Garance Reggae Festival 2013 2/2
Il y a quatre jours nous vous proposions la première partie de notre reportage sur la quatrième édition bagnolaise du Garance Reggae Festival. Après avoir passé en revue la soirée sound system, les légendes, les têtes d'affiche, la curiosité Jacob Miller Tribute et l'esprit de famille, on termine notre reportage par les entrées thématiques suivantes: Valeurs sûres; Double dose; Black Uhuru; Dancehall time; French touch; et les Points à revoir.
Valeurs sûres
Vendredi, Tiwony était le premier représentant français à investir la grande scène.
Accompagné du Artikal Band et de deux choristes, il a assuré un show on ne peut plus efficace.
Le public était encore peu nombreux en ce tout début de soirée, mais l’énergie du chanteur sera communicative. Du reggae au dancehall, on retrouvait notamment un medley enflammé de classiques sur le Stage Time Riddim (Une vie de chien/Pliss Difé/Good Vibes/Main A Yo Sal), ainsi que ‘Mouille le maillot’, ‘Never Give up’, ‘Big up’, ‘Rayon de soleil’ et le terrible ‘Bon Mizik’. Il interprétera aussi son titre sur notre Génération H riddim, 'La Panacée'! Un pur moment.
A la fin de la soirée, le trop rare Everton Blender, accompagné lui aussi de deux choristes, et du We The People Band, qui s’adapte parfaitement à tous les styles, donnait un excellent concert.
Quelques titres auxquels nous avons eu droit : ‘Coming Harder’, ‘Blend Them’, ‘The Man’, ‘World Corruption’, ‘Ghetto People Song’, ‘Lift Up Your Head’…
Il annonce un brand new, chanté a capella, mais on ne nous la fait pas : il s’agit de ‘Spiritual Man’ que l’on a entendu depuis 2 ans déjà – et qui est excellent. Son set s’achève sur une reprise de ‘Complain’ de Garnett Silk.
Samedi, Jah Mason palliait à l’absence d’Anthony B. Backé par Dub Akom, le deejay, habitué des scènes européennes, donnait un show peu innovant mais de qualité, avec l’entrée sur ‘Life So Joyful’ suivie de ‘Wheat And Tears’, ‘Mi Chalwa’, ’Farmer Man’ et tous ses classiques...
Double dose
Deux ans après sa venue remarquée à Bagnols-sur-Cèze, King Jammy's était de retour ! Et en pleine forme !
Dégainant rapidement des dubplates de Chronixx et Alborosie, avant de repasser à du plus classique dont son inévitable Sleng Teng, Jammy’s et son Live Set ont encore fait leur petit effet. Son show inédit incluait Johnny Osbourne et Lone Ranger, qui posaient énergiquement, entre hits bien connus et raretés intéressantes! Terrible !
Le bémol… C’est d’avoir déjà eu droit à Johnny Osbourne la veille sur la grande scène. Dans une autre configuration certes mais quand même… La raison ? L’annulation du très attendu Ini Kamoze - pourtant encore annoncé la veille - remplacé par Johnny Osbourne, tête d’affiche de l’édition précédente. L’information est affichée à l’entrée du festival le jeudi 25 juillet. Ni plus, ni moins. Pas un mot d’explication ou d’excuse sur scène avant de lancer le show de Johnny Osbourne. Dommage car beaucoup de spectateurs étaient venus pour Ini Kamoze et on a senti de la frustration chez eux.
Black Uhuru
Ceux qui espèrent encore voir Michael Rose et Don Carlos jouer ensemble peuvent toujours attendre. Qu’à cela ne tienne… Jeudi soir, le concert de Don Carlos envoyait du lourd!
Sly & Robbie oblige, la part belle est faite aux instruments, et le set est modifié en conséquence : ‘Zion Train’, ‘Everyday Is Just A Holiday’, ‘Pass Me The Lazer Beam’, ‘Johnny Big Mouth’ , ‘Satta Massa Gana’…
On regrette l’absence de certains hits, et le tout traîne un peu en longueur à certains moments, mais le son comme la voix sont parfaits.
Michael Rose clôturait cette édition 2013 le samedi soir. Programmé à 1h15, les massives l’ont attendu longtemps, ayant d’abord droit à d’autres artistes Taxi comme Khalifa ou l’excellent Bitty Mc Lean.
A 2 heures, voici enfin Michael Rose. On reconnait la choriste, il s’agit de… Mo Kalamity! Pas de fausse note, que des hits : ‘What is life’, ‘Party In Session’, ‘Shine Eye Gal’, ‘General Penitentiary’, ‘Guess Who’s Coming To Dinner’, ‘Plastic Smile’, un ‘Shoot Out’ détonant (sur lequel il invite d’ailleurs Sizzla à le rejoindre, dossier classé sans suite). On sourit aussi en l’entendant big up ‘Daddy Red’ et ‘Big Mory’, c’est l’intention qui compte.
Il conclut par ‘Sensimilia’ avant de revenir brièvement pour le refrain de ‘Stronger’.
Revenons sur Mo'Kalamity, chanteuse à la voix envoûtante qui avait elle-même donné un concert sur cette scène le jeudi avec une superbe énergie, nous présentant notamment quelques titres de son prochain album "Freedom of the Soul". On regrette juste que ce soit là la seule artiste féminine programmée du festival (on vous l'a déjà dit: "women we need you").
Dancehall Time
Deux artistes dancehall jamaïcains étaient programmés cette année.
