Après une première journée réussie, le Bagnols Reggae Festival se poursuit avec une petite baisse de température niveau météo... La canicule de la veille laisse place à un ciel un peu couvert, mais du côté du public, pas de perte de chaleur. Le line-up du jour est particulièrement réjouissant pour les fans de new roots. Petit voyage dans le début des années 2000 avec des prestations enflammées au programme !
La journée, les festivaliers pouvaient profiter d'un festival off bien fourni. L'expo de Fluoman en centre-ville et les projections des films I&I et Reggae Ambassadors 100% reggae français à la médiathèque ont rencontré de francs succès.
Côté Parc Arthur Rimbaud, c'est I Wayne qui monte le premier sur scène. Peu d'actualité pour le chanteur jamaïcain qui n'hésite pas à chanter son hit Living In Love dès ses premiers pas sur scène. Les connaisseurs sont au rendez-vous et le pull up est de mise. L'énergie brûlante du chanteur à la voix d'ange est intacte et on doit avouer qu'on ne s'attendait pas à un show aussi propre de sa part. Malheureusement, timing oblige, on n'aura pas droit à plus de 30 minutes...
Il en sera de même pour Bushman qui conserve le même backing-band qu'I Wayne. Particulièrement attendu par le public bagnolais, Bushman prend la scène impeccablement. On peut dire qu'on n'est pas déçus ! On regrette peut-être juste de le voir s'attarder sur des reprises de Peter Tosh (très bien interprétées ceci-dit) plutôt que sur son propre répertoire passant notamment le hit Fire Bun A Weak Heart presque à la trappe lors de sa sortie de scène. Le Bagnols Reggae Festival nous avait promis des sets plus longs pour tous les artistes, ça n'a pas été le cas pour ces deux-là qui partageaient un même plateau dont on aurait bien profiter un peu plus longtemps.
Pas trop le temps de maronner, la seule artiste féminine de l'édition 2019 est annoncée ! Cela faisait sept ans qu'on attendait le retour de Queen Ifrica en France et la voilà enfin. Elle débarque sur Calling Africa et impressionne rapidement par sa présence scénique. Sa voix gronde plus que jamais et son discours empreint de militantisme respire l'honnêteté. Elle qui vient de croiser Johnny Clarke et Big Youth en coulisses témoigne de son respect pour les artistes roots à plusieurs reprises. Elle rend d'ailleurs hommage à son père Derrick Morgan avec un medley ska sur lequel elle invite Big Youth et Mike Brooks à la rejoindre pour un moment de partage unique. Quel bonheur de réentendre des titres comme Sinsemilia ou l'énorme Wipe the Tears en live ! Et même s'il nous manque quelques tunes pour pouvoir qualifier ce show de parfait, on ne boude pas notre plaisir d'avoir revu la Queen sur scène qui vient de confirmer qu'elle mérite bien son surnom de Fyah Muma.
La Jamaïque compte un autre représentant qui s'illustre en même temps sur la sono de Blackboard Jungle. Rory, le célèbre producteur et selector de Stone Love, livre un set très roots et dub rempli de dubplates et d'exclusivités sorties de son propre studio !
Changement d'ambiance juste après lui avec les locaux d'Ashkabad qui ne ménagent pas les festivaliers ! Connu pour son univers electro-dub, le duo ne cherche pas à s'adapter à la programmation très roots du festival et se démarque par son énergie débordante. Une déferlante de basses qui déchaîne totalement les danseurs les plus fous. La tornade Ashkabad a fait son effet !
Les amateurs de roots pur et dur avaient de quoi se consoler avec le concert de Johnny Clarke et We The People Band sur la grande scène. Après quelques classiques de Lloyd Parks (Mafia et Officially en tête), Johnny Clarke débarque et déroule un set 100% inédit ! L'auteur de None Shall Escape the Judgement n'a pas répété avec Lloyd Parks et sa bande et ça semble lui plaire. Le show est naturel, la vibes spontanée et les hits défilent. On vient une fois de plus d'assister à un moment unique comme on n'en voit qu'à Bagnols sur Cèze.
Retour au new roots pour cette fin de soirée. Pendant que les fans de sound system continuent de danser sur les sélections de Maasai Warrior ou Channel One, c'est Morgan Heritage qui monte sur scène. La famille livre comme à son habitude un show ultra carré avec des mises en place détonnantes, une aisance déconcertante et un discours bien rodé. Le tout manque de spontanéité mais on doit bien avouer que pour danser, c'est efficace ! Le medley sur le Liberation Riddim avec les tunes de Capleton (Jah Jah City), Jah Cure (Love Is the Only Solution) ou Ras Shiloh (Unto Zion) fait toujours son petit effet et on apprécie particulièrement le segment en hommage aux standards du dancehall interprété par Gramps. Le groupe nous offre bien sûr quelques titres aux accents pop comme la reprise de Reggae Night ou le nouveau Beach & Country qui annonce l'arrivée du nouvel album de la formation.
Et c'est Alborosie qui vient fermer cette deuxième soirée de concerts avec une prestation tout aussi parfaite que celle de ses prédécesseurs. Rendez-vous demain pour le troisième jour qui nous réserve son lot d'exclusivités...
Lire notre report du premier jour.