Avouons-le en préambule pour être tout à fait honnête, sans l’invitation du Junior Gong et de ses équipes nous n’aurions jamais fait de croisière de ce type. Oui, mais voilà, il ne faut jamais dire jamais car participer à la huitième Welcome To Jamrock Reggae Cruise (WTJRC) est un cadeau qui ne se refuse pas, au vu de l’affiche, et de l’expérience incroyable de cet événement reggae qui n’a pas son pareil dans le monde (d’autres croisières de ce type ont été créées par Beres Hammond et Mighty Crown notamment mais la WJTRC reste un moment tout à fait extraordinaire, au sens littéral du terme.
C’est la troisième fois que Reggae.fr est invité par Damian Marley et ses équipes à participer à l’événement live le plus original de la planète : une croisière musicale organisée entre Miami et la Jamaïque. Cette année c’est pour fêter les 25 années de Reggae.fr que nous sommes conviés à partager une semaine au sein de l’Independance of the Seas, un mastodonte des mers de quelques 2000 chambres qui nous embarquent en mer avec plus de 4000 spectateurs, et près de 2000 membres d'équipage, le tout avec une bande son 100% reggae made in Jamaïque, des concerts, du sound system, du clash et plus encore comme des sessions nyabhingi mystiques organisées le matin à l’aube pour accompagner le lever du soleil.
La Welcome To Jamrock Reggae Cruise est une expérience passionnante, étonnante, intense, suréaliste aussi, et nous sommes heureux de vous inviter à suivre notre journal du bord de cette huitième édition.
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Nous sommes arrivés le 3 décembre, après 14 heures de vol agité au-dessus de l’Atlantique, au Club The Oasis de Miami, un endroit select où se déroulent régulièrement des évènements musicaux. Pour l’occasion, les lieux ont été décorés aux couleurs de la croisière de Damian, et quelques uns des deejays les plus proches de l’artiste ou les plus en vogue ont été conviés à animer une Pre Party bonne enfant, où l’on prend ses marques musicales : Bambino, Matterhorn, Seani B, Stone Love, Steely Bashment, Jazzy T et d'autres encore se relaient à coup de classiques des années 1990, 2000 et 2010. Les riddims fusent, les pull up s’enchaînent et au bar, les Red Stripe font concurrence aux cocktails à base de rhum. Les danseurs et les chorégraphies sont affutés, et l’ambiance est excellente. Notre voyage s’annonce sous les meilleurs auspices…
Après quelques courtes heures de sommeil, décalage horaire oblige, nous arrivons pour embarquer sur le géant des mers, et nous tombons tout de suite sur Max Romeo et sa fille que nous avions suivis quelques semaines auparavant en tournée europééenne. Max Roméo en avait profité pour nous offrir une super dubplate de son hit Chase The Devil à l’occasion de notre 25ème anniversaire. Les mains se serrent, les sourire s’échangent le temps de voir passer Spragga Benz en coup de vent. Quelques instants après, on nous invite à rejoindre le restaurant où un immense gâteau dédié à la croisière et un festin nous attendent !
On enchaîne avec une première visite du bateau et un repérage des lieux qui vont rythmer notre semaine : salle de concerts, salons d’interviews, club et sound systems. Les fly cases s’empilent et, les scènes se montent, les murs de sons se construisent. Tout se présente bien et il est temps d’aller se préparer pour cette première nuit. C’est l’heure de l’accueil par notre hôte, le Junior Gong, qui monte sur scène pour souhaiter la bienvenue à une assemblée enthousiaste et convaincue : la semaine va être inoubliable.
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Le programme de la soirée est chargée : Max Roméo, I Wayne et Anthony B assurent les prestations live, puis la foule rejoint la « promenade » pour une nuit sound system surchauffée.
Max Roméo ouvre les hostilités à 20h. Il enchaine les classiques (War inna Babylon, One Step Forward…) avec une énergie qui ne laisse imaginer que le chanteur a eu 79 ans cette année. Le backing band est excellent, il impulse une belle énergie sur chaque morceau et le moment d’émotion le plus important correspond à l’interprétation de Chase the Devil, lorsque le chanteur vétéran est rejoint sur scène par sa fille Xana. La relève et la transmission sont assurées.
Les changements de plateaux scène live / Djs sont assurés par Bambino, excellent dans ce rôle, qui annonce I Wayne. Le chanteur jamaïcain monte sur scène résolu à l’enflammer, ce qu’il réussit très bien, aidé par l’interprétation de quelques-uns de ses titres les plus connus (More Life, Don't Worry notamment). La voix d’I Wayne est toujours aussi cristalline, ses harmonies impeccables, on regrettera juste le choix de l’artiste ce soir-là de débuter chaque morceau par des acapellas, parfois un peu longs, qui cassent le rythme de sa prestation.
Nous terminons les prestations live avec Anthony B dont c’est la première participation à la WTJRC. Fidèle à lui-même, le chanteur met le feu avec en enchaînant ses différents succès (Reggae Gone Top, Fire Pon Rome, Good Life…) et en les entrecoupant de reprises de standards comme Imagine de Lennon (avec une réadaptation des paroles : Imagine a world without Facebook, X, smartphone) qui convainquent le public. Anthony B est un showman né, ses bonds et ses mimiques ravissent le public qui connaît la plupart des titres par cœur… La WTJRC décolle littéralement !
Il est minuit, et la soirée débute. Bambino n’a eu se cesse de répéter au public « Nous ne sommes pas là pour dormir, on va faire la fête jusqu’au bout de la nuit ». Et effectivement c’est le cas. Damian Marley viendra s’enjailler sur les coups de 4h du matin avec le public ravi et Tony Matterhorn notamment. Plus qu’une heure ou deux et les plus courageux des spectateurs vont rejoindre le pont pour une session nyabinghi mystique… Mais ça on vous en parle plus tard !