Konshens, avec son style peut-être moins accessible, et ses deux acolytes pour les backs vocaux, n’auront pas vraiment emballé le public. Il a pourtant défendu haut et fort ses couleurs, répétant plusieurs fois « Say Dancehall ! ». Entré sur ‘Good Girl Gone Bad’, l’artiste a mis une belle énergie dans son show, prenant son temps et chantant ses chansons en entier. Les musiciens de Dub Akom s’en sortiront très bien, malgré certains riddims simplistes pas faciles à faire vivre sur scène.
Les hits sont au rendez-vous, avec ‘Gal Dem A Talk’, ‘Gyal A Bubble’ qui réveille le public (et son remix pas indispensable sur le riddim de Bumaye balancé par un Dj), ‘Stop Sign’, ‘Buss A Blank’… Il reprend Chaka Demus & Pliers et Barrington levy, flirte avec le R’n’b sur ‘Pretty Devil’ et ‘I’m Coming’. Le seul morceau reggae sera ‘Weak’, une production signée Dub Akom. Pour finir, le public réagit bien au hit ‘Do Sumn’ et Konshens nous quitte après l’intro de ‘The Realest Song’.
Le public sera bien plus réceptif aux vibes de Busy Signal.
Les 20 premières minutes sont 100% dancehall, avec ses big tunes de tout temps : ‘Step out’, ‘Full Clip’, ‘Badman Place’, ’Unknow Number ‘, ‘Defense’, ‘Bad Up Who’… Les tubes reggae s’enchainent ensuite : ‘Night Shift’, ’Come over’, ‘Mission You’, ‘Jamaica Love’ …
L’attente est palpable dans le public: ‘Watch Out For This (Bumaye)’ est l’objet de cette convoitise. On repart dans le dancehall avec ‘Tie & Dye face’ puis un medley sur le Bam Bam, et ‘Bumaye’ est enfin lâché et certaines parties sonnent assez différemment en live : le public kiffe, sans être fou non plus.
French Touch
Le tremplin Young Lions organisé dans le cadre du festival OFF et pour lequel Reggae.fr faisait partie du Jury opposait plusieurs groupes tout au long du festival. Les lyonnais de Inner Rose, mené par leur chanteur lead Joe Pilgrim ont remporté le tremplin et se sont produits sur la grande scène le samedi.
Juste après eux, c’est la sensation de l'année, Naâman, qui se présentait devant une foule déjà bien présente à 18h! Le chanteur déchaîne les passions et cela s’entend bien : le public chante les refrains à l’unisson. Après avoir tourné en sound system tout l'hiver, son show live est désormais bien rodé et il est accompagné d'excellents musiciens.
Un séance dédicace est annoncée après son show au stand Irie Ites situé dans l'enceinte du festival. Ce qui était prévu pour durer une trentaine de minutes se transformera en 2h30 de défi pour l'artiste et pour ceux ayant la patience d'attendre un autographe apposé sur un t-shirt, un disque, une affiche, ou encore un torse ou un bras !
Les points à revoir
La quatrième édition bagnolaise du Garance Reggae Festival s'achève… et dans l'ensemble cette nouvelle cuvée aura été réussie et très agréable : artistes motivés, très peu d'annulations, shows de qualité, line up de plus en plus éclectique, bonne ambiance dans le public, un tremplin off réussi, un Zion Garden de plus en plus actif et accueillant. Malheureusement quelques fausses notes vont ternir le panorama général:
- Le premier est le décès accidentel d'une jeune femme happée par un train. Nos pensées vont évidemment à sa famille et ses proches. RIP Sista.
- Le second est la capacité d'accueil du site qui semble avoir atteint ses limites. 60 000 personnes sera probablement la limite à ne pas dépasser en termes d'affluence, il faudra même peut-être réduire ce nombre pour un confort optimal.
- La troisième est l'annulation sans explication d'Ini Kamoze. A l'heure de l'instantanéité de l'information, le public mérite d'être tenu au courant qui plus est quand ces raisons sont indépendantes de la volonté de l'organisation.
- Le quatrième sont les difficultés rencontrés par les campeurs. Les possesseurs de pass autres que quatre jours n'avaient pas accès au camping officiel, ce qui a conduit à des tensions car de nombreux groupes d'amis ont été séparés. Par ailleurs, les vols dans les tentes sont encore trop importants. Des efforts ont été faits cette année, mais il fou d'imaginer que des personnes mal intentionnées ne descendent au Garance que pour dépouiller les amateurs de good vibes !
- La cinquième est probablement la plus polémique : une vidéo choquante sur youtube montre des violences ayant eu lieu entre le service de sécurité et des festivaliers. La polémique enfle entre les jeunes blessés, le service de sécurité et Garance qui a condamné toutes sortes de violence. Biga Ranx et Naâman se sont émus sur leur page facebook que de tels faits aient pu avoir lieu sur un festival reggae. On ne peut évidemment que le regretter, et il faut désormais laisser la justice éclaircir cette affaire.
On fait confiance à l'organisation pour apporter des réponses à tous ces points et nous concocter une version 2014 aux petits oignons.
Pour notre part, nous vous remercions pour votre présence sur notre stand et pour toutes les bonnes vibes que vous nous avez fait passer. Vous êtes des milliers à être venus nous serrer la main ou taper la bise et cela fait chaud au coeur. 15 ans qu'on est là, et ne vous inquiétez pas, nous ne lâcherons pas l'affaire pour vous informer du mieux que nous pouvons et toujours dans le même esprit : ouvert et positif. Un grand merci bien sûr à toute l'oganisation du Garance et à toute l'équipe du site présente : Lénie bien sûr, Djul, Nounours, Carole, Ben, Greg, Stef, Aude, Johanna, Toums, Isa et Sacha.
A bientôt sur la route !
Lire la première partie de cet article ici.