plus connu sous le nom de Jimmy Cliff (« I'm Sorry » en 1961). Au fur et à mesure que notre oreille parcourt les quatre disques, on sent le son glisser vers ce qui allait devenir le ska. Ça commence avec une ambiance très caribéenne où l'on alterne entre grivoiseries (attention au terrible « Night Food » d'Albert Bedasse, véritable hymne au cunilingus!), thèmes rastas et africains (qu'on ne savait pas déjà autant présents dans les années 50) et revendications politiques (avec notamment « Bongo man », l'un des premiers tunes enregistrés par une femme en Jamaïque), puis on part dans une ambiance plus américaine avant de revenir à un son typiquement jamaïcain. Quelques morceaux purement instrumentaux viennent aussi nous régaler, comme la belle perle « That Man Is Black » du tromboniste Don Drummond qui fait référence à sa sortie d'hôpital après avoir été interné pour schizophrénie. Vous l'aurez compris, on pourrait disserter des heures sur le contenu de ce coffret qui s'avère être un document précieux pour ceux désireux d'explorer les prémisses du reggae. De quoi nous dire que l'on n'en aura jamais fini d'explorer les tréfonds de la musique yardie. Plutôt une bonne nouvelle non ?

Par Djul
Commentaires (0)

Les dernières actus Roots